"Still Life", de Jia Zhang Ke, n’a pas pris une ride. Dans ce film, sorti en 2007, des héros aux prises avec leur passé erraient près du barrage des Trois Gorges, à la recherche d’êtres chers dont les maisons avaient été recouvertes par les eaux. Aujourd’hui, alors qu’1,3 million d’habitants ont déjà été déplacés - ou expropriés selon qu’ils ont obtenu ou non une compensation financière - pour construire le plus grand barrage au monde, 300 000 vont encore de voir plier bagages.
Selon une Aujourd’hui le Chine, qui rapporte les dires d’un cadre local, il s’agit de construire une barrière écologique autour du réservoir - large de 2,3 km - pour éviter que la pression urbaine, déjà deux fois supérieure à la moyenne dans la zone, ne pollue les eaux. Il s’agit aussi de prévenir les risques de glissements de terrain.
Mais Peng Yehua, de la China Three Gorges Corporation a déclaré tout le contraire à la BBC : ces déplacements n’ont rien à voir, selon lui, avec ceux qui ont été prévus dans le cadre du projet de barrage ; ils auraient été décidés par la ville de Chongqing et viseraient les habitants des montagnes qui vivent dans des conditions difficiles.
Imaginée par Mao, la construction hautement controversée du barrage a débuté en 1993. Les autorités ont déjà dépensé 5,4 milliards d’euros pour financer les compensations des déplacements forcés, mais la population se plaint de voir lui passer sous le nez l’argent qui lui revient de droit, du fait notamment de la corruption.
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