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18-07-2003
Mots clés
Développement
Afrique

Petite chronique éthiopienne d’une grande pénurie d’eau

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Le gouvernement d'Addis-Abeba utilise parfois la distribution d'eau comme arme contre des populations jugées indociles.
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Des enfants et des femmes, postés au bord de la route, agitent des bouteilles en plastique ou des jerricans. Vides. Les camions passent à vive allure sur la route reliant Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, au port de Djibouti. En tout, mille de ces véhicules empruntent quotidiennement cette voie vitale pour l’Éthiopie. C’est par là que transite la quasi-totalité des échanges du pays avec l’étranger. Pour les éleveurs nomades qui vivent de part et d’autre de ce ruban de poussière et d’asphalte, c’est aussi parfois leur dernier salut. Très touchés par la sécheresse qui sévit depuis l’an dernier, ils dépendent complètement du passage des camions-citernes affrétés par le gouvernement éthiopien pour leur livrer de l’eau. "L’eau, c’est notre principal problème, confie Hadji Samod Barré, un des anciens du village somali d’Endufo. Grâce à l’aide alimentaire, nous avons assez de nourriture, mais l’eau manque. Voilà trois jours que le camion n’est pas venu. Du coup, nous arrêtons les camions des commerçants, qui nous vendent de l’eau à 2,5 birrs (27 centimes d’euros) les vingt litres."

Les camions, qui convoient l’essence de Djibouti à Addis-Abeba, regagnent le port la citerne remplie d’eau, qu’ils vendent aux nomades le long de la route. De ce périple, le précieux liquide conserve parfois un goût d’essence. "Les enfants sont malades, souffrent de diarrhée, mais nous n’avons pas le choix", ajoute le vieil homme. Ce jour-là, les camions gouvernementaux sont bloqués au village de Gadamaytu, suite à un affrontement entre l’armée et les habitants somalis. Les militaires cherchent à contrôler la contrebande, en particulier de vêtements de seconde main et de cigarettes, qui fait vivre nombre de villages de la région. Et pour mater ces populations insoumises, le contrôle de la distribution d’eau s’avère une arme redoutable pour les autorités.

Coton contre cultures vivrières

Outre les convois routiers, la population éthiopienne, à 85 % rurale, reste très dépendante du niveau des pluies. Les éleveurs nomades se déplacent en quête de pâturage et de points d’eau que de brèves averses font surgir au milieu des basses terres arides. Quant aux agriculteurs des hautes terres, ils ne bénéficient de l’irrigation que sur 3 % des terres du pays. Les vagues de sécheresse, de plus en plus fréquentes, aggravent les tensions interethniques. Les Somalis pénètrent ainsi de plus en plus sur le territoire habituel de leurs voisins Afars, notamment pour accéder à la rivière Awash, qui descend des hauts plateaux pour se perdre dans le désert Danakil. "Ici, c’est la ligne de front, explique Hadji SamodBaré. Il n’y a pas de paix. Quand on emmène les animaux boire de l’eau à la rivière, il faut avoir un fusil. Les bergers ne dorment jamais, ils doivent veiller toute la nuit. Il n’y a que la rivière qui nous sépare des Afars. Avant, il y avait des endroits où ni les Afars ni les Somalis n’emmenaient leurs bêtes, maintenant tous y vont. Pour avoir le pâturage, il faut tuer quelqu’un ou bien c’est toi qui meurt." Les accrochages feraient au moins 200 victimes par an.

La rivière Awash n’est pas seulement un objet de convoitise entre éleveurs. Pour irriguer des champs de coton, le gouvernement a dérivé son cours, si bien que les agriculteurs de la région d’Afambo, jadis le grenier du pays Afar, ont dû abandonner leurs champs. "Avant, on n’avait pas de problème car on avait la rivière, explique Mohamed Afayra, ancien du village de Mego. Depuis six cents ans, nous faisions des plantations. C’est nous qui nourrissions la région. Les gens venaient de partout acheter notre maïs. Depuis six ans, on n’a plus rien planté." Comme les nomades, les paysans de Mego comptent désormais pour survivre sur l’aide alimentaire du gouvernement et des ONG. Et surtout ils attendent "sugum", la "petite saison des pluies", qui devrait débuter dans les jours qui viennent.

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