Grenelle : et toi, qu’est-ce que t’en dis ? (4)

L’agriculture en France, on en est où ? En 2005, le secteur compte 657 000 agriculteurs selon l’Insee. Leur nombre s’est divisé par deux et demi en 45 ans, le temps d’une mutation industrielle initiée après la seconde guerre mondiale. Et elle se poursuit. En 2015, on estime que le nombre d’agriculteurs sera tombé à 400 000. Cette révolution agricole du milieu du 20e siècle a développé le modèle d’une agriculture mécanisée, productiviste et industrielle, système qui prédomine aujourd’hui. Mais avec la prise de conscience environnementale, une autre révolution s’engage dans les campagnes françaises : la révolution verte. Seulement, il y a des bouleversements qui vont mollement. Les modèles de production alternatifs à l’agriculture conventionnelle ont du mal à s’implanter. Le Bio par exemple, avec 560 800 hectares de surface agricole utile (11402 exploitations et 2,3 % de la SAU totale en 2005), la France est loin derrière l’Italie, leader européen avec un million d’hectares cultivé AB. Les exploitations qualifiées en agriculture raisonnée (celles qui usent "avec mesure" de la chimie) étaient 2 300 en juin 2007. Sur 540 000 fermes en France, le bio et le raisonné ont donc encore quelques hectares à conquérir.

Agriculture et environnement sont dépendants l’une de l’autre. C’est le postulat de départ du quatrième groupe de travail du Grenelle. Il propose notamment de "faire évoluer les pratiques vers 100 % d’agriculture durable à terme".

Quelques-unes des mesures qui sont sorties de leur réflexion :

 Créer une série de labellisation pour l’agriculture qui irait d’un niveau minimal à un niveau "haute valeur environnementale" (HVE).
 Les produits issus de l’agriculture biologique devront représenter 20 % des menus de la restauration collective d’ici à 2012.
 Objectif de 6 % des surfaces agricoles utiles cultivées en biologique d’ici à 2010, et 20 % en 2020.
 Le groupe de travail a en revanche échoué, à se mettre d’accord sur une redevance sur les engrais chimiques.

L’agriculture, voilà un sujet qui garantit un débat animé. La participation au forum est d’ailleurs une des plus fortes du site de consultation du Grenelle avec 680 contributions. Les partisans du "tout bio" s’opposent aux défenseurs de l’agriculture conventionnelle "seule capable de nourrir 9 milliards d’humains". Et entre les deux, l’agriculture raisonnée essaie de se faire une place. Extraits.

"Aujourd’hui, et plus encore demain, le rôle de l’agriculture est bien de nourrir tous les humains. Sachant que les surfaces agricoles sont limités, il faudra, selon Pierre Klein, utiliser toutes les techniques permettant d’augmenter la productivité : les produits de protection des plantes et les procédés d’amélioration génétique modernes par exemple." Sam, quant-à lui, rappelle qu’un récent rapport de la FAO (organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, ndlr) affirme qu’il serait possible de nourrir toute la planète avec une agriculture mondiale totalement biologique "et donc respectueuse de l’environnement".

Domecolo appelle au transfert des aides de la Pac accordées à l’agriculture productiviste vers l’agriculture biologique. "La consommation de produits biologiques augmente de 10 % par an et nous sommes obligés d’importer la moitié de ces besoins. C’est une perte économique pour la France !"

Pour les partisans du bio, seul ce modèle garantira une agriculture durable, "bien plus en tout cas que l’agriculture raisonnée" selon François Barjon. Cet étudiant en agriculture dénonce l’idéal des modérés qui "s’apparente plutôt à une opération de marketing environnemental visant à reverdir l’image des agriculteurs conventionnels".

Et toi, qu’est-ce que t’en dis ?