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Débauche sans ordonnance

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A la frontière américano-mexicaine, le tourisme prend parfois des formes inattendues. Ses versions médicale et paramédicale connaissent un succès grandissant.
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Ce n’est certes pas aussi pittoresque que les Etats du sud du pays, ni aussi majestueux que la baie d’Acapulco. Mais les Mexicains de la frontière ont trouvé de quoi attirer les Américains, créant une sorte de "Disneyland mexicain pour répondre aux attentes des gringos : souvenirs, artisanat, bars, restaurants, orchestres de mariachis, architecture "typique" ou du moins satisfaisant l’imaginaire des Américains", souligne Isabelle Vagnoux dans son livre Les Etats-Unis et le Mexique. Le petit village de pêcheurs de Puerto Peñasco, aussi appelé Rocky Point, sert ainsi de lieu de villégiature à des cohortes d’Etatsuniens qui débarquent avec leurs caravanes. Ici les plaques américaines sont légions, comme celle de ce grand gaillard et de sa fiancée blonde qui conduit un coupé sport rutilant, sur lequel il a collé un autocollant "Proud to be American" ("Fier d’être américain").

Tequila, sexo, marijuana

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Pour les Américains seulement. Crédit : Louba Nachba.

Au port, le discours est amer. En vingt ans, les pêcheurs ont vu la ville s’agrandir et les prix augmenter de 6% à cause du tourisme. Dans le même temps, leurs salaires ont augmenté de 15%, "nada mas" (pas plus). Dans les villes-frontière, on vient aussi (et surtout) s’encanailler, comme l’a très bien résumé Manu Chao dans sa complainte : "Welcome to Tijuana, tequila, sexo, marijuana." "TJ", comme l’appelle les Américains, donne l’illustration la plus saisissante de ce tourisme frontalier, avec sa bien mal nommée Avenida Revolucion, qui alterne bars à filles et pharmacies bon marché.

Médicaments trois fois moins chers

Car il y a une autre forme de "tourisme", plus surprenante, orientée vers les services médicaux et paramédicaux. Et pour cause, les pharmacies mexicaines délivrent, sans ordonnance, des médicaments plus de trois fois moins chers qu’aux Etats-Unis (où leur prix est le plus élevé au monde, car non négocié avec l’Etat). Des tours-opérateurs se sont ainsi spécialisés dans le transport de personnes, surtout âgées, qui viennent s’approvisionner au Mexique en remèdes contre le diabète, contre l’arthrite, en Prozac ou Viagra, ou se faire poser des couronnes dentaires.

Le Mexique subventionne les US

Mais les dollars dépensés au Mexique reviennent de manière indirecte de l’autre côté, puisque ce sont les Américains qui contrôlent la majeure partie du tourisme frontalier. Ou même parfois directement, lorsqu’ils servent à financer les weekends shopping des Mexicains dans les centres commerciaux américains. Au sud, on aime les produits fabriqués en Asie - nettement moins taxés - les parcs de loisirs, et même Disneyland pour ceux qui en ont les moyens. Pour le diplomate américain Timothy C. Brown, cité par Isabelle Vagnoux, "contrairement aux idées reçues, c’est le client mexicain qui subventionne le contribuable américain, pas l’inverse".

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