A l’université d’été de La Rochelle, Ségolène Royal a affirmé que "le responsable du programme des Nations Unies pour le Développement" lui a demandé "et j’en suis très honorée, d’être la représentante mondiale au niveau des Nations unies pour la coopération décentralisée sur les énergies renouvelables". Avant de préciser : "C’est à ce titre que le 21 septembre, je serai à l’ONU pour représenter ces régions du monde pour la préparation du Sommet de Copenhague." L’ex-candidate à la présidentielle semble très attachée à une organisation internationale qui lui rend bien mal.
Retour sur un mic-mac révélé par "Terra eco" dès la fin juin.
"Ségolène Royal vient d’être désignée « ambassadrice » contre le réchauffement climatique par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD)", annonçait le 18 juin Le Parisien-Aujourd’hui en France. Une information "confirmée" dans un communiqué par le cabinet de la présidente de la région Poitou-Charentes, indiquait dans la journée l’agence Associated Press, dont la dépêche a été reprise telle quelle par de nombreux sites d’information.Mais à bien lire le message du cabinet, le mot "ambassadrice" n’apparaît pas. Modeste la communication de la médiatique ex-candidate à la présidentielle ? Maligne, surtout. Car, comme l’indique l’organisation onusienne le lendemain dans un communiqué pour "clarifier sa relation avec Mme Royal", elle "n’a pas été désignée « ambassadrice du PNUD »". La rectification ne semble pas avoir filtré. Ce n’est pas la principale intéressée qui va s’en plaindre.
"Les ambassadeurs ne peuvent pas être des politiques, pour la raison évidente que nous sommes une organisation multilatérale et intergouvernementale, résume Adam Rogers, conseiller en communications stratégiques au bureau de Genève. Le Pnud a d’ailleurs choisi de concentrer la plupart de ses "ambassadeurs de bonne volonté" dans le sport." Une mission remplie notamment par les footballeurs Zinedine Zidane, Ronaldo, Didier Drogba et la tenniswoman Maria Sharapova. Leur rôle est d’utiliser leur notoriété pour attirer l’attention sur certaines causes, comme les bombes à sous-munition pour Didier Drogba.
Et Ségolène Royal dans tout ça ? Selon son cabinet, elle a été sollicitée "en tant que présidente d’une Région ayant été citée comme exemplaire dans la coopération menée avec une région du Sénégal dans le domaine de l’énergie solaire et du micro-crédit." Une "relation similaire avec celle que nous avons avec la Bretagne et la région Rhône-Alpes. Nous sommes d’ailleurs en train de signer des accords analogues avec le Nord-Pas-de-Calais, la région Midi-Pyrénées et l’Ile-de-France", précise Adam Rogers. Le rôle est bien différent de celui d’ambassadeur : il s’agit de "renforcer la coopération et l’échange d’idées entre différentes régions du monde", explique-t-il.
PRÉCISIONS :
Ségolène Royal a-t-elle été nommée "ambassadrice du Pnud" ?
Non. Ni le courrier que lui a adressé le Pnud, ni le communiqué envoyé à la presse par son cabinet n’utilisent ce terme d’ambassadrice. Le Pnud a d’ailleurs démenti cette information dans un communiqué dès le 19 juin. Démenti passé quasi inaperçu, sauf sur Terra eco, puisque nous l’avons relayé le 25 juin, alors que notre journaliste cherchait à savoir auprès du l’organisme onusien ce que pouvait recouvrir une mission d’ambassadeur du Pnud. Notons qu’à l’époque, le cabinet de Ségolène Royal n’a pas adressé de rectificatif à la presse pour réfuter formellement cette soit-disant nomination.
Alors, d’où vient cet abus de langage ? Des journalistes. Et précisément de l’agence Associated Press (AP), dont la dépêche, qui utilise le terme « ambassadrice », a été reprise telle quelle par Le Parisien le 18 juin, puis par toute la presse, ou presque, comme nous l’avions indiqué dans notre premier article sur le sujet.
Ségolène s’est-elle vue confier une mission par Le Pnud ?
Là, ça se complique. Disons que le Pnud a sollicité son engagement, à travers un courrier type que l’organisme a adressé à de nombreux présidents de région. Interrogée à par l’AFP à Genève, Mme Molinier, directrice du Pnud précise : : "Une lettre a été écrite à Mme Royal comme à plusieurs responsables de régions. Je n’appelle pas cela une mission. Je n’utiliserais pas ce terme. (...). Le PNUD la remerciait de son engagement (...) Il n’y avait pas d’exclusivité accordée à Mme Royal". Les courriers échangés entre le Ségolène Royal et le Pnud, les 20 avril et 10 juillet 2009, parlent « d’ engagement » et de « coopération », mais pas de « mission ».
Hier, à Poitiers, la présidente de Poitou-Charentes a pourtant de nouveau déclaré à l’AFP : "Je ne me suis jamais prétendue ambassadrice de quoi que ce soit. Je n’ai rien demandé. J’ai été chargée d’une mission". Une mission de « représentation des régions du monde et de la coopération décentralisée » avait elle pércisé à La Rochelle quelques jours plus tôt.
Pas exactement répond Christophe Nuttall, directeur de la plateforme des partenariats innovants du Pnud, joint hier par Rue 89. « Elle est saisie d’une mission de faire valoir le rôle des régions dans la mise en œuvre des changements climatiques, au même titre qu’on l’a fait avec les dix/quinze régions avec lesquelles nous travaillons. »
Conclusion ?
Si ses contours ne sont pas très clairs, il y a donc bien une mission qui a été confiée à Ségolène Royal. L’intéressée n’a donc pas menti, comme l’en accuse l’UMP par la voix de Frédéric Lefebvre. Bref, Ségolène Royal ne rêve peut-être pas du statut "d’ambassadrice", mais toujours est-il qu’on sent bien que la publicité autour de cette « mission » agace voire embarrasse le Pnud. Et c’est bien Mme Royal la première qui a remis le sujet sur table en évoquant cette « mission » lors des Université d’été du PS à La Rochelle.
Pour ceux qui en douteraient, nous tenons a rappeler ici que Terra eco est bien un média indépendant, et que nous n’avons aucune raison de donner dans « l’anti-Ségolénisme ». Nous suivons simplement de près les faits et gestes de l’ex-candidate à l’élection présidentielle qui se demande aujourd’hui si elle ne serait pas « la meilleure candidate écologiste ». Rassurez-vous, nous faisons de même avec les les autres personnalités, mouvements ou partis politiques, à commencer par Nicolas Sarkozy. Lire à ce sujet notre série sur les paroles et les actes du Président de la République en matière de développement durable.
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