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25-05-2009

Yannick Jadot (Europe Ecologie) : "L’Europe doit être exemplaire"

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Yannick Jadot (Europe Ecologie) : "L'Europe doit être exemplaire"
 
Yannick Jadot, tête de liste Ouest d'Europe Ecologie pour les élections européennes du 7 juin prochain.
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Biographie express : l’homme est tout droit sorti du champ activiste. Après plusieurs années passées au Burkina Faso et au Bangladesh, il rejoint l’organisation Greenpeace en 2002, dont il dirige les campagnes France pendant 7 ans. Il est aussi l’un des fondateurs de l’Alliance pour la planète, un grand rassemblement d’organisations écologistes.

Terra eco : A quelques mois du sommet de Copenhague, quel rôle doit, à votre avis, jouer l’Europe dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Quels objectifs s’est fixé votre parti ?

Yannick Jadot : Le rôle de l’Europe doit être un rôle de leadership aux côtés des Etats-Unis. Obama est en train de démontrer que les difficultés sont surmontables. Il est par exemple en train d’imposer un régime contraignant pour les automobiles. De notre côté, il faut des objectifs ambitieux. Nous, nous demandons des émissions de gaz à effet de serre réduites de 30% d’ici à 2020[le paquet "énergie-climat" adopté par l’UE en décembre 2008 ne vise que 20%] et de 80 voire 90% d’ici à 2050. L’Europe doit être exemplaire sur deux aspects. Elle doit imposer un contrat de convention écologique qui obligera les constructeurs automobiles à se plier à des normes plus strictes que les 130 g de CO2/km prévus par le paquet "énergie-climat". Deuxièmement, l’Europe doit devenir une communauté européenne des énergies avec une meilleure efficacité énergétique et un plus grand recours aux énergies renouvelables. Si avec ces deux aspects, l’Europe parvient à être exemplaire, alors elle pourra engager des négociations avec les pays du Sud afin d’organiser un transfert des technologies sobres et aider ces pays à économiser leur énergie et à réduire leurs émissions.

Quelles sont à votre avis les priorités en matière de transports, un des secteurs qui émet le plus de gaz à effet de serre et dans lequel les projets de manquent pas (TGV européen, ferroutage, autoroutes de la mer) ?

Tous ces objectifs sont de bons objectifs. Mais le point important c’est d’adopter une politique commune sur les transports. Afin de mettre en place des infrastructures de transports sobres, doux, de financer le ferroviaire fret et passager, d’imposer une écotaxe, de travailler sur le cabotage... Et aussi d’instaurer un contrat de convention économique pour une industrie automobile plus propre et plus durable. Aujourd’hui dans le plan de relance européen ou même français, l’accent est toujours mis sur le tout routier et les projets aéroportuaires. Pas sur le ferroviaire. Certes, ce n’est pas à l’Europe de payer la construction d’une nouvelle gare dans une ville, mais elle doit définir les moyens et offrir un cadre pour le développement des infrastructures. Pour y parvenir, nous proposons que la BCE lève 1 000 milliards d’eurobligations et qu’on introduise une contribution climat énergie.

Défendez-vous la mise en place de nouvelles taxes au niveau européen pour soutenir un développement plus durable (taxe carbone, TVA réduite sur les produits verts...) ?

Nicolas Sarkozy a détourné la taxe carbone. Il en a fait un instrument de menace vis-à-vis des autres pays. Ça pourrait fonctionner si l’Europe était la seule à faire des efforts en matière de climat. Dans ce cas-là, ce serait normal de taxer les produits à leur entrée dans l’UE. Mais aujourd’hui, l’Europe n’est pas assez exemplaire. Nous, nous sommes plutôt favorable à une taxe interne sur la consommation d’énergies fossiles et non renouvelables (nucléaire y compris) dont le produit sera reversé pour soutenir les projets d’énergie propre tandis que l’impact de cette taxe sera compensé pour les ménages et les entreprises vulnérables. C’est notre contribution climat-énergie. Nous pensons aussi qu’il s’agit de faire de l’Europe la première zone Tobin [une zone régie par une taxe sur les transactions financières] pour financer une partie du bouclier social et de la solidarité vis-à-vis du Sud.

Comment doivent évoluer les rapports Nord/Sud et quelle doit être la politique d’immigration de l’Europe ?

Nous considérons qu’il n’y a pas de contradiction entre aider les pays du Sud et assurer notre propre développement. Le premier enjeu pour l’Europe c’est de passer à une agriculture paysanne et à une pêche soutenables ou encore à la sobriété économique... Des transformations qui pourraient créer 10 millions d’emplois en France en cinq ans. Ça nous permettrait aussi de réduire notre impact sur l’environnement et de consommer des produits de meilleure qualité. C’est tout bénef pour nous. Et aussi pour les pays du Sud. Car nous arrêterons ainsi de piller leurs ressources en uranium, en bois, en poissons, etc. Nous limiterons aussi l’impact de nos émissions de gaz à effet de serre sur leurs capacités de développement. Il faudrait aussi tenir enfin nos engagements sur l’aide au développement. Que nous consacrions bien 0,7% de notre RNB [Revenu national brut :l’engagement a été pris dans le cadre des Nations Unies par les pays développés en 1970] sur les secteurs prioritaires comme l’éducation, la santé, l’agriculture vivrière, le soutien à la démocratie... Nous devons participer au développement des pays du Sud à travers des technologies non brevetées dans le domaine de la santé et de l’énergie. Par ailleurs, nous sommes pour l’application stricte d’une convention internationale sur les droits des migrants et les droits d’asile. Nous voulons que toute personne qui réside depuis cinq ans sur le territoire, ait le droit de vote aux élections européennes et locales. En clair, il faut aider les gens à se développer chez eux et bien les accueillir quand ils viennent.

La crise que nous traversons a montré l’importance d’une politique économique concertée. L’UE doit-elle réguler davantage les systèmes financiers ? Comment peut-elle y parvenir ?

Il n’y a pas de plan de relance concerté en Europe. Il n’y a qu’une addition de plans nationaux qui confortent les problèmes de la crise. Ceux-là se contentent de verser de l’argent à ceux qui ont fait le moins d’effort : les banques et les groupes industriels. L’issue de la crise passe par une coordination européenne et par l’écologie : la conversion vers une agriculture soutenable, une pêche soutenable... Enfin, elle passe aussi par un bouclier social : un revenu minimum et maximum pour tous, des contrats de conversion... Il faut qu’à l’échelle européenne, les politiques industrielles, agricoles ou de la pêche s’orientent vers le futur comme le fait aujourd’hui l’administration Obama. C’est la seule alternative aux plans nationaux qui ne font que pérenniser la crise.

Quel est le point fort de votre parti à ces élections ?

Certains partis essayent de refaire le vote de 2005. D’autres font un tour de chauffe avant 2012. Nous, nous pensons que c’est un moment historique. La crise et grave. Il faut changer la situation écologique et sociale d’ici à 2012. Nous sommes le seul mouvement politique à faire campagne sur les enjeux européens parce que nous pensons qu’ils sont primordiaux.

Les principaux points du programme d’Europe Ecologie en matière de développement durable :

- Contrats de conversion écologiques et création de 10 millions d’emplois verts
- Mise en place d’une contribution climat-énergie (taxe sur l’utilisation des énergies fossiles et non renouvelables)
- Droit à la citoyenneté européenne : droit de vote aux élections locales après cinq ans passés sur le territoire
- Revenu minimum d’existence supérieur à 60% du revenu médian de chaque pays et revenu maximum acceptable (30 fois le revenu médian)
- Chèques éco-énergie pour encourager l’achat d’appareils économes en énergie, l’isolation des bâtiments...
- Augmentation du budget communautaire de 0,87% à 2% du PIB européen grâce à la création d’un impôt européen.
- Réduction de 30% des GES en 2020, de 90% en 2050

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