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8-07-2007
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La fin du consensus de Washington ?

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Les grande institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale,...) sont à l'origine d'une discipline économique que l'on appelle consensus de Washington. Et qui fit des ravages dans de nombreux pays.
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En 1989, l’économiste américain John Williamson proposa une liste de mesures économiques destinés aux pays sous-développés, pour qu’ils renouent avec la croissance. Ces mesures d’orthodoxie économique firent consensus au sein des institutions internationales (FMI, Banque mondiale, etc.). Ainsi, naquit le plus grand programme de destruction économique du XXe siècle, que l’on baptisa « Consensus de Washington ».

Laboratoire sud-américain

La décennie des années 80 fut marquée par une profonde crise économique, notamment dans les pays d’Amérique latine. Hyperinflation, dette extérieure colossale et chômage en furent les maîtres-mots. Ce fut une occasion rêvée pour les tenants du néolibéralisme - soutenus par le président américain Reagan - d’expérimenter leurs théories économiques au sein du grand laboratoire qu’est l’Amérique latine. Mexique, Argentine, Brésil : tous ont connu leur lot de recommandations prodiguées par le FMI et la Banque mondiale. Au menu, discipline budgétaire, suppression des subventions, orthodoxie monétaire, dévaluation, libéralisation des échanges commerciaux, libéralisation des mouvements de capitaux, privatisation, dérèglementation, réforme fiscale, renforcement du droit de propriété. On nomma cela pudiquement un "plan d’ajustement structurel" (PAS).

Réussite économique, échec humain

La pression des institutions fut si forte que ces pays acceptèrent de prendre des mesures drastiques pour respecter les recommandations du PAS. Ils pratiquèrent des coupes claires dans les dépenses publiques (éducation, santé, logement, aide sociale), éliminèrent les subventions aux produits de première nécessité et abolirent le contrôle des prix, après avoir gelé les salaires. Ceci s’accompagna effectivement d’une réussite économique (de courte durée). En Argentine, par exemple, l’inflation chuta à un niveau proche de 0 % sous la présidence de Menem, alors qu’elle avoisinait les 1 000 % auparavant ! Le président fut d’ailleurs vivement félicité par le Directeur général du FMI, Michel Camdessus.

Mais cette orthodoxie fut obtenue au mépris de la population : la pauvreté atteignit des sommets dans les années 90 (60 % de la population !), le chômage dépassa les 30 % de la population active, les privatisations privèrent d’eau et d’électricité de nombreux foyers. A cela il fallut ajouter la corruption à l’échelle nationale en Argentine. L’ancien ministre de l’Intérieur José Luis Manzano disait lui-même : « je vole pour la couronne » ! Depuis, la situation en Argentine a connu un parcours chaotique, pour finir en décidant unilatéralement d’un moratoire sur le paiement de sa dette extérieure. Un échec cuisant pour le consensus de Washington.

Une prise de conscience

De nombreux économistes ont sévèrement critiqué l’idéologie du consensus de Washington ces dernières années. Le prix Nobel d’économie, et vice-président de la Banque mondiale, Joseph Stiglitz, démissionna avec fracas de son poste en 2000. Cela dans le but de dénoncer les politiques prônées par le Fonds monétaire international : « La libéralisation a été programmée par les pays occidentaux pour les pays occidentaux », écrivait-il dans son livre La grande désillusion. Il expliquait que la croissance tant recherchée n’était pas corrélée avec le respect de l’orthodoxie économique. A preuve, le Chili, a connu une croissance extraordinaire, tout en maintenant des déficits budgétaires. Il pratique encore largement le protectionnisme.

D’autre part, la croissance que l’on a découvert durant ces 20 dernières années a été qualifiée de « croissance sans emploi ». En effet, le Bureau International du Travail (BIT), estime le taux de chômage mondial à 6 % malgré la croissance élevée : Chine (10 %), Inde (8 %), Amérique latine (5,5 %), Afrique (6 %),… De plus, les inégalités n’ont pas cessé de croître avec les PAS : même l’économiste en chef de la Banque mondiale, François Bourguignon, a admis que les inégalités se sont accrues et que la pauvreté fait de la résistance. Alors à quoi bon avoir une économie parfaite du point de vue théorique, si les conditions de vie humaine se dégradent ?

Conclusion : l’économie ne peut pas être dissociée de la politique. Pour que l’économie d’un pays aille mieux, il faut d’abord développer une démocratie réelle et pérenne. C’est alors seulement qu’une population pourra s’en remettre à un Etat qui interviendra si nécessaire afin de garantir la justice sociale.

Sources de cet article

La grande désillusion, Joseph Stiglitz

Le site de la Banque mondiale

Le site du FMI

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Enseignant en économie-droit en BTS

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