« Ma stratégie économique, c’est de libérer les forces de travail en France pour créer ce point de croissance qui nous permettra de résoudre les questions de déficit », dixit Nicolas Sarkozy / « Le taux de croissance économique du Maroc, qui s’établi à 4 %, demeure insuffisant », dixit un expert de la Banque Mondiale / « La chine a connu une croissance exceptionnelle en 2006 ! », dixit un économiste de l’OCDE.
On voit ces dernières années fleurir de plus en plus de déclarations de ce type qui nous font penser que la croissance doit être la solution à tous nos maux. Mais si la variable d’ajustement n’était pas la croissance, mais le contenu de celle-ci…
Croissance quand tu nous tiens !
Commençons par un bref rappel de ce qu’est la croissance : de manière simple, il s’agit de l’augmentation d’une année sur l’autre de la richesse produite dans un pays. C’est donc la somme des productions de biens et services marchands, mais aussi non marchands. Dans un rapport de conjoncture semestriel présenté le 24 mai dernier, l’OCDE (les 30 principaux pays développés de la planète) table sur une croissance de 2,7 % contre 2,5 % lors de la précédente estimation datant de fin novembre 2006. Ceci est à mettre en regard de la croissance chinoise (10 %) et de la croissance indienne (8 %). Mais lorsqu’on présente ces chiffres, on « omet » de dire que les services (marchands ou non) sont source de richesse au même titre que la production de voitures, de téléviseurs…
Un futur aux services de tous
Que trouve-t-on dans les services ? La culture, l’éducation, l’aide aux personnes âgées… Nul besoin d’être un expert pour comprendre que ce sont ces services qu’il nous faudra développer dans le futur : ils sont en effet soit quasi-inexistants ou balbutiants (la prise en charge de la maladie d’Alzheimer n’en est qu’à ses débuts au vu du nombre de malade potentiel…), soit mal répartis sur le territoire (la culture en est souvent un exemple criant). Développer ces activités offrira ce que les économistes appellent des « externalités positives », c’est-à-dire des avantages pour toute la société que l’on ne pourrait pas obtenir par la seule logique du marché. Ainsi, par exemple, lorsqu’on éduque la conscience écologique des personnes dès leur plus jeune âge, on peut penser qu’on s’acheminera vers une société où les citoyens intègreront mieux (et plus) les gestes simples qui sauveront la planète. De même, cette logique créera très certainement de l’emploi stable et intéressant dans le secteur des énergies renouvelables notamment.
Un problème de soutenabilité écologique
Poirquoi changer au plus vite le contenu de notre croissance ? Comme l’a rappelé le rapport Stern, publié en Grande-Bretagne en 2006, si l’on ne fait rien, nous perdrons plus que si nous faisons quelque chose. Ce rythme de production mondiale est insoutenable pour la planète. Les ressources sont limitées alors que les besoins en biens matériels ne cessent de croître. Comment vivre dans 50 ans sans pétrole, si on ne cherche pas de solution aujourd’hui ? Une des pistes d’avenir est d’orienter la production vers les services et moins vers les biens matériels. Quant à ces derniers, il est nécessaire d’imaginer d’autres manières de les produire. Autant dire une grande révolution philosophique au sein de nos sociétés trop habituées à produire des biens suivant un modèle unique, et à consommer en masse depuis les années 70.
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