Comment devient-on écoartisan ?
Mon père était artisan dans la restauration traditionnelle. Il utilisait de la terre cuite et de la chaux, alors que les autres avaient glissé vers le parpaing et le béton. Je pense que ça vient de là. J’ai fait un CAP et un BEP. J’ai travaillé les matériaux conventionnels puis, petit à petit – parce que j’ai eu envie d’être cohérent avec le local et la nature – j’ai transféré les gestes que j’avais appris sur les nouveaux matériaux. Depuis quinze ans, j’ai retiré tous les matériaux conventionnels.
Quels matériaux utilisez-vous ?
En restauration, mon matériau de prédilection est l’enduit à base de chaux et de chanvre. C’est un produit malléable et très esthétique. J’utilise des laines de chanvre, de bois et de lin pour l’isolation. J’aime aussi la pierre et la terre. Le chanvre, je l’achète bio, à dix kilomètres. La chaux que j’utilise est fabriquée en Dordogne et la terre, en Vendée. Ces activités locales créent des emplois et ont des retombées économiques sur les villages. En revanche, la laine de verre et le Placoplatre, je les ai bannis !
Les clients sont-ils au rendez-vous ?
Je fais tout ce qui est maçonnerie, travaux intérieurs – comme les cloisonnements et les isolations –, mais aussi toutes les finitions (carrelage, enduits et peintures). Cette polyvalence est un atout. Je n’ai aucun souci pour trouver des clients. J’ai toujours un an de travail d’avance alors que je ne suis ni dans les pages jaunes, ni dans les pages blanches ! Les clients sont bien plus nombreux que ce que les professionnels peuvent offrir et, malheureusement, ils doivent souvent retourner au conventionnel faute d’avoir trouvé le bon artisan.
Votre métier est en pleine évolution…
Il y a quinze ans, j’étais un marginal. Aujourd’hui, on parle d’écomatériaux dans les revues, les salons… Quand je vais chez mes grossistes, on ne me rigole plus au nez. La qualité de ces matériaux n’est plus remise en question. Avant, on disait : « Tu ne sais rien faire, fais maçon ». Ce n’est plus le cas. Il faut une tête qui marche bien, car le métier est devenu très technique.
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