Revirement sur le nucléaire :
Ce mardi 13 janvier, la ministre de l’Ecologie a mis les pieds dans le plat : « Il faut programmer la construction d’une nouvelle génération de réacteurs, qui prendront la place des anciennes centrales lorsque celles-ci ne pourront plus être rénovées », a-t-elle déclaré à l’Usine nouvelle.
Réactions courroucées des écologistes : « La loi de la transition énergétique telle qu’elle est en discussion aujourd’hui impose d’ici à 2025 la fermeture de vingt réacteurs », s’est agacée Emmanuelle Cosse, la patronne d’Europe Ecologie – Les Verts. Faux, selon Ségolène Royal, dont le ministère s’est fendu d’un communiqué pour se justifier : « Les propos tenus sont conformes à la loi de transition énergétique » qui prévoit un passage du nucléaire de 75% à 50% du mix électrique. Car les réacteurs vieillissent. Il faudra donc, pour maintenir la présence de l’atome, remplacer certains réacteurs qui « ne pourront plus être prolongés ».
EDF ne dit pas autre chose. Si l’entreprise s’avoue « confiante » sur l’obtention du droit de prolonger la durée de vie des centrales françaises à cinquante ans voire soixante (elles sont aujourd’hui en moyenne âgée de vingt-neuf ans), elle estime qu’il faudra construire de nouvelles centrales pour prendre le relai à l’horizon 2050-2055. Des chantiers qu’il faudra amorcer bien avant l’échéance. Car, « entre le lancement d’une centrale et sa connexion au réseau, huit à dix ans s’écoulent », estimait, en avril 2014, Bernard Bigo, l’administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique.
Mais l’effet relance de la filière ne plaît pas aux opposants. D’autant que c’est « la première fois, depuis le retour de la gauche au pouvoir en mai 2012, qu’un membre du gouvernement est aussi explicite sur l’avenir du nucléaire », assure Le Monde. Enfin, si les antinucléaires grincent des dents, c’est aussi que la ministre a, entre 2011 et aujourd’hui, changé de position. Lors de la primaire socialiste, elle avait en effet déclaré à France Inter vouloir faire du nucléaire « une énergie d’appoint ». Et d’assurer alors qu’on pouvait « viser une échéance à quarante années pour sortir du nucléaire, c’est-à-dire peut-être garder une ou deux centrales très contrôlées qui serviront d’appui en cas de coup dur pour la production d’énergie ». Elle promettait même d’abandonner la construction du réacteur EPR à Flamanville pour en faire un site de recherche sur les techniques de démantèlement et les énergies renouvelables.
Pataquès sur les prix à la SNCF :
Le 4 janvier, Ségolène Royal, invitée du Grand Jury (RTL/LCI/Le Figaro), s’insurge. Motif ? Une hausse des tarifs de la SNCF qui atteint 2,6% dans certains cas, soit un taux bien supérieur à l’inflation qui plafonne à 0,3%. Pour elle, cette augmentation fixée au 1er janvier est « un très mauvais signal » puisque « la SNCF doit rester un outil de transport de masse ». Le souci, c’est que la ministre n’a que peu d’autorité dans ce domaine. Depuis un décret de juillet 2011, la compagnie ferroviaire peut librement fixer les tarifs des billets TGV, des premières classes, des liaisons internationales, des tarifs promotionnels et des réservations. Et pour les billets de TER ? Depuis le 1er janvier 2015 – date de la mise en application de la loi sur la réforme ferroviaire – , ce sont les régions – et non l’Etat – qui sont censées avoir le dernier mot. Ségolène Royal peut encore récupérer de la marge de manœuvre, souligne néanmoins le site d’Europe 1 le 5 janvier : « D’une part, le décret pour promulguer la réforme ferroviaire censée donner le pouvoir aux régions en matière de TER n’a toujours pas été signé. D’autre part, le décret de 2011 qui fixe les autres tarifs peut, si Ségolène Royal le demande, être réécrit. »
Reste une ultime étrangeté. Le 27 décembre – alors que l’Etat avait encore la main sur les tarifs de TER – le ministère avait soutenu la hausse dans un communiqué : « la SNCF va ainsi pouvoir poursuivre ses investissements en termes de maintenance, sa priorité, ainsi que ses investissements sur le matériel, les systèmes d’information et la relation clients ». Pourquoi la ministre a-t-elle changé d’avis ? Mystère. A moins que la colère des usagers à l’annonce de la hausse spectaculaire des tarifs y soit pour quelque chose.
Solitude sur la gratuité autoroutière :
Mardi 14 octobre 2014, sur RTL, Ségolène Royal propose une baisse de 10% des tarifs autoroutiers et « une gratuité, par exemple, le week-end ». Objectif ? Récupérer un peu de deniers après le retrait de l’écotaxe. « Tout ça est à discuter », tempère-t-elle néanmoins. Une nuance trop faible pour Matignon, qui repousse fermement l’idée quelques heures plus tard. Au terme d’une réunion avec les sociétés d’autoroute, le Premier ministre Manuel Valls indique que la gratuité des autoroutes le week-end serait « difficilement envisageable ». Sur Europe 1, Olivier Faure, porte-parole de Solférino, estime pour sa part, que « la gratuité des autoroutes va à l’encontre de la transition énergétique ». Mais « Ségolène Royal a eu raison de mettre sur la table le sujet de la rente des autoroutiers », conclut-il en guise de lot de consolation.
Exagération sur les feux de cheminée :
Là, ce n’est pas avec Matignon que la tension monte. Mais avec le préfet d’Ile de France. Le 16 décembre, sur l’antenne de BFM TV, Ségolène Royal se félicite : elle a « rétabli la liberté » pour les Franciliens de faire du feu dans leur cheminée. L’interdiction – fixée au 1er janvier 2015 – figurait dans un plan de protection de l’atmosphère pour l’Ile-de-France, traduit par un arrêté préfectoral en date du 25 mars 2013 (voir article 30). Une décision prise en accord avec les experts et notamment conforme à une étude d’Airparif de 2011 sur l’origine des particules fines en Ile-de-France. En situation éloignée du trafic, 68% de la pollution aux particules très fines (PM2,5) – les plus nocives – viendrait des autres régions. Pour les 32% restants, AirParif distinguent deux sources principales de pollution : le trafic routier et le chauffage au bois – qui « constitue un quart de la contribution de l’agglomération parisienne » (hors pollution importée d’ailleurs). Certes, on est loin des chiffres « complètement faux » soi-disant véhiculés par AirParif et dénoncés par la ministre qui attribueraient « aux feux de cheminée la pollution majeure sur l’Ile de France ». Mais leur contribution n’est malgré tout pas négligeable. Surtout, le recul de l’interdiction pose « une question de communication et de pédagogie », selon Karine Léger, adjointe au directeur d’AirParif interrogée par L’Express.
Veto désavoué sur l’annulation d’un projet d’autoroute :
1er août 2014. En plein cœur de l’été, Ségolène Royal oppose son veto sur le dossier de l’autoroute A831 qui doit traverser le marais poitevin. Appelé à la rescousse par les élus locaux, Manuel Valls tranche… en leur faveur : il assure n’avoir « pas d’objection » au lancement de la procédure de consultation « afin de connaître le coût de cet ouvrage ». Le sort de ce chantier devrait être scellé en juillet prochain.
Amnésie sur l’écotaxe :
Invitée le octobre au Grand Journal de Canal +, la ministre achève d’enterrer l’écotaxe imaginée par le grenelle de l’Environnement et abandonnée en 2013 après la fronde des bonnets rouges : « Le système était absurde. Cette taxe n’avait rien d’écologique. » Le souci, c’est qu’elle l’a longtemps soutenue. Dans son programme de 2007, elle annonçait par exemple la mise en place d’une « éco-redevance pour décourager le transport par camion et transférer le fret vers le rail, comme dans d’autres pays européens. » En 2010, son site Désirs d’avenir publiait un communiqué déplorant les retards pris dans la mise en place de ce système. Retiré du site, un extrait du texte est néanmoins publié par Le Monde dans un article d’octobre 2014 : « Cette taxe devait s’appliquer aux 800 000 camions de plus de 3,5 tonnes qui circulent chaque année en France. Cela représente un manque à gagner de 1,25 milliard d’euros de recettes fiscales. » Jamais deux sans trois. En 2011, Ségolène Royal martelait encore son soutien à la mesure dans un entretien accordé à Greenpeace et là encore publié par Le Monde.
Ironie mal placée sur Notre-Dame-des-Landes :
Le 23 décembre, sur le plateau de C À Vous, sur France 5, Ségolène Royal souhaite « Bon courage » au Premier ministre embourbé dans le dossier Notre-Dame-des-Landes. Réponse sèche de l’intéressé qui indique : « Je mène fermement la barque du gouvernement », rapporte Le Canard enchaîné. « Ségolène joue une partition un peu solitaire, qui va finir par lui poser des problèmes », aurait-il confié à ses proches. « Il y a la loi et des processus juridiques qui s’appliquent à tout le monde. Et parce qu’il y a un moment où ces réalités finissent par s’imposer à tous (…) y compris à la ministre de l’Ecologie ; on ne peut pas, sans arrêt, les remettre en question », aurait-il poursuivi, selon le journal satirique.
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