Si d’aventure le dessin d’un moule à gâteau, d’une tente ou d’une tondeuse à gazon apparaissait soudain sur la boîte à lettres de votre voisin, ne songez pas tout de suite à crier à l’hurluberlu. Pas la peine non plus de dénoncer l’affreux graffeur à votre concierge. Peut-être que votre voisin tente simplement d’aider son prochain, en l’occurrence… vous ! Depuis deux ans, les logos conçus par un petit collectif de designers suisses essaiment dans les rues des villes. Figurant des objets en tout genre, ils désignent les outils, jeux ou plats que votre voisin propose de vous prêter gratuitement.
Le nom du projet ? « Pumpipumpe » : du suisse allemand « pompe à vélo » (« pumpi ») et « emprunter » (« pumpe »). « On a d’abord voulu lancer cette idée dans la rue de notre atelier, ici à Berne, explique Sabine Hirsig, l’une des 3 cofondatrices du projet. Et très vite, les gens se sont emballés. On a reçu des commandes d’un peu partout. » De Suisse, d’Allemagne, d’Autriche, de France mais aussi du Québec et de New York. Souvent, ceux qui commandent les petites pastilles pour afficher leur générosité sont « des gens qui travaillent déjà dans un domaine proche de ces préoccupations, qui sont déjà engagés dans leur quotidien », précise l’illustratrice.
Une image pour le quartier
Des commandes il y en a. Mais les gens viennent-ils chez les autres emprunter jumelles, raquettes de ping-pong ou four à raclette ? Impossible à savoir. « Nous n’avons pas vraiment de retour positif de gens qui pratiquent le prêt de manière très régulière grâce à nos autocollants. Je ne sais pas s’ils vont vraiment sonner cher leur voisin. Mais c’est une invitation à le faire », explique Sabine Hirsig. Avant d’ajouter : « Ces gens-là sont ouverts au partage. »Aujourd’hui gratuit pour l’Allemagne et la Suisse, légèrement payant – pour couvrir les frais d’envoi – ailleurs (4 euros), le projet lancé à l’origine grâce au crowdfunding cherche des financements pour continuer. « Il faut que les autocollants soient gratuits pour qu’ils puissent se répandre le plus localement possible », poursuit l’illustratrice. Et élargir la portée à d’autres choses ? « Des gens nous suggèrent des logos montrant qu’ils peuvent offrir leur service pour déménager, qu’ils sont prêts à donner de leur temps… Pour le moment, on préfère rester dans la gamme des objets. Si les gens sont prêts à rendre service, il faut que ça se passe dans la relation entre voisins, dans les rencontres dans les escaliers », souligne la cofondatrice. Qui ajoute : « Les gens ouvrent leurs armoires, leur placard. Il y a une envie de partager. C’est impressionnant. »
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