Comme le suggère Frédéric Lenoir dans son livre « La guérison du monde », la crise que nous traversons est multiforme et systémique : environnementale, économico-financière, politique, sociale et spirituelle.

• Environnementale  : la croissance démographique couplée aux habitudes de consommation occidentales en cours d’adoption par les pays émergents impose une pression insoutenable sur les ressources naturelles et les experts à travers le monde s’accordent à dire que notre modèle n’est pas viable, même à court terme. Le réchauffement climatique n’est plus un "fantasme" et à cet égard le dernier rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est particulièrement alarmant.

• Économico-financière : la crise de 2008 et, plus récemment, la catastrophe financière grecque qui a secoué toute l’Europe ne représentent que la partie visible de l’iceberg. L’accroissement des inégalités entre les riches et les pauvres est encore plus inquiétant. Par exemple, les 50 personnes les plus riches dans le monde ont des revenus annuels plus élevés que l’ensemble des 416 millions les plus pauvres et 16% des Américains (environ 50 millions de personnes) vivent en dessous du seuil de pauvreté, tandis que le reste du monde continue à considérer la société américaine comme le modèle de référence.

• Politique : la démocratie devient la norme, mais les citoyens font preuve d’une méfiance sans précédent envers la politique qui se traduit par des niveaux inquiétants d’abstention. Cela peut, en partie, s’expliquer par l’incapacité des hommes politiques à répondre aux principales préoccupations de la population : le pouvoir d’achat, l’emploi, et surtout un sentiment d’appartenance sociale.

• Sociale  : Dans un monde global, le sentiment d’appartenance à une nation s’estompe et tend à être remplacé par le communautarisme (régional, linguistique ou religieux). Le sentiment d’insécurité face à ce monde où le futur n’est plus porteur d’espoir, pousse les individus à se refermer sur leur communauté. Ainsi, corporatisme et individualisme menacent la cohésion nationale : tout le monde veut protéger son propre statut et ses acquis. Les récentes élections du Parlement européen et l’inquiétant résultat des partis anti-européens dans la plupart des pays en sont une parfaite illustration.

• Spirituelle  : Deux phénomènes apparemment opposés caractérisent la crise spirituelle. Dans la plupart des pays occidentaux, après des siècles durant lesquels la religion a joué un rôle central dans la cohésion sociale, elle ne fait plus partie de la vie quotidienne des peuples. D’un autre côté, certains trouvent dans la religion un refuge au désespoir allant parfois jusqu’à l’extrémisme religieux.

Notre civilisation est à un tournant décisif et la complexité des différents éléments de la crise justifie la mobilisation de compétences diverses et interdisciplinaires. Dans notre modèle capitaliste, les politiques, les institutions et le secteur privé ne sont individuellement pas en mesure d’apporter une solution à la crise, non seulement en raison des échéances électorales, de l’obsession du profit à court terme ou de leur manque de légitimité, mais aussi du fait de la complexité de la crise.

Nous devons tous devenir des colibris

Comme le suggère Frédéric Lenoir, la solution ne viendra que d’un changement sociétal couplé à un changement de la conscience humaine qui permettra de développer un modèle intégré où les individus pourront prospérer et se développer durablement. Ce modèle ne verra le jour que grâce à une prise de conscience de nos responsabilités tant individuelles que collectives. Il nous appartient de réinventer notre modèle de civilisation.

Ce renouveau devra se faire sur la base de valeurs communes qui constitueront la base d’une nouvelle "société mondiale". Il nous appartient de « rafraîchir » la Déclaration Universelle des droits de l’homme de 1948, qui se concentre sur les individus et les nations et ne fait pas mention des concepts essentiels qui définissent notre monde actuel. Nous vivons dans un monde globalisé où les nations ont perdu leur force de cohésion. Il est dès lors nécessaire d’élargir le champ d’application de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme au monde global dans lequel nous vivons. Cette déclaration 2.0 devra comporter un engagement à préserver le monde pour les générations futures car les concepts d’égalité, de non-discrimination et de la sécurité doivent être intergénérationnels.

La solution à la crise viendra de la société civile et ainsi j’envisage une large communauté citoyenne qui contribue à la conception d’un nouveau modèle mondial sur un modèle open-source.

Notre communauté formera des groupes de travail axés sur les solutions à apporter aux différents aspects de la crise. Les thématiques devront être définies, mais devraient inclure des sujets essentiels tels que la préservation des ressources naturelles, les droits humains, la justice sociale, un nouveau modèle économique, l’éducation et la gouvernance. Chacun de ces sujets nécessitera un cadre de travail précis et ce sera l’une des premières activités des groupes de travail.

Le défi est immense et va requérir des dizaines de milliers de contributions individuelles, mais l’ampleur du défi ne doit pas nous décourager, l’avenir de notre civilisation est en jeu. Individuellement, nous ne représentons rien, mais ensemble nous pouvons enclencher un mouvement sur lequel nous pourrons bâtir une société inclusive et respectueuse de notre environnement.

Grande ou petite, votre contribution est nécessaire, comme dans l’histoire du colibri chère à Pierre Rabhi ; il est de la responsabilité de chacun de nous de faire sa part pour ériger une civilisation capable de prospérer à long terme.

Ensemble, créons un mouvement citoyen global et inclusif. Partagez vos idées pour l’émergence d’une grande communauté engagée dans l’élaboration d’un modèle de civilisation pérenne pour le bien de nos enfants et des générations à venir.

Nous avons créé une communauté Google+, une page Facebook et un email contacts@ourchildrenwilljudge.org pour accueillir vos contributions. Merci de votre engagement, ensemble construisons le futur de nos enfants. Au final, ce sont eux qui nous jugeront (« Our children will judge »).