Banane Pantin, le squatteur de friches
A Pantin (Seine-Saint-Denis), les jardins partagés poussent dans les friches. Depuis 2009, l’association Banane Pantin y installe des potagers collectifs temporaires. « Ces espaces ont tendance à devenir des terrains vagues et à se dégrader. La mairie nous y accueille en attendant qu’ils soient réaménagés. Nous, nous essayons de les cultiver et aussi d’y organiser des événements pour que tout le monde puisse s’approprier ces lieux ou même simplement s’y balader quand il fait beau. Il faut surtout qu’ils restent des lieux ouverts et conviviaux », explique Anna Moreau, présidente de l’association.
Vélos et batucada
Après un premier déménagement, une centaine d’adhérents – dont une dizaine de jardiniers assidus – s’occupent des 800 m2 situés dans le quartier Quatre-Chemins, à deux pas du périphérique parisien. Et s’allient régulièrement aux autres associations du quartier : la Cyclofficine de Pantin y est allée réparer des vélos pendant la fête annuelle, le groupe de percussion Ens’Batucada y a joué pour la fête de la soupe… Le collectif d’architectes Sans plus attendre est, lui, venu construire le pavillon des jardiniers. « Ce sont des gens qu’on a rencontrés un peu par hasard. C’est super intéressant à faire et, humainement, c’est très enrichissant. » Le potager de Pantin porte des fruits inattendus. —
Montreuil, l’expérimental
Au premier regard, le terrain semble abandonné. Les blettes et les soucis ont envahi les lieux, les choux sont montés en fleur. Installé à côté de deux autres jardins collectifs au cordeau, celui de de l’association le Sens de l’humus, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), détonne. « On voulait voir ce que ça donne si les choux se croisent et puis, c’est beau à voir en fleur, non ? », explique Peter, venu jardiner ce soir-là avec sa compagne, Sylvie. « Il faut voir ce jardin comme une zone où chacun peut expérimenter et observer », prévient Jérémie Ancelet, formateur en permaculture qui a semé cette philosophie potagère au sein de l’association. « On essaye de comprendre le site, ses atouts et ses limites. On se sert de ça pour cultiver, en respectant la dynamique du lieu, sans essayer de lui imposer notre volonté, pour finalement créer un écosystème. »
« Spirale d’aromatiques »
Ainsi, un mur effondré a été transformé en terrasses « capables de stocker la chaleur ». Au centre du jardin trône une « spirale d’aromatiques », une construction montante en pierre, qui vise à répondre, sur un espace réduit, aux besoins de plantes diverses. Au total, une trentaine de variétés sont cultivées. « J’ai envie d’essayer des choses, comme planter du quinoa. Mais je suis fille de cultivateur, donc mon but, c’est de manger à la fin. L’idéal, c’est de pouvoir faire sa soupe », avance Sylvie.Peter, lui, a planté un chou de Saint-Sens, « une variété ancienne de 17 kilos », et a installé des treilles pour faire grimper une vigne. Mais il voudrait aller plus loin. Il cite l’ « électroculture », qui s’intéresse à l’influence des champs électriques sur les plantes. Impossible pour le moment, car, depuis sa création, en 2006, ce potager pas comme les autres accueille peu de jardiniers assidus. « Le lieu déroute : il n’y a pas de parcelles privées, les gens ont du mal à voir ce qu’ils font et à savoir ce qu’ils peuvent faire », constate le formateur. Avant de nuancer : « Au début, j’étais frustré. Mais ce jardin avance, c’est un lieu vivant. Si quelqu’un vient trois ou quatre fois parce que le lieu l’a inspiré, je trouve que, dans une société où nous n’avons plus de temps, c’est énorme. »
Fabienne, qui « aimerait venir plus souvent », confirme : « J’y ai passé deux dimanches seulement, mais j’ai beaucoup partagé. J’ai échangé avec Peter et avec des gens de passage sur la nature et sur les végétaux. Pouvoir faire ça dans des zones où il y a autant de bitume, c’est une vraie liberté. » —
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