« La question énergétique a été mal abordée. C’est la faute des politiques qui n’ont pas mis ces sujets au cœur de la campagne », expliquait, avant le premier tour de l’élection présidentielle française, l’expert Pierre Radanne à Terra eco. « Je regrette que jamais, hormis chez Eva Joly ou Jean-Luc Mélenchon, le lien n’ait été fait entre ces problématiques (ndlr : logement, crise, relance économique..) et l’environnement », renchérissait Stéphane Hallegatte, économiste au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement.
L’environnement, c’est sûr, a été écarté du ring lors de la bataille présidentielle dans l’Hexagone. Quid de nos amis outre-Atlantique ? Barack Obama a officiellement lancé la campagne pour sa réélection le week-end où, en France, Nicolas Sarkozy passait le flambeau à François Hollande. Lors de cette première sortie, à Columbus, dans l’Ohio, la question énergétique a été mise sur le tapis. « Des milliers d’Américains ont un emploi, aujourd’hui, parce que la production d’énergies renouvelables a pratiquement doublé en seulement trois ans […]. Il est désormais l’heure d’en finir avec les subventions pour une industrie [pétrolière] qui a rarement été si profitable. Doublons la mise sur l’énergie propre dont le futur n’a jamais été si prometteur – pour notre économie, pour notre sécurité, et celle de notre planète », a entonné Obama.
Du Green pour séduire les jeunes
Un refrain qui laisserait entendre que la campagne américaine aura des airs plus verts que son homologue française ? Pas vraiment, nous explique Steven Cohen, le directeur de l’Institut de la terre de l’Université Columbia, à New York. « Le fait qu’Obama ait récemment parlé d’énergie dans l’Ohio est conjoncturel : le taux de participation est bas aux États-Unis [ndlr : Obama avait bénéficié en 2008 d’un taux exceptionnel de participation à 64%], aussi le président essaie de mobiliser les jeunes, sensibles à l’environnement. Mais c’est bel et bien l’économie qui sera au centre de la campagne, avec peut-être aussi des sujets comme la guerre et la paix. Et si l’environnement est abordé, ce sera forcément d’un point de vue économique. »Les récentes polémiques environnementales ne disent pas le contraire : en janvier dernier, Obama a suspendu le projet de pipeline XL Keystone qui doit acheminer du pétrole brut depuis les champs de sables bitumineux de l’Alberta, au Canada, jusqu’aux raffineries des États-Unis. Le débat, autour de cette prise de position, n’a pas concerné l’environnement... mais le nombre d’emplois potentiellement perdus ! Opposer les politiques environnementales à la perte d’emplois, dans le secteur minier, notamment, est d’ailleurs bien souvent le leitmotiv déroulé par leurs opposants - traditionnellement les Républicains -, tandis que les pro-environnementalistes - plutôt Démocrates - ne jurent que par la croissance verte. « Les jeunes, également, croient vraiment en ce potentiel des emplois verts », précise Steven Cohen.
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