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Brasil : Terra nossa

Par Lise Feuvrais
28-11-2013

Les petits poissons dans l’eau... nagent aussi bien que les gros.

Les petits poissons dans l'eau... nagent aussi bien que les gros.
Couleurs chatoyantes, formes inédites, noms cocasses… les poissons de la « Baie de tous les Saints » dans laquelle se situe, parmi 56 îles, la plus grande : Itaparica, ces poissons, vivent des jours difficiles !

L’activité économique de la Baie pendant le 17ème et 18ème siècle était basée essentiellement sur la pêche intensive de la baleine. Les baleiniers ne sont heureusement plus présents aujourd’hui… mais le peuple de pêcheurs est toujours là et continu d’œuvrer avec les moyens du bord…

7h du mat’ balade matinale sur la plage, 34°c, la marée baisse et nous nous prélassons mollement dans l’eau chaude en admirant les poissons et les étrilles qui nous frôlent innocemment, tel un jeu… ceux là ont de la chance ! A 30 mètres de là, 2 canots (creusés dans des troncs de cocotiers) et une quinzaine d’hommes se pressent autour de leur filet de pêche pour une traditionnelle « puxada de rede ».

Ils sont partis il y a près d’une heure, le filet, aux mailles très fines – trop fines - chargé dans les canots. Ils se sont éloignés de la côte, juste assez pour pouvoir lâcher le filet qu’ils retiennent à bout de bras aux deux extrémités. C’est parti, certains rament, d’autres plongent et frappent la mer pour effrayer le poisson, d’autres encore tirent le filet depuis les canots qui se rapprochent petit à petit de la côte. Leurs compatriotes les attendent sur la plage, prêts à les relayer pour tirer le filet, en chantant. Cette pêche traditionnelle s’accompagne de chants typiques et est reconnue comme art folklorique au Brésil… petite pêche à échelle humaine, aucun moteur… oubliés les cargos, les filets de 3km… et pourtant…

L’envie de découvrir la récolte avec les pêcheurs est grande ! En s’approchant, on observe le filet qui frétille, chargé de vivres - mais tristement, bien moins qu’avant (tout le monde ne cesse de le constater). Le filet étalé sur le sable, chacun se presse d’y ramasser les quelques dizaines de poissons qui pourront être vendus ou consommés par les familles de pécheurs. Le filet se trémousse, on y découvre avec émerveillement toute sorte de poissons, oursins, coraux, bouteilles plastiques, crabes, chaussures, coquillages… Les pêcheurs ont choisi, ils s’affèrent maintenant à se partager leur gain un peu plus loin. La tradition veut qu’ils laissent aux enfants ou mères de familles désoeuvrées le droit de « nettoyer » les filets de leurs restes… mais de moins de moins de personnes le font… comment l’expliquez ?

Après l’émerveillement face à cette biodiversité digne d’un aquarium haut de gamme, nos esprits laissent place à la panique d’une dure réalité : des centaines de poissons restés vifs dans le filet s’éteignent en quelques minutes et bientôt plus aucune âme ne bouge... le soleil est trop chaud pour leur corps si petit… ces poissons sont trop petits, trop petits pour mourir, trop petits pour être mangés ! Personne n’en veut, ne s’y intéresse... Alors ils restent là, piégés, abandonnés à leur sort sur le bord de l’eau, très vite ils ne nagent plus, ils flottent. Le résultat est effrayant, déprimant et personne ne panique. Nous nous agitons pour sauver in-extremis une trentaine de minuscules poissons que nous jetons le plus loin possible… mais nos mains ne sont pas suffisamment nombreuses et vives, le soleil se joue de notre naïveté… chaque seconde voit la fin de nombreuses vies. Tristes grillades AO VIVO (en direct).

Et la biodiversité ? A la poubelle ! Que voulez-vous ? la mer a rejeté tant de déchets sur la plage, elle nous a rendu nos « biens » et nous continuons à lui prendre les siens…

Combien de temps encore pourra t’elle fournir ? Déjà tout le monde constate qu’elle est beaucoup moins généreuse qu’avant…. mais que faire ? Les pêcheurs doivent pêcher, les personnes doivent manger. Le prix du poisson explose pendant que leur taille et le choix diminuent de façon vertigineuse.

Seul l’éducation environnementale pourrait porter ses fruits dans cette situation… Bien sûr nous pouvons relativiser en pensant aux chalutiers géants qui s’excitent en pleine mer… mais pourtant cette expérience répétée est dérangeante et inquiétante, elle ne peut pas rester sans voix… il faut la conter et faire bouger les consciences, sensibiliser mais ne pas juger... et se sentir inefficace et ridicule face à ce comportement que nous avons adopté...

Petit poisson ne deviendra jamais grand...

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