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30-03-2012
Mots clés
Consommation
Agriculture
Europe
France

Sale temps pour les ruminants

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Sale temps pour les ruminants
(Crédit photo : mrbill - flickr )
 
Un virus peut en cacher un autre. Alors que les médias se focalisent sur Schmallenberg, le virus surgi de nulle part en novembre, c’est la réapparition de la brucellose en Belgique qui inquiète.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Sans crier gare, la brucellose a fait son retour en Belgique. Cette zoonose – maladie transmissible d’un animal à un autre mais aussi de l’animal à l’homme –, plus connue sous le nom de fièvre de Malte ou fièvre de Bang, provoque des avortements chez les ruminants.

  • Un retour surprise

Dans le royaume belge, la maladie avait disparu depuis 2000. Le plat pays est même officiellement reconnu indemne de brucellose bovine par la Commission européenne depuis 2003 (2005 pour la France). Mais l’apparition de trois cas pourrait remettre en cause ce statut de pays « exempt » de la maladie.

« Un premier foyer est réapparu de manière inattendue et inexpliquée fin 2010 dans la province de Liège », expose Bruno Garin-Bastuji, responsable pour la France, l’Union européenne et l’international du centre de référence des Brucella, qui dépend de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Il décrit le cas dans un bulletin épidémiologique de l’Anses.

  • D’origine inconnue

« La réapparition de cette maladie peut venir du contact avec des animaux sauvages porteurs de la bactérie, de l’introduction dans le troupeau d’un animal venant d’une zone contaminée (en Europe, les Balkans, la Grèce, le Portugal et l’Espagne sont des zones où la brucellose sévit encore, ndlr) ou d’un acte de malveillance, par la mise en contact de matières naturelles (fœtus avortés, excréments, urines, ndlr) infectés avec des bêtes », poursuit le chercheur. A l’époque, le cas était resté isolé.

  • Les troupeaux entiers abattus

Mais ces dernières semaines, deux nouvelles contaminations ont été recensées : l’une début mars, dans une exploitation de vaches allaitantes proche de Namur, et l’autre le 22 mars, à Ninove.

Un coup dur pour les éleveurs. En effet, dans les pays déclarés indemnes de brucellose, l’apparition d’un seul cas dans un élevage entraîne l’abattage complet du troupeau, pour éviter toute propagation.

Le cheptel de l’exploitation namuroise est donc passé à l’abattoir. Tous les animaux vendus par ce domaine à d’autres fermes belges ont été retrouvés grâce au système de traçabilité. Ils ont également été abattus. L’analyse des carcasses a permis de détecter un autre animal malade, à Ninove donc. Le cheptel de cette exploitation sera également abattu dans les semaines à venir.

  • Eviter à tout prix l’épidémie

En tout, 200 exploitations belges ont pu avoir un contact direct ou indirect avec le foyer, soit parce qu’elles en sont proches, soit par le biais d’animaux achetés à ce foyer. Ces élevages sont pour l’heure tous bloqués dans les étables, dans l’attente de subir des tests sérologiques de dépistage. Ces mesures devraient éviter toute épidémie et permettre à la Belgique de conserver son statut de « pays indemne ».

  • Une maladie qui peut toucher les amateurs de fromage au lait cru

Entre animaux, la contagion a principalement lieu lors des vêlages ou des avortements de vaches infectées qui dispersent alors des milliards de Brucella, bien résistantes, dans l’environnement. Selon l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (la brucellose est reconnue comme maladie professionnelle chez les éleveurs et vétérinaires), la bactérie survit 135 jours dans des carcasses et organes, 35 jours dans une pâture ombragée, 8 mois dans du lisier, 2,5 mois dans de l’eau à 20° C, 4 mois dans de la laine entreposée, plusieurs jours dans du lait même fermenté, plusieurs semaines dans le fromage, et plusieurs mois dans de la viande congelée.

Chez l’homme, la contamination se fait par contact direct des éleveurs, des vétérinaires, des personnes travaillant en abattoir ou en laboratoire avec les animaux atteints. « Mais la population générale peut aussi être infectée en consommant des produits au lait cru », prévient Bruno Garin-Bastuji.

  • Fièvre et grosse fatigue

Une fois présente dans le corps humain, cette maladie infectieuse bactérienne se traduit le plus souvent par une fièvre et un état de fatigue persistants. Elle se guérit grâce à la prise d’antibiotiques pendant au moins six semaines. Des formes secondaires peuvent cependant apparaître si le traitement n’est pas correctement suivi. « Dans ce cas, plus difficile à traiter, les bactéries se logent dans les articulations – bassin, genoux, colonne vertébrale – et peuvent provoquer des arthrites. Parfois, elles provoquent aussi des inflammations cardiaques, neurologiques et génitales », énumère le chercheur. Rares sont les cas mortels.

En 2010, aucune des 356 personnes contaminées à travers l’UE n’en est décédée (voir page 18 de ce document de l’EFSA, l’Autorité européenne de sécurité des aliments). Par ailleurs, la transmission de la maladie d’un humain à l’autre n’a pas, à ce jour, été prouvée.

  • La France prend le taureau par les cornes

En France, le dernier cas de contamination d’un humain par une vache remonte à 2003. Depuis que la maladie est réapparue non loin de nos frontières, les autorités françaises renforcent la surveillance de la brucellose (le ministère de l’Agriculture en détaille le procédé habituel ici, des pages 10 à 14). Les services vétérinaires hexagonaux sont en train de faire des tests dans les troupeaux ayant en leur sein des animaux importés de Belgique.

En effet, « la France est peut-être contaminée car le marché d’animaux entre les pays déclarés indemnes de brucellose est libre, sans dépistage préalable de cette maladie. C’est un atout commercial important, qui garantit la qualité sanitaire de l’animal et qu’il vaut donc mieux conserver », analyse Bruno Garin-Bastuji. A ce jour, aucun cas lié aux foyers belges n’a été détecté en France.

  • Dans l’Hexagone, des cas humains importés depuis que le pays est « indemne »

Source : Invs

En 2011, 21 cas de brucellose ont été déclarés chez des adultes en France. 20 d’entre eux avaient été contaminés lors de séjours à l’étranger (Portugal, Algérie, Turquie, Tunisie, ex-Yougoslavie, etc.) soit en entrant en contact avec des ruminants, soit en consommant des produits au lait cru. « Le 21ème cas, le seul cas « autochtone », était un patient présentant une brucellose focalisée, qui correspondait à une réactivation d’une infection ancienne », précise l’Institut national de veille sanitaire. Tous s’en sont sortis.


Un nouveau venu : Schmallenberg

C’est le virus dont on parle beaucoup ces derniers mois. Le virus Schmallenberg (SBV) a été identifié pour la première fois fin novembre 2011 dans la ville de Schmallenberg, en Allemagne, chez des bovins. A partir de décembre 2011, il a été détecté chez des ruminants nouveau-nés malformés (bovins, ovins, caprins) en Allemagne, en Belgique, en France, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.

Source : Centre de ressources épidémiosurveillance - www.survepi.org

En France, les premiers cas ont été confirmés le 25 janvier. Selon les derniers recensements du ministère de l’Agriculture, diffusés le 30 mars, 1 048 élevages –essentiellement bovins - dans 44 départements français sont touchés par ce virus (voir la carte de la répartition des élevages infectés).

On sait encore peu de choses sur ce virus. Il appartient à la famille des Orthobunyavirus. Il n’est pas contagieux d’un animal à l’autre, ce qui signifie que son apparition dans un troupeau n’entraîne pas l’abattage de ce dernier. Il n’est pas transmissible à l’homme. « Il n’y a donc pas de problème de santé publique », explique Stephan Zientara, chercheur en virologie à l’école vétérinaire Maisons-Alfort notamment. « On ne sait pas quelle est son origine mais on pense qu’il a peut-être été importé d’Afrique ou d’Asie par des moucherons. Ce sont eux qui inoculent le virus aux ruminants », ajoute-t-il.

Des études sont en cours ou en projet, en France et en Europe, afin de caractériser les causes, les éventuels autres modes de transmission, les hôtes domestiques et dans la faune sauvage, les éventuels facteurs de risque, etc. Les premiers résultats ne devraient pas être publiés avant la fin de l’année, selon le chercheur.

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  • Encore d’autres abattages massifs ? Personne chez les officiels, ne se préoccupe donc de la surconsommation de viandes et du gâchis du temps/énergie ? Et l’on ose parler de crise financière ! Comment sauver l’humanité sans Conscience ? Et à propos des vaches dont on ouvre la panse, soi-disant pour éviter de produire de méthane ?

    2.04 à 10h14 - Répondre - Alerter
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