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29-01-2009

Le poisson-pilote islandais

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L’HOMME. L’entrepreneur Orri Vigfússon met son sens des affaires au service du saumon de l’Atlantique. Retour sur un investissement de vingt ans.
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Orri Vigfússon aime la musique classique, l’eau de vie et la pêche à la ligne. Président de l’Opéra national islandais pendant les années 1990, cet entrepreneur de 65 ans a fait fortune en vendant une vodka haut de gamme aux Russes et aux Américains. Entretemps, il s’est employé à sauver le Salmo salar – ou saumon de l’Atlantique – de la surexploitation.

A l’heure des loisirs, l’homme aime à taquiner le poisson au bord des rivières de la Terre de glace. Il pratique la pêche sportive depuis l’enfance. Dans les années 1980, il tombe sur un os. Il constate qu’il devient de plus en difficile d’appâter le saumon. Logique, les stocks déclinent. En cause : l’industrie halieutique. Dans les années 1950, cette dernière découvre que les saumons de l’Atlantique se rassemblent en nombre autour du Groenland et des îles Féroé pour se reproduire. En effet, ce poisson est amphihalin et anadrome, c’est-à-dire qu’il naît en eau douce, vit en haute mer, y batifole, puis s’échine à remonter le cours d’eau de sa naissance pour y pondre et, finalement, y mourir.

Eclairées sur les voies empruntées par le Salmo salar, les sociétés de pêche installent des kilomètres de filets dérivants en travers de ses routes de migration. Jackpot. Les prises montent en flèche. Puis flop. Elles s’effondrent quelques décennies plus tard. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les pêches globales de saumons de l’Atlantique au filet sont passées de plus de 15 000 tonnes au début des années 1970 à moins de 5 000 tonnes à la fin des années 1990.

Pêcher moins pour gagner plus

Problème : l’Islande dépend largement de la pêche au saumon, non seulement sur le plan industriel, mais également via le tourisme de la pêche dont vivent de nombreuses communautés isolées. Affolé par cette perpective, Orri Vigfússon échafaude un plan. Son idée est aussi limpide que sa vodka Icelander. Pour enrayer la surexploitation du saumon sans ruiner les communautés qui en dépendent, il suffit de payer les pêcheurs professionnels pour qu’ils laissent leurs filets au placard. Il faut ensuite les aider à se reconvertir, soit dans l’aquaculture, soit dans le tourisme de la pêche à la ligne. En 1989, il crée donc le North Atlantic Salmon Fund (NASF), association dont il est toujours le président. Celle-ci réunit une coalition de groupes environnementaux dont le but est d’interdire la pêche commerciale du saumon grâce à des partenariats avec les gouvernements et les pêcheurs. « Notre objectif est de restaurer les stocks de saumons sauvages à leur niveau historique, explique-t-il. Et la clé du problème, ce sont les accords commerciaux. »

Il utilise son sens du business et de la négociation pour parvenir à ses fins. « C’est une question de bon sens : plus on restaure les stocks de saumons, plus les revenus du tourisme de la pêche augmentent et plus il y a de profits pour les communautés », argumente-t-il. Son approche d’entrepreneur séduit. Depuis sa création, le NASF a réuni près de 30 millions d’euros. Avec cette somme, il rachète les droits de pêche au filet des pêcheurs professionnels en Islande, au Groenland, aux îles Féroé et dans une grande partie de l’Europe continentale. Il s’accorde sur des moratoires avec plusieurs gouvernements dont le Royaume-Uni et l’Irlande. Depuis le début de la campagne du NASF, la pêche commerciale en haute mer dans l’Atlantique Nord a été réduite de 75 % et 5 à 10 millions de saumons sauvages ont été sauvés, calcule le NASF. Un succès pour lequel Orri Vigfússon a, en 2007, été récompensé du prix Goldman pour l’environnement. Rien de moins que l’équivalent du « Nobel de l’environnement », s’il vous plaît .

NASF

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