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innovation politique

Par Rodrigue Coutouly
15-01-2012

La stratégie gagnante de Sarkozy pour la présidentielle

Il y a quelques mois, la grande majorité des observateurs pensaient que les chances du président actuel de gagner la prochaine présidentielle était très faible. La situation a changé et il est plausible d'envisager sa victoire au printemps.

Depuis des mois, Nicolas Sarkozy le sait : il n’a aucune chance contre François Hollande au deuxième tour car sa cote de popularité dans le pays est très faible. Sa stratégie consiste donc à gagner l’élection au premier tour : pour cela, il faut qu’il soit dans le binôme de tête et que son adversaire n’y soit pas. Il faut donc impérativement refaire le "coup" de 2002 en permettant à la fille de Le Pen d’être au deuxième tour face à lui.

Pour parvenir à cet objectif, le président pratique une double manoeuvre.

1-Faire le vide autour de lui, favoriser l’émiettement des voix à gauche, apparaître comme le seul candidat crédible à droite :

L’abandon de Borloo, la marginalisation de De Villepin et de Morin face à la puissance de feu de la machine UMP condamnent les petits candidats à droite à de la figuration stérile. Parions aussi que les Boutin et autres Dupont-Aignan auront bien du mal à dénicher les 500 signatures.

Par contre, il ne faut pas trop s’inquiéter pour les signatures de Marine Le Pen. Sarkozy ayant besoin d’elle au second tour, elle trouvera les maires compatissants qu’elle réclame.

De même, tous les petits candidats de gauche trouveront des signatures. L’émiettement à gauche limitera les voix qui se porteront sur Hollande. Or, il est impératif pour la droite que celui-ci devienne le "troisième homme" au premier tour. Le charisme de Mélanchon et la dynamique du Front de Gauche sont donc utiles à son projet.

Le président actuel peut regretter la "mauvaise" campagne d’Eva Joly : en utilisant sa candidature comme une tribune, l’ancienne magistrate n’enthousiasme pas les foules. Elle a choisi de travailler des questions de société qui nourrissent le débat et portent à polémique. Cette stratégie provient sans doute de la volonté justement de ne pas être tenu pour responsable de l’absence de la gauche au second tour. Eva Joly donne de la surface médiatique à EELV mais limite ses voix. A cet égard, Sarkozy doit regretter l’absence de Nicolas Hulot qui aurait eu probablement une autre surface médiatique et aurait drainer davantage de voix.

2-Marginaliser Hollande par une campagne médiatique offensive :

Toutes les semaines, l’équipe Riposte de Sarkozy se réunit. Elle choisit avec le président les thèmes qui, selon un échéancier précis, seront matraqués dans les médias. Le jour dit, profitant de la formidable caisse de résonance que constitue quelques dizaines de ministres, chacun y va de son argument sur le thème du jour. Les médias inondés par le thème choisi, souvent polémique, le répète en boucle. L’occupation du fil de l’information occulte complètement l’adversaire. Hollande et son équipe se retrouvent alors en position défensive, répondent parfois avec maladresse ou se contredisent. Le président boit du petit lait.

Sarkozy a perfectionné ainsi sa stratégie médiatique de 2007. Il ne la pratique plus seul mais en meute. Mais la "bande" de ministres et de ténors de l’UMP au travail utilisent les mêmes méthodes. Elle consiste à donner, chaque jour, "en pâture" aux journalistes, une histoire singulière. C’est le procédé du storystelling qui consiste à raconter des histoires à l’électeur plutôt qu’à lui proposer des arguments. C’est moins ennuyeux et plus difficile à combattre. Quand, le lendemain, le PS tente de répondre, les médias sont passés au nouveau thème qui fait polémique, la réponse est noyée, le candidat socialiste décrédibilisé.

Chaque jour, l’histoire est différente, l’angle d’attaque varié : l’adversaire ne sait où donner de la voix. Un jour, on parle de l’"histoire" de la TVA sociale, illustrant ainsi le "volontarisme" présidentiel. Le lendemain, on annonce la taxe Tobin, prenant à contre-pied les propositions de la gauche. Le feuilleton de Seafrance occupe les esprits, montrant le gouvernement à pied d’oeuvre. Puis, on attaque frontalement la disparition du coefficient familial dans le programme du PS.

On rajoute à l’idée polémique du jour, à l’histoire racontée, quelques faits ou arguments que les médias s’empressent d’utiliser en boucle sans forcément les vérifier. Ces micro-arguments, travaillés au préalable, souvent simplistes, restent dans l’esprit des électeurs. Tous les Français ont cru à l’histoire -pourtant fausse- de la taxe Tobin suédoise.

Face à cette occupation médiatique, Hollande peut paraître mou, falot, hésitant et fragile. L’objectif est clair : pousser l’électeur de gauche dans les bras de Bayrou ou de Mélanchon ou lui suggérer de prendre sa canne à pêche le jour du premier tour.

3-Que peut faire Hollande ?

Face à cette offensive, Hollande doit impérativement exister dans le champ des médias.

Il peut le faire en pratiquant plusieurs méthodes convergentes.

- en montant, avec ses équipes, un contre-plan storystelling. Même si la surface médiatique de ses conseillers n’est pas comparable à celle de la "meute" de ministres qui entourent Sarkozy, il peut envisager, à son tour, une ou deux fois par semaine, de proposer des "histoires" aux médias qui en sont friands.

- en travaillant la riposte aux storystellings de l’Elysée. Il faut en quelques heures, trouver le bon contre-argument, ou la contre-histoire, et la diffuser en boucle, en utilisant tous les outils actuels, y compris internet et Twitter.

- en contrepoint à cette méthode, utiliser quelques rendez-vous médiatiques pour montrer une autre image de la politique que celle des petites histoires quotidiennes dont on cherche à faire le Buzz. Les citoyens français attendent, au contraire, une façon plus responsable de faire le métier de politicien. Il faut retrouver l’esprit de la primaire socialiste.

Pour cela, il faut proposer des vrais solutions argumentées et responsables. Prenons le chômage et l’emploi, l’inquiétude majeur des Français, Hollande ne peut pas se contenter de son contrat de génération comme unique riposte. Il doit inventer d’autres réponses, proposer d’autres sujets de débats pour redevenir crédibles.

L’élection présidentielle se jouera dans le grand cirque des médias classiques et d’internet. C’est dans l’habilité du candidat socialiste à inventer des histoires qui intéresseront les citoyens que sa présence au second tour se fera. C’est là que sa victoire finale se gagnera.

COMMENTAIRES ( 2 )
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  • glacé non recyclable pour les bobos qui captent Z à l’économie, à l’écologie, à l’industrie.

    27.01 à 13h50 - Répondre - Alerter
  • BERLIN CORRESPONDANT - L’hiver qui commence à se faire sentir en Allemagne prend, cette année, un relief particulier. Huit des dix-huit réacteurs nucléaires étant arrêtés depuis le printemps, l’Allemagne pourrait être menacée de black-out ou être contrainte d’importer massivement de l’électricité. Ce sera le premier test que devra affronter ce pays qui, après la catastrophe de Fukushima, au Japon, a décidé d’abandonner le nucléaire en 2022.
    D’ici là, il y aura bien d’autres obstacles à franchir. La loi votée (à la quasi-unanimité) le 30 juin sur la sortie du nucléaire n’est qu’un début. "Le vrai travail commence maintenant", a reconnu Philipp Rösler, ministre de l’économie et des technologies, devant le Parlement, le 19 octobre. Le ministre s’est fixé trois objectifs : "Assurer la sécurité des approvisionnements et protéger l’environnement, le tout dans des conditions financières acceptables." A ses côtés, Norbert Röttgen, le ministre de l’environnement, a affirmé des priorités légèrement différentes : "Les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique sont les deux piliers de la nouvelle politique énergétique", a-t-il dit.

    Ces deux approches résument le débat allemand. Maintenant que la décision d’arrêter le nucléaire est prise (un neuvième réacteur va être arrêté en 2015, un en 2017, un en 2019 et les six derniers en 2021 et 2022), les financiers sont surtout soucieux d’assurer la sécurité des approvisionnements, quitte à investir dans des centrales à énergies fossiles classiques. Pour ceux qui sont surtout sensibles aux questions d’environnement, il ne suffit pas de sortir du nucléaire, il faut entrer, enfin, dans l’ère des énergies renouvelables. Tels sont d’ailleurs les objectifs de la loi : leur part doit passer de 17 % à 35 % en 2020 et 80 % en 2050.

    Malgré la fermeture des centrales nucléaires, qui assuraient, au printemps, 22 % de la production d’électricité du pays, l’Allemagne affirme qu’elle réduira ses émissions de CO2. En 2020, celles-ci devraient être de 40 % inférieures à ce qu’elles étaient en 1990. La tâche est immense : il faut notamment développer l’énergie éolienne dans le nord du pays, construire des réseaux à haute tension pour la transporter dans le sud, là où sont les industries, prévoir des centrales classiques pour les jours où il n’y a ni vent ni soleil et investir dans l’isolation du parc immobilier.

    Les six mois qui viennent de s’écouler n’ont été qu’à moitié convaincants. La Commerzbank affirme que c’est notamment en raison des importations d’électricité au second trimestre que la croissance a été si faible (+ 0,1 %). L’Association des industries électro-intensives (VIK) s’est plainte, le 19 octobre, que le prix de l’électricité avait augmenté et que sa qualité était moindre. En 2012, ses adhérents devraient voir leur facture croître de 9 %. Malgré tout, le pays a supporté la fermeture de huit réacteurs et la part des énergies renouvelables est passée de 17 % à 20,8 % de l’électricité produite.

    Combien va coûter la révolution énergétique en cours ? Nul ne le sait. Seule certitude : l’agence de l’énergie estime qu’il faudra développer 4 500 km de lignes électriques à haute tension dont le coût oscille entre 22 et 29 milliards d’euros. Pour réduire de dix à quatre ans la construction de ces lignes, le gouvernement a limité le pouvoir des Etats-régions avec un argument à la clé : tout kilomètre de ligne à haute tension donnera lieu à un dédommagement de 40 000 euros à la commune concernée.

    Pour financer les réseaux et la transition énergétique, l’Allemagne dispose de deux outils principaux. Le premier est le fonds climat-énergie, qui va être alimenté par la vente aux enchères des quotas de CO2 octroyés aux industriels et dont on attend environ 3 milliards d’euros par an. Le second est le prélèvement "énergies nouvelles" sur la facture d’électricité payée par les particuliers - la plupart des entreprises en sont exonérées. En 2010, ce prélèvement qui permet aux producteurs d’énergies renouvelables de vendre leur électricité à un prix supérieur à celui du marché s’est élevé à 13 milliards d’euros. En 2012, il se traduira par un prélèvement de 3,59 centimes par kilowattheure (kWh) consommé, en légère hausse par rapport à 2011. En moyenne, ce prélèvement coûte 120 euros par an à un ménage (14 % de sa facture).

    Alors que le mégawattheure coûte, en Allemagne, environ 60 euros, ce prix s’élève à 90 euros pour l’énergie éolienne, 150 pour l’éolien offshore et 370 pour le solaire. Les énergies renouvelables ont un coût mais les Allemands l’acceptent : selon un sondage réalisé par TNS Infratest, 79 % d’entre eux jugent le prélèvement "énergies nouvelles" "raisonnable". Seuls 15 % le jugent "trop élevé".

    Malgré tout, pour assurer la transition énergétique, le gouvernement prévoit également de subventionner de nouvelles centrales au gaz mais aussi une dizaine de centrales au charbon très polluantes. Il estime les besoins à environ 10 000 mégawatts. Au grand dam des écologistes, 5 % du fonds climat-énergie (soit 150 millions d’euros) pourraient être utilisés pour subventionner jusqu’à 15 % de ces centrales. A condition que Bruxelles autorise ces aides auxquelles seuls les industriels qui possèdent moins de 5 % de parts de marché en Allemagne peuvent prétendre.

    27.01 à 13h48 - Répondre - Alerter
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