La nature à toutes pompes

"On dirait que la terre est plate, mais la vérité est plus subtile. C’est la même chose pour nos produits. » C’est ainsi que Terra Plana annonce la couleur et explique pourquoi elle a pris ce nom latin qui signifie « terre plane ». Car si la petite compagnie britannique semble offrir à la vente de traditionnelles baskets, bottines ou sandales, elle distille en fait, au tournant de sa production, tout un concept vert. Sa devise ? Imiter le cycle de la nature en assurant la légèreté, le design optimal, la durabilité et la « réparabilité » de ses chaussures et prolonger du même coup la vie de la planète. « C’est ridicule la quantité de produits toxiques qui sont employés dans la fabrication d’une paire de chaussures classique », s’indigne Damian Peat, de Terra Plana.

Aussi la petite entreprise propose-t-elle des bottes parées de cuir fabriqué sans plomb et tannées grâce à un processus naturel, des baskets en caoutchouc ou en textile recyclé à partir « de jeans, de tee-shirts, de vieux uniformes de pompiers, de vestes militaires ou de toile de parachute ». Au bout de la chaîne de fabrication, sortent, joliment alignées, des chaussures ultralégères pour améliorer le confort et le pas du piéton, mais aussi faciliter son transport à moindres frais climatiques. La preuve avec la gamme Vivo Barefoot, figure de proue de l’enseigne et succès commercial, qui donne la sensation de la marche nu-pieds.

Fabriquées en Chine

Fondée en 1989 en Hongrie, la société était autrefois dédiée à la fabrication de chaussures chic pour hommes fortunés. Après avoir intégré Galahad Clark dans ses rangs, l’un des rejetons de la célèbre dynastie de chausseurs, l’entreprise a embrassé l’étiquette verte en 2002. Aujourd’hui, Terra Plana emploie une soixantaine de personnes à travers le monde, dessine – en partie – et fabrique ses produits en Chine. La marque assure que ces usines sont conformes aux normes sociales et environnementales internationales. Un choix géographique motivé par des raisons financières. « Nous voulons que nos chaussures restent abordables, souligne Damian Peat.

Fabriquer 100 produits respectueux de l’environnement, c’est déjà bien. Mais en fabriquer 10 000, ça risque quand même d’avoir beaucoup plus d’impact. Notre objectif est d’introduire la chaussure durable sur le marché de masse. » D’ores et déjà, Terra Plana écoule chaque année 70 000 paires aux Etats-Unis, en Europe mais aussi en Australie, en Nouvelle-Zélande ou au Japon. Riche de cinq magasins à travers le monde, l’enseigne prévoit d’en ouvrir de nouveaux au pavé des villes. En outre, Terra Plana promet de continuer à améliorer les performances écologiques de ses produits.

« Nous travaillons en ce moment sur une chaussure pour homme entièrement débarrassée de colle. La partie supérieure sera constituée de produits naturels et reliée à la semelle de plastique par des agrafes, révèle Damian. Ainsi, les deux composants de la chaussure seront aisément séparables et donc recyclables chacun de leur côté ! » Pour faciliter l’opération, Terra Plana imagine d’organiser elle-même la collecte et le recyclage de ses produits. « En rapportant leurs chaussures usagées, les clients pourront obtenir 10 % de rabais sur leur nouvelle paire », rêve déjà le responsable. Une fois recyclés, les matériaux pourront être renvoyés vers les usines de Terra Plana. Et se préparer à mener une nouvelle vie de chaussure. —