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« Développer des batteries au lithium pour des véhicules électriques. Aller vers un transport propre, mais avec une électricité issue de combustibles produisant des déchets polluants, ça n’a pas de sens ! » En se promenant sur la plage, il y a dix ans de cela, Hervé Majastre prend conscience de la puissance de la marée. Si l’océan chavire les galets dans un sens comme dans l’autre, il peut aussi faire tourner une hélice, alimenter une turbine et produire de l’électricité.
Ce docteur en génie des matériaux présente alors son concept d’hydrolienne au premier concours des technologies innovantes. Recalé. « Rien d’innovant à cela », s’entend-il dire. Dans une période où l’on prône la modernité, on ne va pas revenir au temps des moulins à eau ! Hervé Majastre trace malgré tout son chemin. En 1999, il dépose un brevet et s’associe à Jean-François Daviau pour fonder la société Hydrohelix Energies, basée à Quimper. Mais le faible coût des combustibles fossiles n’incite pas au développement des énergies renouvelables.
Les temps changent. Aujourd’hui, la hausse du prix du baril de pétrole engendre un mégawattheure thermique à 150 euros, soit l’équivalent du tarif réglementé du mégawattheure marin. « Dans ce contexte, les technologies matures deviennent plus chères que les technologies à développer », souligne Hervé Majastre. Il n’empêche que Hydrohelix galère alors qu’EDF apporte son soutien à deux projets d’hydroliennes au Royaume-Uni.
Dépendant de la Lune et du Soleil
Tout se débloque quand les fondateurs décident d’intégrer le pôle de compétitivité Mer de Bretagne et s’entourent d’un consortium d’entreprises. Hydrohelix Energies crée alors Sabella, du nom d’un ver marin. De là émerge le premier prototype d’hydrolienne, capable de développer une puissance de 10 à 40 kW. Puis, en avril dernier, Sabella D03 est baptisée à 19 mètres de profondeur dans l’embouchure de l’Odet (Finistère). « L’hydrolienne présente l’avantage d’être liée aux astres, aux mouvements de la Lune et du Soleil. Ce qui permet d’anticiper sans se soucier d’une influence climatique de la Terre. » Certes, l’engin ne peut rivaliser avec le potentiel infini de l’éolienne. Mais bien implanté dans un cap, un raz ou un détroit, là où les courants marins s’écoulent à grande vitesse, son potentiel est grand. Hervé Majastre rêve d’en ancrer cinq d’une puissance minimale de 200 kW chacune, dans les eaux du nord Cotentin où les courants peuvent atteindre 11 noeuds. « C’est la Mecque des courants de marée européens. » —Puissances multiples
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