L’histoire de Belu Water commence en Grande- Bretagne en 2004. Alors que le marché fonctionne sur le principe « consommation éclair et émissions de CO2 monstres », la petite compagnie anglaise entend réconcilier bouteille d’eau et environnement. Tandis que ses consoeurs crachent du dioxyde de carbone, elle imagine, elle, une chaîne de production neutre en carbone. Et s’attèle à réduire les émissions de ses camions. Mieux, l’entreprise limite ses déplacements aux contours d’un mouchoir de poche. Là où la très en vogue eau de Fidji parcourt des millions de kilomètres pour rejoindre les rayons d’un supermarché londonien, Belu Water puise son eau à la frontière de l’Angleterre et du pays de Galles.
Fait rare, elle se refuse à exporter vers ses voisins. « Un sacrifice important », souligne Reed Paget, directeur de Belu, alors que les demandes étrangères se multiplient. Du coup, l’entreprise affiche un bilan poids plume face à ses concurrents : 11 salariés et 500 000 bouteilles vendues chaque mois. Au Royaume-Uni, rien que le transport de 3 milliards de bouteilles d’eau produit 33 200 tonnes de CO2 par an, autant que la consommation d’énergie de 6 000 foyers. Belu Water compense aussi ses derniers mètres cubes de carbone émis, en investissant dans des fermes éoliennes.
45 tonnes de déchets dans la Tamise
En mai 2006, la bouteille en maïs et entièrement compostable – exception faite du bouchon – a vu le jour chez Belu Water. Une fois vide, elle est rachetée par l’entreprise qui la transforme en objet design. Et si la bouteille en maïs révolutionnaire est jetée comme une vulgaire consoeur de plastique dans le conteneur à recycler, elle pourra entrer dans la composition d’un autre produit. Petit hic : seulement 5 % du plastique est recyclé au Royaume-Uni, faute de gestes citoyens ou de centres de tri adaptés. Résultat : la bouteille de Belu risque, dans 95 % des cas, de finir sa courte vie dans une décharge. Mais là, sa composition en maïs révèle son intérêt. En effet, en douze semaines, la bouteille d’eau redevient poussière, promet Belu.Cependant les cadres de la société ont autre chose dans leur caboche que des rayonnages de bouteilles transparentes. Ils se mêlent aussi du combat pour une eau plus propre. A Londres, la compagnie a mis en place une machine capable d’aspirer les déchets de la Tamise et ainsi d’avaler chaque année 45 tonnes de sacs en plastique, bouteilles, chaussures. A chaque bouteille achetée, la compagnie offre, par ailleurs, un mois d’eau potable à un habitant d’Inde ou du Mali. Là, avec l’aide de l’ONG Water Aid, l’entreprise finance la construction de puits ou de pompes à main. « Nous travaillons toujours avec des organisations qui, présentes dans le pays, connaissent bien le problème. ça nous évite d’envoyer des employés de notre compagnie sur place et d’émettre à nouveau du CO2 », souligne Reed Paget. Belu investit 100 % de ses profits dans ces projets [1]. Cette pratique a été rendue possible grâce à la bienveillance de son panel d’actionnaires constitué uniquement d’organisations impliquées dans la lutte pour une eau plus propre.
A l’heure où le changement climatique se fait ressentir de façon prégnante, ne vaudrait-il pas mieux bannir la bouteille d’eau en plastique de nos vies ? « Nous encourageons les gens à consommer d’abord de l’eau du robinet, souligne Reed Paget. Mais il restera toujours des lieux, des moments où un consommateur aura besoin d’emporter une bouteille. Autant que celle-là respecte le mieux possible l’environnement. » —
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