Vous avez adressé un questionnaire à chacun des candidats à la présidentielle. Ont-ils pris conscience des enjeux écologiques ?
La prise de conscience de l’urgence du problème est faible, si ce n’est nulle. Et puis, j’ai été assez étonnée par la persistance du clivage droite-gauche sur ces questions. D’après moi, l’environnement n’est pas une question de droite ni de gauche. Mais dans l’évaluation globale que j’ai menée, celle des candidats de droite est assez mauvaise. C’est à croire qu’ils n’ont pas du tout pris conscience de la hauteur des enjeux. Une politique environnementale digne de ce nom doit faire émerger une nouvelle industrie de biens et de services, dans l’habitat, les transports… Les candidats de droite se positionnent assez mal car ils proposent surtout des mesures incitatives mais qui ne le sont pas suffisamment pour permettre l’émergence de l’environnement dans la politique et l’économie françaises. On préfère privilégier les comportements vertueux pour les ménages, mettre en place une fiscalité écologique… A gauche, la fiscalité est à la fois incitative et dissuasive ce qui est plutôt courageux. Sur le logement, on sait que si on veut respecter l’objectif Facteur 4 (réduction par 4 des émissions des gaz à effet de serre en trente ans), il va falloir rénover 400 000 logements par an. Sans aide, seuls les ménages aisés pourront mener les travaux concernés tandis que les plus pauvres, déjà touchés par la flambée du prix de l’énergie, auront du mal à faire face.
L’environnement a-t-il la place qu’il mérite dans cette campagne ?
Malheureusement non. Et pourquoi ? Je n’ai pas la réponse. Les plus libéraux des candidats invoquent la responsabilité individuelle avant de réfléchir à des politiques publiques. Quand Nicolas Hulot a menacé de se présenter, j’ai cru qu’on allait parler d’environnement, mais finalement on s’est concentré sur la politique politicienne. Je pense que Nicolas Hulot a parfaitement joué son rôle de citoyen interpellant le politique. Il dispose de gros moyens médiatiques et d’une réelle force de frappe. Les médias ont dit qu’en se retirant, il avait flanqué en l’air l’écologie dans la campagne. Mais on ne parlait pas d’environnement avant son tour de piste, et on n’en parle pas aujourd’hui, quelle est donc la différence ? Ce sujet n’intéresse pas les hommes et les journalistes politiques alors qu’il intéresse les Français. En réalité, si les journalistes politiques avaient fait leur travail, je n’aurais pas eu besoin d’écrire ce livre !
(1) Environnement, les candidats au banc d’essai, Editions de La Martinière, 13,5 euros.
ARTICLES LIES :
- Présidentielle : la vraie nature des candidatsFrançois Bayrou : stop aux incinérateurs
Ségolène Royal : priorité à la taxe carbone
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions