Soleil vert

L’histoire débute dans le bureau d’un directeur financier. Celui de Gilles Gallo, à l’époque salarié au sein de la start-up Kiwee, qui commercialise des sonneries de téléphone portable. Le jeune homme, à vrai dire, s’y ennuie. "En fait, reconnaît-il, j’avais le sentiment d’avoir rempli mon contrat. J’avais fait des études, conformément aux souhaits de mes parents, mais j’étais loin de m’y retrouver". Le hasard va venir à son secours. Une société nord-américaine rachète la petite entreprise et met en place un plan social. Fin de l’épisode. Gilles saute sur l’occasion, rassemble ses affaires, boucle son baluchon et met le cap sur l’Afrique. Direction Tombouctou. "Pas un pélérinage, précise-t-il, plutôt un voyage vers l’autre."

Gilles, le fondateur, Angélique, Pierre et Steven (de gauche à droite) : l’équipe d’Idsolaire.

Gilles Gallo ne ressort pas indemne de son "aventure" d’un an. En vivant au milieu des populations locales, il constate bien entendu la pauvreté endémique, mais s’avoue « frappé » par les problèmes en cascade que génère la cuisson de la nourriture. Déforestation, déplacements quotidiens pour trouver du bois, absentéisme scolaire : la liste des difficultés est longue. Quand il revient en France, Gilles s’intéresse de très près à la cuisson solaire. Simple, plutôt bon marché, elle lui semble une "bonne alternative dans les pays en voie de développement". Il rencontre alors les membres de l’association Bolivia Inti, implantée en Loire-Atlantique et spécialiste du sujet, afin de s’initier aux techniques du solaire.

Anti-moustique solaire

Dès lors, tout s’accélère. Gilles frappe à la porte des réseaux de l’économie sociale et solidaire et décroche des financements auprès de la société de capital-risque Garrigue et de plusieurs "cigales", ces groupes de citoyens qui investissent dans des projets à dimension "humaine et sociale". Montant du capital décroché : 40 000 euros. La Sarl Idsolaire voit ainsi le jour en janvier dernier. Son idée consiste à commercialiser des fours solaires fabriqués à partir de petits miroirs réfléchissants en forme de triangles. Le prix de 129 euros, volontairement réduit, tout comme le poids du four - 6 kg - sont censés séduire les ONG afin que ces dernières redistribuent le matériel dans les pays du Sud. Pour réussir son pari, Idsolaire mise par ailleurs sur toute une gamme de produits liés à l’énergie solaire. Depuis le briquet jusqu’à l’anti-moustique, en passant par le kit de douche solaire.

Les projets mijotent

Gilles Gallo en sourirait presque. Mais son entreprise, qui compte l’équivalent de quatre emplois à temps plein, est tout ce qu’il y a de sérieux. L’objectif final d’Idsolaire consiste même à financer des projets de développement en Afrique via la vente des produits de la société. Pour cela, une association a été créée et 10 % des recettes lui sont mécaniquement reversées. "C’est peu, convient le fondateur, mais l’idée, si tout se déroule bien, sera d’augmenter cette participation".

Pour l’heure, Idsolaire compte ses sous. Gilles Gallo, pour la première fois depuis la création de l’entreprise, vient de se verser un salaire minuscule. Ce toulonnais d’origine croit dur comme fer à son projet et travaille avec le concepteur du four - baptisé Prométhée - à une seconde version plus performante. L’ancien directeur financier se donne encore deux ans pour voir si ses fours parviennent à s’imposer. La demande est là, c’est pour lui une évidence. Reste à convaincre et à se faire connaître.