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8-09-2011
Mots clés
Santé
Energies
Pollution
France

En France, le nuage de Tchernobyl innocenté

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En France, le nuage de Tchernobyl innocenté
 
La Cour d'appel s'est fendu d'un non lieu. Impossible d'affirmer que le nuage de Tchernobyl ait fait des victimes en France. Ni que le gendarme de la radioprotection ait été trop rassurant. Une décision amère pour les associations.
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Personne, en France, ne devrait finir derrière les barreaux pour avoir « oublié » de signaler aux Français la dangerosité du nuage de Tchernobyl. Celui-ci avait en effet « impunément » traversé l’Hexagone entre le 30 avril et le 5 mai 1986, provoquant, selon certaines associations, une recrudescence de cancers de la thyroïde. Sauf que les preuves scientifiques manquent, a affirmé la Cour d’appel de Paris dans son arrêt rendu ce mercredi. Et sans conséquences sanitaires prouvées, pas de coupable. Le Pr Pierre Pellerin, ex-patron du Service central de protection des rayons ionisants (SCPRI) mis en examen pour « tromperie aggravée » sort libre de ce feuilleton judiciaire.

« La justice a l’habitude de juger sur des faits solides comme le fer. Or là, on lui parle en probabilité. Alors elle a botté en touche », décrypte Jean-Claude Zerbib, ancien ingénieur en radioprotection du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Il faut dire que l’impact sanitaire du passage du nuage en France est - encore aujourd’hui - difficile à établir. « Il n’y a pas eu d’études bétonnées qui auraient pu montrer que, statistiquement, il y a eu une augmentation des pathologies corrélées à Tchernobyl. Et la justice n’a pas eu les moyens d’en faire, explique Roland Desbordes, président de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). Quand la juge d’instruction (Marie-Odile Bertella-Geoffroy, ndlr) a été suspendue il y a six mois, elle était en train de terminer une étude sur la Corse. Un premier rapport a été rendu mais elle n’a pas eu le temps de finir le travail. » La Commission territoriale de l’île a décidé de reprendre les chose en main et de lancer une enquête épidémiologique indépendante dont les conclusions devraient être publiées d’ici un ou deux ans, affirme M. Desbordes.

Des précautions manquées

Mais si on peut prouver que des gens sont tombés malades à cause du passage du nuage, ce n’est pas une raison pour tout balayer, selon la Criirad. « Dans le dossier il n’y avait pas que ça. Il y avait la preuve que le docteur Pellerin avait menti, qu’il a laissé consommer des produits au-delà des normes d’exposition, qu’il n’a pas protégé les enfants », assure M. Desbordes. L’ex-patron du SCPRI – l’organisme chargé à l’époque de rassembler toutes les données sur la radioactivité - est au coeur du dossier depuis le début. Le 2 mai, alors que les premières données signalant une contamination parviennent au SCPRI, M. Pellerin diffuse un communiqué indiquant que « L’élévation relative de la radioactivité relevée sur le territoire français à la suite de cet incident est très largement inférieure aux limites recommandées par la C.I.P.R (Commission internationale de protection radiologique, ndlr). et aux limites réglementaires françaises, elles-mêmes fixées avec des marges de sécurité considérables. Il faudrait imaginer des élévations dix mille ou cent mille fois plus importantes pour que commencent à se poser des problèmes significatifs d’hygiène publique. »

Les doses enregistrées étaient au contraire bien supérieures, selon les experts. Et en informer la population aurait pu permettre de mettre en place des mesures simples. « Il ne s’agissait pas de demander à la population de mettre un masque à gaz mais de ne pas utiliser l’eau de pluie pour les bestiaux, de ne pas conduire les vaches dans les prés pendant quelques semaines pour éviter de contaminer le lait ou de ne pas consommer les légumes à larges feuilles comme les laitues. Le refus d’admettre la dangerosité du nuage radioactif a induit le blocage de toutes dispositions de protection simple », assure Jean-Claude Zerbi.

Pellerin, bouc émissaire ?

Le professeur Pellerin est-il seul responsable ? Pour Jean-Claude Zerbi, l’homme avait « un pouvoir exorbitant sur tout » et bénéficiait d’une grande liberté d’action. Roland Desbordes, lui, s’interroge : « Est-ce qu’il a agi sur des ordres ? Est-ce que des responsables politiques étaient impliqués là dedans ? Est-ce que les ministres de l’époque étaient au courant ? On ne le saura jamais. Avec le non-lieu, nous sommes aujourd’hui privé de réponse », estime Roland Desbordes. Pis, « cette décision porte un message grave. Ca veut dire qu’on peut mentir aux Français sans s’exposer à des conséquences. S’il y a un accident environnemental grave aujourd’hui, on peut prétendre à une totale impunité. »

Fin de l’épisode. A moins que les plaignant ne se pourvoient en cassation. C’est l’option retenue par l’Association française des malades de la thyroïde. La Criirad, elle, n’a encore rien décidé. « On envisage d’aller au niveau européen. Si le gouvernement continue à bloquer les études, on ira plus loin », assure M. Desbordes.

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