Quelques heures avant l’annonce des résultats, Pascal Canfin, eurodéputé, savourait déjà la victoire de sa candidate. Elle saura fédérer, assure-t-il, au delà du camp écologiste.
Terra eco : Eva Joly a fait un excellent score au premier tour et se prépare à une large victoire au second. Cela vous étonne-t-il ?
Pascal Canfin : Cela fait un an que je suis la candidature d’Eva. Les 15 derniers jours avant le premier tour, on avait intégré le discours dominant selon lequel Hulot allait l’emporter. C’est une bonne surprise qu’on n’avait pas anticipée. Je ne pensais pas qu’Hulot passerait au premier tour mais je ne pensais pas non plus qu’Eva creuserait un tel écart. Libération avait par exemple fait un sondage qui interrogeait non pas les militants sur leur intention de vote mais sondait la popularité d’Hulot auprès des sympathisants d’Europe Ecologie. Ca ne veut rien dire la popularité. Chirac est populaire mais ce n’est pas pour ça qu’il serait élu s’il se présentait ! En revanche, à chaque fois que les intentions de vote étaient sondées, on trouvait Hulot au même niveau qu’Eva. Et ce, jusqu’au dernier sondage. En fait il n’y a pas eu du tout de transformation dans l’opinion.Pourquoi à votre avis, le choix s’est-il porté sur Eva Joly ?
Hulot représentait un risque pour les coopérateurs et les adhérents d’Europe Ecologie avec un positionnement politique pas très clair, une histoire personnelle compliquée par rapport aux valeurs écolos. Le risque était en balance avec la promesse du « vous allez voir, il va parler à la société tout entière ». En face il y avait Eva dont on connaît bien les valeurs. Mais attention ça ne veut pas dire un repli identitaire ! Au début, on a accusé Eva de ne pas porter assez les valeurs écolo maintenant on dit que le choix d’Eva est un repli identitaire des Verts. Il faudrait savoir !Que va-t-il se passer maintenant pour le camp Hulot ?
Il y a deux choses, il y a d’un côté le camp Hulot, de l’autre Hulot lui-même. Dans le camp, certaines personnes vont se mettre au service de la candidate et c’est très bien. Il y en a d’autres qui s’étaient engagés pour le projet d’Hulot et qui diront ‘la campagne se fera sans moi’. Nicolas Hulot lui-même n’est pas décidé. Il a toute sa place dans cette campagne. Mais on verra quelle sera sa réaction, aux journées d’été notamment (du 18 au 20 août à Clermont-Ferrand, ndlr). Nous on voudrait qu’il puisse être présent. Tout comme Dany d’ailleurs.Pensez-vous qu’Eva Joly puisse être davantage fédératrice que Nicolas Hulot ?
En interne c’est certain. Si Hulot avait gagné, il y aurait eu plus de tension parce qu’il cristallise des choses à cause de ses rapports avec TF1, L’Oréal, sa position vis-à-vis du nucléaire. Il ne s’agit pas de lui en tenir rigueur. Mais les valeurs incarnées par Eva sont plus fédératrices dans le monde écolo que celle d’Hulot. Ca explique d’ailleurs sa victoire.Et à l’extérieur du parti ?
A la primaire, il fallait convaincre les adhérents d’Europe Ecologie Les Verts. Maintenant, c’est une autre histoire. Il s’agit de s’adresser aux Français. Je pense qu’Eva incarne des valeurs en politique nécessaires aujourd’hui et qui seront fortes dans cette campagne 2012. Des valeurs comme la sincérité, l’honnêteté, la morale. Le deuxième atout c’est sa détermination, son courage, elle n’a jamais lâché. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui ont vécu entourées de gardes du corps parce qu’elles étaient menacées de mort. C’est un courage dont on a besoin pour transformer la société, pour lutter contre les paradis fiscaux, contre les lobbys. La troisième dimension c’est la justice. C’est une valeur clé surtout dans ce contexte de crise. Il faut faire en sorte que les efforts soient aussi faits par les riches, qu’il y ait une justice par rapport aux privilèges. Si on prend ces 3 dimensions, on voit qu’elle est capable de fédérer bien au delà de l’électorat écolo traditionnel.
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