Les voitures électriques ne sont pas encore commercialisées qu’on les déclare déjà « dangereuses ». Au cœur du débat, les batteries de ces automobiles. Parmi les détracteurs, Michel Armand, directeur de recherches au CNRS et... l’un des pères des batteries au lithium. Dans une interview au Monde, début juillet, le scientifique tire l’alarme : les batteries électriques feraient courir trois grands risques aux véhicules qu’elles alimentent.
Primo, les capteurs qui permettent de bloquer un surplus d’électricité risquent, en cas de grosse chaleur, de ne plus fonctionner. Explosion assurée. Secundo, mal isolée, la batterie pourrait subir un court-circuit à la suite d’un choc. Enfin, s’il y a surchauffe, ou si la cellule est un peu vieille, plane également la menace d’un départ de feu. C’est peu dire que l’intervention du scientifique dans le journal du soir a déclenché quelques émois. Faut-il redessiner l’avenir de l’automobile pour autant ?
Ce n’est pas l’avis d’une demi-douzaine de parlementaires, pour qui le niveau de sécurité assuré pour les véhicules électriques est « le même que celui accordé aux véhicules thermiques ». Selon eux, s’il y a bien des risques spécifiques aux voitures vertes, ils ne sont pas nécessairement plus nombreux que pour un véhicule classique.
Les signataires de la déclaration, parmi lesquels Louis Nègre – rapporteur du Grenelle II – ou Max Roustan – organisateur des Rencontres internationales des voitures écologiques à Alès – soutiennent clairement les constructeurs de l’Hexagone, désireux de sortir prochainement ces modèles électriques. « La filière industrielle française du véhicule électrique se situe aujourd’hui dans le peloton de tête au niveau mondial, dit leur communiqué. La France a lancé le plus grand appel d’offres international de véhicules électriques (50 000). »
Raison de plus pour s’interroger sur la dangerosité des batteries au lithium. D’autant que le chercheur du CNRS interrogé par le Monde affirme, lui, que les constructeurs français ont fait le mauvais choix. Car en termes de batteries électriques, il y a du choix. A base de manganèse, de phosphate de fer, de nickel ou d’aluminium... les batteries lithium-ion se déclinent à l’envi.
Or, parmi ces modèles, certains seraient plus résistants que d’autres. Selon Michel Armand, le phosphate de fer offrirait une sécurité 10 fois supérieure à celle promise par le manganèse. Mais, évidemment, PSA et Renault ont choisi le deuxième pour alimenter leurs futures autos.
« Les batteries au phosphate de fer ne sont pas pour autant à l’abri d’un emballement thermique », estime cependant Joseph Beretta, responsable des énergies et technologies chez PSA, interrogé par l’AFP. « Elles peuvent aussi produire des émanations dangereuses comme l’acide fluorhydrique. » En clair, il n’y a pas de solution miracle.
Seule solution : confier aux fabricants la responsabilité d’un niveau de sécurité irréprochable. C’est en tout cas ce que dit l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) dans un récent rapport. Sans même tenter d’être rassurant : quel que soit le type de batteries, « une technologie intrinsèquement sûre n’existera pas dans les prochaines années ».
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