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27-06-2011
Mots clés
Energies
Climat
Monde

Nouvelle tornade pour le Giec

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Nouvelle tornade pour le Giec
(Légende photo : Rajendra Pachauri, le président du Giec - Crédit photo : Zero Emission Resource Organisation/flickr)
 
Alors que l’organe intergouvernemental vient de rendre un rapport sur les énergies renouvelables, des critiques tombent, concernant le manque d’impartialité des conclusions et des auteurs.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Peut-on être activiste de Greenpeace International et rédiger un rapport sur les énergies renouvelables, et ce en toute indépendance ? La question a fait l’effet d’un pavé dans la mare lors de la publication du dernier opus du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), consacré aux énergies renouvelables. Repris par la presse internationale environnementale, le blogger Steve McIntyre, sur son site Climateaudit.org, a mis le doigt là où ça fait mal, en pointant les conflits d’intérêts qui minent les publications rendues par cet organe intergouvernemental.

Conflits d’intérêts

« Le Giec doit de toute urgence revoir ses politiques d’embauche des auteurs principaux », a renchérit sur son site Mark Lynas, un militant reconnu sur les questions climatiques et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet. « Les militants d’ONG ne devraient pas être autorisés à rejoindre le groupe principal d’auteurs et ainsi à faire le compte rendu de leur propre travail », a-t-il ajouté. Au coeur de ces critiques : le fait que le Giec a « pour mission d’évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui sont nécessaires pour mieux comprendre les risques liés au changement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation. »

Autrement dit : fournir au public et aux décideurs politiques des analyses indépendantes et fiables leur permettant, comme dans ce cas précis, de déterminer à quelle hauteur il est, par exemple, judicieux d’investir dans les énergies renouvelables pour enrayer les émissions de gaz à effet de serre. « On attend plus du Giec qu’une version karaoké du scenario Greenpeace », n’hésite pas à dire Mark Lynas. Autre point d’acchopement : le fait que le communiqué de presse, publié dès mai 2011, mette en avant le scénario où le monde tournerait en 2050 avec 80% de son énergie produite par des énergies renouvelables. Un parti pris en soi.

Si l’affaire provoque des remous, c’est que les enjeux sont grands. Les bilans de ces rapports peuvent influencer les changements dans les politiques des gouvernements et offrir à certains secteurs des perspectives de croissance et de développement commerciaux importants (comme ici, l’industrie des énergies renouvelables). Concernant l’expert de Greenpeace, Sven Teske, c’est l’Allemagne qui l’avait proposé pour faire partie des auteurs. Or ce pays est connu pour ses positions pro-énergies renouvelables. Une tentative d’imposer une direction plutôt qu’une autre vis-à-vis du futur énergétique ? « Avec plus de 120 contributeurs, chacun devant fournir des listes de commentaires, l’idée que Greenpeace soit capable de ‘dicter’ une conclusion est clairement absurde », a rétorqué Sven Teske.

Autre enjeu : la crédibilité du Giec, déjà remise en cause par le passé. En 2007, une erreur glissée dans le quatrième rapport du groupe II annonçait la disparition des glaciers himalayens pour 2035 au lieu de 2350 et jetait un sérieux discrédit sur le sérieux de ces rapports. En 2009, éclatait le scandale des emails : révélés par une intrusion dans le serveur britannique du CRU (Climate Research Unit). En pleine préparation du grand raout climatique annuel de la Conférences des parties (COP15) de Copenhague, ceux-ci avaient semé le doute aux yeux du grand public sur le lien précédemment établi par le Giec entre réchauffement climatique et intervention humaine...

Des règles plus transparentes

Pour redonner confiance en ses pratiques, l’institution avait donc fait examiner ses procédures et adopté de nouvelles règles en 2010. Parmi celles-ci :« l’utilisation de littérature ne provenant pas de pairs... » Sven Teske « a apporté des contributions substantielles, mais il n’était ni le seul, ni le leader de ce travail d’équipe », a réaffirmé le Professeur Ottmar Edenhofer, co-président du groupe de travail III et qui a rappelé, dans les pages du New York Times, que les universitaires, aussi bien que les ONG et le monde des affaires pouvaient participer à l’expertise du Giec...

Entre l’institution et ses critiques, qui questionnent l’opportunité d’avoir des membres d’ONG comme auteurs, l’incompréhension est donc consommée. Et celle entretenue avec le grand public risque bien d’être plus grande encore. A la question : « Avez-vous confiance dans les scientifiques pour dire la vérité sur les résultats et les conséquences de leurs travaux ? », seule une minorité de Français a répondu « oui », dans le cadre d’une enquête Ipsos, effectuée pour le magazine La Recherche et pour Le Monde, sur les rapports entre science et Français...

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Une enfance en pleine nature jurassienne, des études de biologie et de géologie, l’envie de transmettre cette passion pour le monde vivant, et le monde tout court, et un goût sans limite pour les nouvelles contrées. Alice est journaliste scientifique.

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  • Je suis étonné du parti-pris choisi dans cette article, qui donne une forte résonance aux propos de Mark Lynas, sans forcément expliquer le contexte et d’où l’auteur parle, ni donner de place à un débat contradictoire.

    Pendant très longtemps, France, Japon et Etats-Unis ont imposé la nomination d’experts réputés "sérieux" parce qu’ils répercutaient des options pro-nucléaires, sous-estimant fortement la dépendance énergétique, le risque, les coûts de démantèlement...Les ONGs se sont vu interdire l’entrée à la table des négociations, les think-tank analytiques également (par exemple le Rocky Mountain Institute). Pourtant, les faits ont montré que les bons chiffres étaient plutôt de leur côté.

    Le rôle du GIEC n’est pas de service de caisse de résonance à une quelconque position politique, mais bien de consolider les chiffres et les scénarios de référence pour faciliter la prospective environnementale. En cela je rejoins Mark Lynas.

    Par contre on ne peut pas faire un procès en sorcellerie aux ONGs qui se sont substitués aux défaillances des organismes officiels pour consolider des données et les partager, si dans leur diversité et leur sagesse les réseaux d’experts décident par consensus que les chiffres et les tendances sont les mêmes.

    Rappelons au passage que Mark Lynas est un polémiste et activiste britannique, diplômé en histoire et en politique, à l’origine de nombreuses controverses (http://en.wikipedia.org/wiki/Mark_Lynas), notamment pour la légèreté de ses analyses et son absence d’objectivité dans la critique de l’environnement. Un cousin du mammouth, en quelque sorte !

    27.06 à 15h21 - Répondre - Alerter
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