Terra eco : Que va-t-il rester de cette primaire au sein d’Europe Ecologie-Les Verts ?
Yannick Jadot : Je crois que deux visions distinctes de l’écologie ont été exprimées. D’un côté on a eu la volonté de poursuivre le travail entrepris depuis 30 ans que je résumerais par la volonté de sensibiliser, d’expliquer et de mobiliser. C’est la ligne défendue par Nicolas (ndlr : Hulot). Et puis de l’autre, une écologie tournée vers la nécessité de prendre le pouvoir et de l’exercer. Cette deuxième vision, que je partage, est celle d’Eva (ndlr : Joly). J’ai la conviction que cette stratégie est la bonne, car nous avons des propositions fermes à mettre en œuvre, et pas simplement un constat - juste certes - mais insuffisant. Je donnerais un exemple. La sécheresse. Les quatre candidats ont en effet estimé dans une belle analyse qu’il fallait changer notre modèle agricole. Parfait. Eva Joly ne s’est pas arrêtée là. Elle s’est interrogée - aussi - sur le court terme et a proposé le prix de la tonne de fourrage à 150 euros. La politique c’est une compréhension des problèmes, mais aussi des solutions à engager.
On a tout de même le sentiment que l’écologie ne sort pas forcément grandie de cet exercice...
Pourquoi ? Parce que Nicolas et Eva ne passeront pas leurs vacances ensemble ? Je vous rassure c’était improbable avant que la primaire ne s’engage. Il faut être sérieux. Nous sommes en politique et cet affrontement ne s’est déroulé que dans le cadre d’une primaire. Je crois que si ces deux postulants à l’investiture ont jugé que les bornes ont été dépassées, alors mieux vaut qu’ils en restent là. Car ce qui attend l’un ou l’autre sera, croyez-moi, d’un autre calibre. Regardez ce qui est en train de se tramer pour la primaire socialiste, regardez la bataille à droite... Une élection présidentielle, ça ressemble à ça. Alors autant y être préparé !
Eva Joly et Nicolas, pourront-ils quoi qu’il advienne se rassembler une fois le résultat du scrutin connu ?
C’est vrai qu’on s’est opposé pendant cette campagne. Mais c’est une bonne chose, non ? Je crois que le débat présenté par nos adversaires comme une opposition entre repli doctrinaire et ouverture était un peu moins caricatural que cela. Je vais vous dire une chose : il faut arrêter de jouer les vierges effarouchées. Donc oui, bien évidemment Nicolas et Eva se retrouveront par la suite. L’écologie politique en a besoin, non ?
Yannick Jadot, y aura-t-il nécessairement un candidat ou une candidate écologiste au premier tour de l’élection présidentielle ?
Au jour d’aujourd’hui, oui. Mais nous regarderons en adultes si la situation impose dans quelques mois de repenser la pluralité. En d’autres termes, si à deux mois de l’élection, le
Front national et le
Parti socialiste se retrouvent dans un mouchoir de poche alors nous prendrons nos responsabilités. Mais soyez certains d’une chose - déjà vérifiée à l’occasion des cantonales ou des régionales - le PS ne gagnera pas sans nous. Et je crois, à entendre les candidats à leur primaire prôner 2,5 points de croissance pour sortir de la crise, que ce parti là à encore du chemin à parcourir.
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