A Fukushima, les agriculteurs ont été parmi les premiers touchés, d’abord par le tsunami qui a couvert leurs champs d’eau de mer, puis par la radioactivité qui les a contraints à l’exil, ou a rendu leur production invendable. Pour limiter les pertes, le gouvernement a augmenté le seuil « acceptable » de contamination des légumes de 120 à 500 becquerels, affirme Marc Humbert. Chercheur au CNRS et à la Maison franco-japonaise, vice-président du think-tank économique Pekea, il revient du Japon : « A Fukushima, les agriculteurs n’ont pas le droit de vendre leurs produits hors des quatre départements les plus touchés. Mais à l’intérieur, ils vendent des légumes contaminés, y compris dans les cantines scolaires ! » Livrés à eux-mêmes, les paysans sont tiraillés entre la survie de leur exploitation et la vente de produits potentiellement dangereux pour la santé. Les données manquent cruellement : la radioactivité étant inégalement répartie, « en peau de léopard », il faudrait idéalement la mesurer sur chaque fruit et légume. Et dans tous les cas, les résultats obtenus par des membres de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité Criirad) sont plus élevés que ceux livrés par le gouvernement japonais. La confusion règne. Invités par Marc Humbert et son épouse Hiroko Amemiya, directrice du Centre de recherche sur la culture japonaise de Rennes, deux agriculteurs – très différents mais tous deux influents dans le monde paysan de la région de Fukushima - sont venus livrer leur témoignage en France.
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Toshihide Kameda, 63 ans, président de la Confédération paysanne de la préfecture de Fukushima |
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Shinpei Murakami, 52 ans, agriculteur d’Iitaté, un village réputé jusqu’ici pour ses initiatives écologiques |
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