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29-04-2011
Mots clés
Développement Durable
France

Après-Fukushima : quelles leçons en Europe ?

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Après-Fukushima : quelles leçons en Europe ?
 
En Europe, l'ère de l'après-Fukushima a déjà commencé. Tour d'horizon des premières conclusions.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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« Personne ne peut garantir qu’il n’y aura jamais en France un accident nucléaire ». En pleine crise de l’industrie de l’atome, les propos du président de l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN), André-Claude Lacoste, ont sonné comme une prise de conscience. Le nucléaire fera-t-il profil bas dans l’ère post-Fukushima ?

Le 24 mars, le Premier ministre François Fillon avait demandé qu’un audit national de sûreté soit mené avant la fin de l’année pour les 58 réacteurs d’EDF plus le chantier de l’EPR à Flamanville. Le cahier des charges de cet audit, actuellement en cours d’élaboration sous l’autorité de l’ASN, est prévu pour début mai. Il doit porter sur cinq points : « les risques d’inondation, de séisme, de perte des alimentations électriques et de perte de refroidissement ainsi que la gestion opérationnelle des situations accidentelles ». Reçu mardi 26 avril au ministère de l’Environnement, le patron de la CGT, Bernard Thibault, a demandé à ce que la sous-traitance dans la filiale nucléaire soit intégrée dans l’audit. « Les conditions de travail des personnels et les mécanismes de sous-traitance dans les centrales nucléaires (…) concourent, ou pas, à la chaîne de sécurité globale du nucléaire », a-t-il insisté.

Plan d’action

EDF a voulu montrer qu’il prenait les devants. Le 21 avril, l’électricien français a, pour la première fois depuis l’accident de Fukushima, formulé des propositions au cours d’une audition à l’ASN. Il a ainsi décidé de la mise en place d’une force d’intervention rapide « capable de réagir en 24 à 48 heures sur l’ensemble d’une centrale nucléaire » (réacteurs comme piscine de stockage du combustible). EDF va ainsi étoffer ses matériels d’apport en électricité et en eau, évoquant notamment le recours à de gros moteurs diesel. L’opérateur assure être aujourd’hui en mesure de faire face à une défaillance sur un réacteur mais va se préparer au cas où tous les réacteurs d’une centrale (jusqu’à six comme dans la centrale de Gravelines (Nord)) connaitraient des défaillances simultanées. EDF a aussi proposé à l’ASN un réexamen des dispositifs de protection, de manière à « s’assurer des marges de sûreté des installations » face aux différents types de risques.

Ces annonces sont jugées insuffisantes, pour ceux qui réclamaient un moratoire sur le chantier de l’EPR à Flamanville (Manche) ou la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne de France (1977), bâtie sur une zone faiblement sismique. Des scénarios exclus par le patron d’EDF, Henri Proglio : « Aujourd’hui, arrêter Flamanville pendant six mois coûterait infiniment plus cher que d’avoir éventuellement à reprendre telle ou telle tuyauterie ou tel ou tel élément de génie civil ».

L’Europe s’y met aussi

En parallèle des annonces françaises, l’Europe a elle aussi décidé mi-mars de soumettre ses centrales à des « tests de résistances » similaires. Ces tests montreront que les réacteurs « ne satisfont pas tous aux plus hautes normes de sécurité », a prédit le commissaire européen en charge de l’Énergie, Günther Oettinger. Leur contenu doit être arrêté dans les prochaines semaines.

Première limite de l’exercice communautaire : la participation aux tests « se fera sur une base volontaire, pas obligatoire ». En effet, le droit européen ne permet pas à la Commission de s’imposer aux Etats membres, ceux-ci ayant leurs propres instances de contrôle indépendantes. Le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste, a d’ailleurs indiqué que « les audits seront menés dans chaque pays par les autorités nationales ». Une déception de taille pour ceux qui, comme l’euro-députée écolo Éva Joly, réclamaient la tenue d’un audit « indépendant » réalisé par un autre pays de l’Union et pas le seul gendarme nucléaire français.

Trois types d’aléas

Les 17 autorités de régulation du Vieux Continent, regroupées au sein de Wenra, soumettront des propositions le 12 mai à une autre organisation européenne, des « gendarmes » de l’atome, l’Ensreg, davantage liée à la Commission de Bruxelles. Elles envisagent de fournir « une définition technique indépendante de ce que serait un ’’stress test’’ et d’indiquer comment il pourrait s’appliquer aux installations nucléaires européennes ». La Wenra souhaite que soit évaluée la robustesse des centrales face à trois types d’aléas : les événements naturels (séismes, tempêtes, inondations…) ; la perte de systèmes de sûreté tels que le système de refroidissement ou l’alimentation électriques et l’accident grave avec endommagement du combustible.

Il s’agira d’analyser le comportement des infrastructures « dans des conditions extrêmes même si ces événements ont une faible probabilité d’arriver et d’aller jusqu’au bout de ces scénarios en se demandant ce qui se passe lorsque les parades prévues échouent », explique Olivier Gupta, directeur adjoint de l’ASN. Cette attitude, qui s’affranchit des probabilités d’apparition des risques, se démarque de la culture de sûreté actuelle. « Il faudra déterminer les points faibles des centrales mais aussi les effets de seuil autrement dit les points au delà desquels les conséquences deviennent soudain plus graves ».

Menace de fermeture

Ce sont les exploitants des centrales, tels qu’EDF, qui vont évaluer pendant six mois la tenue de leurs réacteurs aux critères des tests. Ensuite, les Autorités de sûreté nationales analyseront les rapports fournis par les industriels pendant trois à quatre mois. L’objectif est de publier les résultats début 2012. Vienne insiste pour que des « experts indépendants » supervisent les tests, et que ceux-ci soient élargis à la Russie, l’Ukraine et l’Arménie, observateurs à Wenra.

Les résultats des tests, s’ils sont négatifs, n’auront pas de force contraignante. En l’absence d’autorité de sûreté européenne, le mot de la fin appartiendra aux autorités nationales. Nicolas Sarkozy a toutefois promis que les centrales nucléaires françaises qui ne passeraient pas avec succès les futurs tests européens de résistance seraient fermées.

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Journaliste indépendante. Collabore à Terra eco depuis novembre 2010.

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