Après Schwarzy, un vrai écolo à la tête de la Californie

Leurs styles diffèrent : l’un est riche et célèbre, l’autre a un penchant marqué pour l’austérité. L’un est une star hollywoodienne devenue par opportunisme il y a sept ans le gouverneur républicain de Californie. L’autre est une figure chevronnée du parti démocrate qui revient à la tête du Golden State après la période 1975-1983. Ce lundi, Arnold Schwarzenegger le flamboyant a cédé après deux mandats sa place, à Sacramento, la capitale de l’Etat, à Jerry Brown, 72 ans.

Signe des temps, selon le blog PolitiCal du Los Angeles Times, la cérémonie d’investiture n’aura coûté que 100 000 dollars (75 000 euros) avec un menu à base de hot-dogs. Quatre ans plus tôt, Schwarzy avait déboursé 2 millions de dollars (1,5 million d’euros) pour célébrer avec faste le début de son deuxième mandat. Jerry Brown a choisi de louer un simple loft à quelques enjambées de son nouveau bureau, le Capitol, siège du Congrès. Le « Governator » préférait faire la navette (à ses frais) en jet privé entre son lieu de trvail et sa somptueuse demeure du quartier ultra chic de Brentwood à Los Angeles. Ou il préférait passer la nuit au penthouse de l’hôtel Hyatt de Sacramento qui lui était réservé. Mais Jerry Brown n’a rien de flashy et Schwarzy lui laisse la huitième économie au monde dans un triste état : elle est déficitaire de 28 milliards de dollars (21 milliards d’euros). Il n’a guère le choix que de prôner l’austérité.

Un poste vert dans l’administration Obama pour Schwarzy ?

Pourtant, malgré leurs différences, les deux hommes aiment se décrire comme des écologistes convaincus. Arnold Schwarzenegger espère que les livres d’histoire se souviendront de lui comme d’un gouverneur vert. L’homme rappelle dès qu’il en a l’occasion que laCalifornie est devenue sous son règne le premier Etat à adopter « le Global Warming Solutions Act », une loi sur le climat – adoptée en 2006 – qui fixe à l’Etat d’ambitieux objectifs de réduction des gaz à effets de serre. Sur la scène internationale, Schwarzenegger a été un promoteur particulièrement efficace de la lutte contre le changement climatique et il entend poursuivre sa mission. Il est même allé jusqu’à affirmer dernièrement qu’il accepterait un poste environnemental dans l’administration Obama si ce dernier venait à lui proposer.

Si les adversaires de Schwarzy soulignent que ce fan de Hummer – 4x4 ultra polluant – n’est devenu « vert » que par opportunisme politique, l’élection de Jerry Brown a été très bien accueillie par les défenseurs de l’environnement. En la matière, le tableau de chasse du nouveau gouverneur californien est en effet impressionnant : dans les années 1970, lorsqu’il était le tout jeune gouverneur, le démocrate avait notamment fait adopter un système d’incitations pour l’adoption de toits solaires, imposé un moratoire sur la construction de centrales nucléaires et interdit le forage en haute mer. Il fut aussi à l’origine des premiers standards d’efficacité énergétique pour les appareils ménagers et les bâtiments. Plus récemment, en sa qualité d’avocat général de Californie, il est parti en guerre contre l’administration Bush et l’Environmental Protection Agency – avec la bénédiction de Schwarzenegger – afin que le gouvernement fédéral accorde à l’Etat le droit d’appliquer des normes plus contraignantes que celles imposées par Washington en matière d’émissions de polluants.

Des objectifs énergétiques ambitieux pour la Californie

Pourtant, si Jerry Brown est l’allié des écologistes, il aura cependant du mal à mettre en place son « programme vert » compte tenu du marasme économique dans lequel se trouve l’Etat, analysait récemment le Los Angeles Times. Pendant la campagne électorale – il affrontait la républicaine Meg Whitman, l’ex-pédégée de eBay –, Jerry Brown s’est engagé à investir massivement dans le renouvelable afin de réaliser les objectifs californiens. Il s’agit d’atteindre 33% d’énergie verte d’ici à 2020, un plan qui devrait coûter 60 milliards de dollars (45 milliards d’euros) à l’Etat à en croire les estimations de la commission de Californie de régulation des services publics. Et contrairement à Arnold Schwarzenegger qui était prêt à importer cette énergie des Etats voisins pour des raisons financières, Jerry Brown assure que les sources propres seront made in Californie…

Dans son discours d’inauguration, il a promis que la Californie produirait 20 000 watts d’électricité renouvelable d’ici à 2020 avec à la clé la création de centaines de milliers d’emplois verts. Le nouveau gouverneur aura enfin la lourde tâche de veiller à ce que la loi sur le climat adoptée en fanfare par Arnold Schwarzenegger soit mise en application à compter de 2012. Quant à l’ex-mister Univers, il n’est pas au mieux de sa forme. Il regagne sa « patrie » d’Hollywood au plus bas côté popularité : 23% contre 65% il y a six ans. Mais comme dans Terminator, il a déjà promis un come-back.