Demande à FredO |
Par Frédéric Chomé |
Pourquoi une Coupe du monde ne peut pas être neutre en carbone |
Voici les principaux postes d’émission de gaz à effet de serre, de la préparation et l’organisation d’une Coupe du monde (j’ai essayé de classer ces éléments en ordre croissant sur base de mon expérience personnelle, certains postes d’émission peuvent manquer) :
1/ Les émissions de fonctionnement des stades pendant la durée de l’épreuve.
2/ Les émissions liées au travail des organisateurs pendant six ans.
3/ Les tirages de la presse internationale qui va publier des milliers d’articles papier sur l’événement.
4/ Les déplacements des sportifs, des délégations, des officiels et des visiteurs (ces derniers seront sans doute peu nombreux au Qatar).
5/ L’énergie pour faire fonctionner les téléviseurs de 1 à 2 milliards d’êtres humains qui vivront l’événement à distance.
6/ La fabrication du merchandising officiel, vendu par les organisateurs.
7/ La construction des stades, leur démantèlement éventuel et leur reconstruction dans le pays final (qui sera probablement un pays amateur de foot).
8/ Les infrastructures hôtelières et de transports privés et publics qui devront être développées dans le pays organisateur pour absorber l’événement.
9/ La fabrication des nouvelles télévisions qui seront vendues à de nouveaux consommateurs (pays émergents) ou en replacement par obsolescence programmée (pays développés) avec des promotions « Coupe du monde ».
10/ La fabrication de tous les biens vendus dans le monde entier par les sponsors de la Coupe (de la chaussure de sport à la boisson rafraîchissante).
Si en tant que consomm’acteurs, on ne peut pas agir directement sur les premiers postes, en revanche nous disposons de véritables leviers sur les derniers.
Par contre, ce qui est certain, au regard de ce périmètre, c’est que la Coupe du monde de football ne sera JAMAIS NEUTRE EN CARBONE, car les seuls coûts pour compenser les émission de gaz à effet de serre se situeraient probablement autour du milliard d’euros…
Par ailleurs, une Coupe organisée au Qatar pose d’autres problèmes, comme souligné par Bruno Rebelle sur Libération :
Problématiques quasi insolubles sur l’eau pour alimenter les stades et les établissements hôteliers pour loger officiels, sportifs et visiteurs.
Conditions d’emploi locales dans la construction déplorables.
Probable renforcement du travail des enfants pour les produits fabriqués par les sponsors.
Inscription de l’événement dans le pays sans aucune « Legacy » c’est-à-dire aucune vision sur ce que cela apportera aux populations locales à long terme.
Bref, oublions le Qatar et retournons en priorité à l’amélioration de nos émissions directes et indirectes, à la maison, au travail, en vacances, etc.
FredO
PS : à lire aussi, une interview que j’avais donnée en juin dernier à Terra eco au sujet de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud.
Directeur de Factor X, un bureau de conseil en stratégie climatique et développement durable qui a notamment travaillé sur le bilan carbone des JO 2012 de Londres. |
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