Ca y est le ventre de l’architecte est repus. Sa verrue est inaugurée, et il a fait ripaille, fort de ces honorailles qui l’ont comblé pour sa glorieuse création.

Le ventre est plein de suffisance, et son propriétaire s’étale sur papier glacé.

Sa verrue, pendant ce temps là, commence une vie indépendante, émancipée de son corps géniteur.

La voilà prête à accueillir des poussettes et des fauteuils roulants à coups d’escaliers esthétisants.

La voilà fonctionnelle et agréable à vivre, plaçant facétieusement les ascenseurs à l’extérieur du bâtiment, accessibles par clé, détenues par des personnels de sécurité tellement dévoués à leur tâche d’ouvreur qu’ils ne prennent plus le temps de manger.

La voilà fine esthète, dépourvue de toute poubelle, pour s’assurer qu’aucun parasite visiteur ne se hasardera à chercher a jeter un papier gras. Et qu’on ne vienne pas glisser sur le dit papier gras délaissé, ce serait lui faire trop d’honneur.

La voilà, habillée de planches, si habilement choisies et posées qu’elles glissent déjà sous le pied après la pluie d’automne et qu’elles s’annoncent tellement imbibées qu’on les imagine pourries dans deux ans.

La voilà parée d’une double peau métallique, si joliment peinte qu’on voit déjà suinter les ruissellements de suie, qu’on la voit recouverte de bâches et qu’on l’imagine nettoyée avec amour une fois tous les 5 ans, faute de crédits d’entretien.

La voilà dotée d’un belvédère, si beau et si engageant, qu’on le barre d’un filin plastique rouge et blanc, pour tenir le suicidaire hors d’atteinte.

Sur le départ la verrue nous glisse son au-revoir, sous la forme d’une soufflerie de ventilation, idéalement placée à hauteur d’oreille sur le trottoir...

Moralité : Quand le ventre est plein, la verrue trinque.