« L’environnement est plus qu’un mode de vie, c’est une raison d’être. » A en croire Sony, leader mondial des produits électroniques grand public, l’étendard du développement durable flotterait désormais sur son siège social à Tokyo. La Playstation troisième du nom, dernier bijou technologique, devrait arriver dans les souliers de nombreux ados pour Noël. La petite boîte sera-t-elle totalement verte ?
La PS3 entame son voyage au Japon où
elle est en grande partie assemblée. Cap
ensuite sur Tilburg aux Pays Bas, puis
Bussy-Saint-Georges en Seine-et-Marne.
C’est de cette petite commune que la
console, des kilomètres plein les câbles et bombardée de tests, repart en direction,
cette fois, des rayons des supermarchés.
Car pas question de voyager toute sale.
Depuis l’adoption, le 1er juillet 2006, de
la directive européenne ROHS (Restriction
Of Hazardous Substance), les
producteurs de produits électriques et
électroniques sont tenus de limiter, voire
de supprimer, les substances chimiques
jugées dangereuses.
Epinglée en 2001 par les autorités néerlandaises pour un excès de cadmium dans les câbles de ses Playstation 2 [1], la firme tente de rectifier le tir. Selon son rapport de responsabilité sociale, Sony fait réaliser de nombreux contrôles par Bureau Veritas, un laboratoire privé indépendant. La multinationale affirme aussi qu’elle n’utilise plus de matériaux tels que le plomb et le chlorure de polyvinyle (PVC) dans la fabrication de ses ordinateurs. Mais pour ce qui est de la Playstation, c’est silence radio sur le volet du développement durable. « Ils n’aiment pas trop communiquer sur ce sujet », confesse un attaché de presse de Sony Computer Entertainment. Malgré de nombreuses relances, impossible de savoir ce qui se dissimule dans le ventre de la bête. Le flop du lancement de la console aurait-il rendu nerveux certains cadres de l’entreprise [2] ? On apprendra toutefois que la PS3 consomme 175 Wh en activité contre 160 Wh pour la Xbox de Microsoft et 17 Wh pour la Wii de Nintendo [3]. En revanche, pas un mot sur la nature des composants.
Sept ans de durée de vie
Alors qui croire ? Pour Greenpeace, les efforts de Sony Europe pour produire « responsable » sont réels. Mais aucune preuve tangible pour autant. D’abord, de l’aveu même de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, les contrôles réalisés a posteriori sur les consoles de jeux sont rares. Ensuite, les associations environnementales ne se sont pas encore penchées sur le produit. Yannick Vicaire, responsable pour Greenpeace de l’opération Vigitox – le classement de la hightech responsable –, explique : « Ce sont les produits de plus grande consommation, comme les ordinateurs ou les téléphones portables, qui polarisent les attentions. »Enfin, les consoles de jeux vivent longtemps. Entre sept et huit ans. Dès lors, les problèmatiques du recyclage se posent avec moins d’acuité. Fabrice Bohain, du Cercle national du recyclage, souligne : « Les PS3 n’ont pas encore atteint l’étape du recyclage. Car les gens donnent ou revendent leurs anciennes consoles. » Sony appartient à l’European Recycling Platform, l’un des quatre éco-organismes français auxquels sont tenus d’adhérer les producteurs de produits électroniques. Et d’après Umicore, acteur prépondérant du recyclage de ce type de déchets, la firme japonaise afficherait un sincère souci de récupérer ses matériaux recyclés. —
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