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31-03-2011
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Energies
Etats-Unis

Etats-Unis : Les leçons de Fukushima

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Etats-Unis : Les leçons de Fukushima
(Carte des réacteurs en activité aux USA/NRC)
 
Premier producteur d’énergie nucléaire au monde, les Etats-Unis sont-ils mieux préparés à affronter une catastrophe nucléaire que le Japon ? Ils peuvent en tout cas apprendre à l'aune de l'accident.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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1) « Préférez les impossibilités probables aux possibilités improbables »

Najmedin Meshkati, professeur d’ingénierie à l’université de Californie du sud et expert en sûreté nucléaire, aime à citer ce proverbe d’Aristote pour illustrer le défi auquel l’industrie nucléaire américaine est confrontée après Fukushima. « La centrale de Fukushima avait été conçue pour résister à des vagues de 6,5 mètres et non pas de 14 mètres de haut. La leçon ? Nous devons impérativement repenser les systèmes de sécurité de nos centrales nucléaires et nous remettre en question. Si les générateurs de secours avaient fonctionné à Fukushima, nous n’aurions pas cette discussion aujourd’hui. L’installation de systèmes de sécurité redondants n’est pas une garantie suffisante. Ces dispositifs doubles censés fonctionner de manière indépendante peuvent faillir au même moment », assure-t-il. Et d’ajouter : « Ce que le Japon vit en ce moment ressemble au scénario d’un film catastrophe. Personne n’aurait pu prévoir cet enchaînement de circonstances improbables et un tel effet domino. »

2) Avoir une agence de sûreté indépendante

Tout en réaffirmant sa foi dans le nucléaire Barack Obama a confié à la Nuclear Regulatory Commission (NRC), l’agence fédérale chargée de la sûreté nucléaire, le soin de tirer les leçons de l’accident de Fukushima. Elle doit examiner les réacteurs situés sur le territoire américain afin de repérer tout signe de défaillance. Pour Frances Beinecke, présidente du Natural Resources Defense Council (NRDC), une influente association environnementale, l’administration Obama devrait cependant confier la lourde tâche à une commission indépendante plutôt qu’à la NRC. Selon elle, la NRC est un « régulateur peu puissant qui a des liens trop étroits avec l’industrie nucléaire ». Dans une lettre adressée au président Obama, elle suggère aussi de ne pas renouveler les permis accordés aux centrales situées dans des zones sismiques tant qu’une commission indépendante n’aura pas remis son rapport.

Dans un communiqué de presse, l’Union of Concerned Scientists (littéralement « l’Union des scientifiques inquiets) constate que la NRC a conduit 14 enquêtes en 2010 après avoir décelé des irrégularités dans le fonctionnement des centrales du pays. « Si aucun de ces problèmes de sécurité n’a eu d’impact sur la santé des employés des centrales ou du public, reste que leur fréquence (plus d’un par mois) est beaucoup trop élevée pour une industrie expérimentée. Les accidents de Three Mile Island en 1979 et de Tchernobyl en 1986 ont eu lieu quant un petit nombre de problèmes qui avaient été auparavant détectés, et aggravés par des erreurs humaines, ont transformé des incidents routiniers en catastrophes », rappelle le communiqué. Et d’ajouter qu’ « à la roulette du nucléaire, les Etats-Unis ne seront peut-être pas toujours chanceux ».

3) Stocker durablement les déchets radioactifs

« Les évènements au Japon ont montré la vulnérabilité des piscines d’entreposage du combustible usé (qui doit impérativement rester sous l’eau afin de ne pas dégager de rejets radioactifs dans l’atmosphère). Or les Etats-Unis recensent 65 piscines de stockage de combustible usé (la plupart ayant atteint leur capacité maximum) dans 33 Etats, piscines qui sont devenus des centres de stockage permanents alors qu’il ne devait s’agir que de solutions temporaires. Le tout en raison de querelles politiques qui ont conduit à l’abandon récent du projet de stockage des déchets radioactifs sur le site de Yucca Mountain au Nevada », constate Najmedin Meshkati, l’expert en sûreté nucléaire. Selon ce dernier, l’administration Obama doit donc réexaminer le dossier et transférer les déchets au plus vite à Yucca Mountain. Rappelons que le choix de ce site, situé à une heure et demie de Las Vegas, est controversé. L’endroit est en effet sacré par les tribus indiennes de la région, il est enfin bien trop proche de Las Vegas : à une heure et demie de route seulement, selon l’Etat du Nevada.

4) Revoir les plans d’évacuation

L’évacuation de milliers de Japonais aux alentours de la centrale de Fukushima a rendu nerveux les Américains. La Nuclear Regulatory Commission a conseillé aux citoyens américains qui se trouvaient dans un rayon inférieur à 80 kilomètres de la centrale de Fukushima de quitter les lieux. Pendant ce temps, les autorités japonaises se contentaient d’évacuer les populations dans un rayon de moins de 20 kilomètres. Notons cependant que la politique officielle des Etats-Unis en cas de rejets radioactifs est d’évacuer les résidents dans un rayon de 10 miles (soit 16 kilomètres). Andrew Cuomo, le gouverneur de l’Etat de New York, qui milite en faveur de la fermeture d’Indian Point, la centrale la plus proche de la ville de New York, a dénoncé des plans d’évacuation dans son Etat peu réalistes. 20 millions de personnes résident dans un rayon de moins de 80 km d’Indian Point, centrale située de surcroît dans une zone sismique. Un article du New York Times a rappelé que suite à l’accident de Three Mile Island et à la montée de l’opposition anti-nucléaire, la centrale de Shoreham dans l’Etat de New York, n’a jamais démarré sa production. Mario Cuomo, à l’époque gouverneur de New York (et père d’Andrew Cuomo) avait en effet refusé d’approuver le plan d’évacuation d’urgence soumis par le gérant de la centrale. Enfin, selon un sondage réalisé par CNN, seuls 18% des habitants qui résident à proximité des centrales sont équipés de kits d’urgence tandis que 60% d’entre eux ignorent quelle route emprunter en cas d’évacuation.

5) Ecouter l’opinion publique

« L’opposition anti-nucléaire monte aussi vite que la température dans les réacteurs de la centrale Fukushima », affirmait récemment Lester Brown, le directeur du Earth Policy Institute, une organisation environnementale. Un récent sondage de CBS News révélait que seuls 43% des Américains sont en faveur de la construction de nouvelles centrales nucléaires contre 57% en 2008. Aux Etats-Unis, les experts s’accordent à dire que la crise japonaise risque de freiner les ambitions nucléaires du pays. Avant même la catastrophe de Fukushima, un sondage du Wall Street Journal (effectué en février) et NBC News révélait que 40 % des Américains étaient plutôt ou totalement opposés au fait que le gouvernement fédéral subventionne l’industrie nucléaire.
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Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

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