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Media Circus, tant que dureront les médias jetables

Par Walter Bouvais
3-03-2016

Toi, président. Nous, citoyens

On aurait pu penser que les attentats, la montée du FN et la désaffection pour des politiques interchangeables, les serments de la COP21...provoqueraient un sursaut et le réveil des élites. Au lieu de cela, celles-ci se perdent en arguties pathétiques sur la déchéance de nationalité et, chaque jour s'enferrent à imposer une recette qui ne fonctionne pas : le néolibéralisme. Qu'attendons-nous, nous les maillons d'une société civile si inventive, pour prendre la main ?

Voilà bientôt 18 ans que je pratique mon métier de journaliste, 12 ans celui de journaliste-éditeur. Et si, malgré les difficultés, je continue, toujours enthousiaste, de le pratiquer avec Terra eco​, si nous nous sommes battus toutes ces années, c’est pour refuser de consentir à ce naufrage : l’élite à laquelle, Toi, président, tu appartiens, entend donc mettre notre société sous la coupe réglée du néolibéralisme et propage ainsi le poison de notre civilisation.

Le pire, dans cette affaire, c’est que cette élite politique, économique et même parfois médiatique, entend imposer sa leçon de néolibéralisme à toutes et tous, et frapper du sceau de l’évidence la nécessité d’être réduits à une variable d’ajustement dans un tableur Excel, d’être et rester flexibles, taillables et corvéables à merci, tandis qu’elle, cumule les mandats, prolonge l’âge de départ de ses capitaines d’industrie, leur prévoit des primes de bienvenue et des retraites chapeau. Bref, cette élite prend bien soin elle-même de s’extraire des mailles du filet dans lequel elle entend attraper nos vies.

La défaite de l’intelligence

Cet assujettissement aveugle "des autres" à l’économie, alors même que les ressources naturelles nous imposeront très bientôt leurs limites physiques, constitue à n’en pas douter la plus grande erreur de notre civilisation moderne. L’obstination dans cette voie, malgré les avertissements instruits et très raisonnés de personnalités comme Thomas Piketty (sur les inégalités), Gaël Giraud (sur la folie de la finance et le traitement de choc à lui administrer), Esther Duflo (sur les chemins pour sortir de la pauvreté), et tant d’autres, est une faute : elle marque la défaite de l’intelligence.

Bien entendu, le monde a changé et il ne s’agit pas de ne rien faire ou de ne pas s’adapter à une réalité historique nouvelle. Encore faut-il réfléchir à un projet de société mobilisateur, enviable, dans lequel se dessine pour nos enfants un avenir heureux, paisible, et qui tienne un minimum compte de nos ressources naturelles. Nous aspirons tous à cela et sommes prêts à nous relever les manches pour ça. Mais depuis que le "droit" de vote m’a été confié, on ne m’a jamais proposé un tel projet de société. De fait, on ne m’a proposé aucun projet de société. Le seul projet des élites elles-mêmes inféodées au diktat néolibéral d’autres élites - celles de Bercy - consiste à "gérer", pas à inventer. "Gérer" : ce terme si moche est à ce point au coeur des "éléments de langage" de l’élite qu’il infuse dans toute la société et que, désormais, les parents eux-mêmes "gèrent" leurs enfants. Joli programme.

Les idées foisonnent... dans la société civile

Les élites quant à elles ne se font pas de souci pour leurs enfants quand, même en travaillant prétendument au service de l’Etat, elles se maintiennent si longtemps qu’elles finissent par accumuler de quoi mettre leur descendance à l’abri pour une ou deux générations.

Vous, présidents, présidentes, dirigeants, dirigeantes, vous avez perdu toute éthique. Ne parlons même pas du sens des réalités, lorsque de celles-ci vous ne savez plus rien.

Mais la société civile est là, dont le coeur palpite, dont l’intelligence collective est palpable, foisonnante, étonnante, maladroite parfois, mais tellement innovante, elle. De la permaculture aux énergies renouvelables, de la finance alternative à l’entrepreneuriat social, de l’artisanat au numérique, de l’éducation aux nouvelles formes de démocratie active : les idées et, surtout, les expérimentations réussies, ne manquent pas. Mais où sont les soutiens politiques, les décisions courageuses, les financements, pour tester à grande échelle la portée de ces idées et, en cas de succès, les déployer massivement ? Empêtrées dans leurs conservatismes, loin du terrain, en panne d’idées, les élites ne voient pas, n’entendent pas et, en définitive, ne proposent rien d’autre que les vieux débats formolisés et bâtis sur la persistance rétinienne d’un monde - les Trente Glorieuses - qui n’est plus et ne reviendra pas.

Engageons-nous, enfin

Confrontée à telle obstination, je regrette, malheureusement, que notre société civile dont chacun/e d’entre nous forme un maillon irremplaçable, continue de se laisser balloter ainsi. Qu’attendons-nous, concrètement, pour unir nos énergies de transformations au-delà de nos différences inévitables ? Que nous acceptions de nous laisser broyer est une chose, délirante quand on y songe, mais après tout... Mais les prochains sur la liste sont nos enfants, qui croient en nous et qui nous font confiance chaque jour.

Ne décevons pas leur confiance et reprenons nous aussi confiance. Des solutions existent. Terra eco et bien d’autres les dénichent quotidiennement. Le film Demain de Cyril Dion​ et Mélanie Laurent l’a magnifiquement montré lui aussi.

Pour ma part, je continue de ne pas consentir à ce naufrage. Mais j’espère, les ami/e/s, que nous serons au moins quelques-uns à nous réunir ensemble pour boire quelques verres à la santé de nos fraternités. Et, surtout, à nous secouer et reprendre la main. Quand est-ce qu’on commence ?

Terra eco, c’est de la presse indépendante. Sans lecteurs, l’indépendance n’est rien. Nous lire et nous soutenir, c’est à partir d’1 euro le premier mois. Merci.
COMMENTAIRES ( 27 )
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  • Une fluidité et un orthographe irréprochable, on prend vraiment plaisir à lire ça fait du bien à lire tout ça !
    https://www.therapie-emotionnelle.fr

    14.04 à 05h07 - Répondre - Alerter
  • Comment voir Good Doctor la série episode 1 ?

    9.10 à 12h46 - Répondre - Alerter
  • "En rapport avec http://www.liberation.fr/futurs/201..., je réitère mon appel à porter attention à la pj qui présente les perverses intentions et les dessous cachés des lois et d’articles qui ont réussi à passer les mailles de la vigilance des rares incorruptibles député(e)s, qu’il soit du Sénat français, ou du Parlement européen.
    Notamment sur la loi de transition énergétique.

    La diffusion imposée des compteurs dits intelligents, et le prolongement du fonctionnement des vieux réacteurs, de 10 ans...ne font que partie des mêmes outils pour obliger indirectement à neutraliser l’obligation du pollueur/payeur.
    Et c’est aussi pour ça que la ratification de l’Accord de Paris traîne autant.

    A mon avis, l’état d’urgence juridiquement consiste à exiger également la soumission de la révision de ces aberrations légalement imposées, au Tribunal Permanent des Peuples et à Celui des Droits de la Nature. Je l’ai déjà signalé dans mon dernier mail à l’assemblée de la synergie des dynamiques juridiques, organisée par Endecocide."

    Voilà 1 exemple d’action civile de la part d’1 simple citoyenne, et qui fut adressé à Marie Toussaint de Motre Affaire à tous. Mais cela intéresserait-il Terra eco ? Je ne suis ni sur Facebook, ni sur twitter...Email et tél. uniquement.

    Et je m’insurge aussi contre la pollution inutile qu’apportera le Très haut débit, lorsque déjà avec le haut débit, un paquet d’énergie est consommé par les Data centers, rien que pour stocker tant d’illusions d’être civilisé(e)s...

    7.03 à 16h13 - Répondre - Alerter
  • D’accord sur le fossé entre les dirigeants et la réalité, sur le besoin de mobiliser la société civile. D’accord sur le besoin d’un nouveau modèle de société durable, qui apporte un revenu juste à ceux qui travaillent. Mais arrêtez de dire que c’est une politique néo-libérale qui est appliquée par bisounours aujourd’hui, c’est ridicule. Le gouvernement pratique un cumul d’adaptations clientèlistes à la petite semaine pour la survie de la caste électoraliste corporatiste ou bourgeoisie d’état. Le poids de la fiscalité et des prélèvements obligatoires n’a rien de néolibéral, l’économie administrée par l’état à base de subventions n’a rien de néo-libéral et les freins normatifs à toute initiative sont technocratiques. Essayez de créer une entreprise et de la faire vivre plus de 3 ans et vous comprendrez. Arrêtez de croire que l’argent pousse tout seul et qu’il suffit de le prendre dans la poche des autres ou qu’il suffit de demander pour avoir. S’indigner c’est bien, agir c’est mieux. Un début de solution consiste d’abord à avoir une démocratie législative directe, sans intermédiaires, et avec possibilité de révocation des élus locaux en cours de mandat. Ensuite privilégier l’autosuffisance domestique. Et donc taxer le coût carbone "en dedans" de la TVA. Donc réduire la TVA quand il n’y a pas de transport. Réduire le coût de l’électricité produite en local de 50%, puisque 50% de l’énergie produite en centrale part dans la nature, par résistance dans le transport haute tension. Donner enfin de véritables ressources aux régions pour dynamiser l’économie locale et l’essaimage plutôt que de créer des organisations qui bouffent 50% des budgets en frais de fonctionnement et alimentent les multinationales pour les 50% restant. Moins d’état et d’organismes para-publics nationaux et plus de responsabilité de la part de chacun. On continue de dépenser et de se comporter comme dans les années 70 alors que le monde a changé, qu’il n’y a plus de planche à billet ni d’inflation pour planquer les erreurs de gestion et alors que nous n’avons plus les ressources de l’époque pour nous imposer. On ne peux plus acheter la paix sociale, il faut l’organiser sur un projet de société qui tient compte de l’épuisement de la planète sans avoir recours à des mesures collectivistes ou protectrices contraignantes. Le rendez vous de 2020, quand il faudra payer les retraites des babyboomers et sa sécurité sociale privée va être saignant, car aucun parti n’a de langage clair...L’électoralisme de toujours qui empêche de dire que nous n’avons plus les moyens de continuer à vivre au dessus de nos moyens. Nous allons devoir nous serrer la ceinture comme les grecs ! La parole magique c’est fini ! Aucun parti ne peut continuer à dire qu’il va raser gratis. Organisez vous dés maintenant pour la sobriété heureuse et à la vie décarbonnée. Je vous laisse, j’ai mes haricots à planter, et si je veux manger cet été....http://marcelle88.over-blog.com/

    6.03 à 23h52 - Répondre - Alerter
  • Merci pour cet excellent article qui reflète exactement ce que nous dénonçons au Collectif Roosevelt, association de citoyens indignés, dont Je fais partie. Depuis sa création en 2012 par Stéphane Hessel, Edgard Morin, Pierre Larrouturou entre autres, nous agissons pour informer, tenter d’apporter des solutions, proposer un nouveau projet de société écologique, démocratique, solidaire avec la participation de tous.
    Il existe des groupes locaux partout en France qui n’attendent que vous pour rendre notre action encore plus efficace. N’hésitez pas à vous renseigner et à vous engager.

    6.03 à 11h40 - Répondre - Alerter
  • Pour répondre à certains qui évoquent ne pas vouloir changer leur mode de vie au profit du changement : surdiplômée, je suis au RSA, je n’ai pas droit aux allocs, je cherche à créer ma boîte, parce que je suis ma passion, tout en cherchant un emploi salarié, sans succès. Parce qu’en France, c’est le piston et les copinages qui marchent et que les compétences et l’intelligence font peur. Je mange malgré tout bio, j’achète juste ce dont j’ai besoin, des trucs d’occasion, de bonne qualité quand même, je donne des cours à des enfants pour pas cher parce que je crois qu’ils y ont droit. J’arrive à faire du sport, à me former en parallèle. Bref, je vis modestement, je ne pars pas en vacances, mais je m’en fiche, je n’ai pas d’écran plat, je mange très peu de produits animaux, mais quand c’est le cas, parce que j’en ai besoin, c’est aussi du bio. Et je m’en sors. J’espère gagner ma vie mieux que ça, pour avoir des enfants, ça n’est pas marrant tous les jours, je suis en colère, et je suis inquiète. Mais cette sobriété m’a plus apporté sur un plan humain qu’un salaire confortable. Alors qu’on ne dise pas que les gens ne voudront pas changer leur mode de vie. De toute façon, si ça continue comme ça, ils y seront contraints, parce que la crise va s’aggraver.

    6.03 à 08h17 - Répondre - Alerter
    • Je te fais un bisous ce Dimanche je suis une mamie et je te félicite
      je souhaite le meilleur pour toi et tes enfants si tu en as ,
      j’ai deux petites filles et je me fait du souci pour elles la maman
      galère grave pour les aider je fais ce que je peux :D
      Bonne journée

      6.03 à 10h35 - Répondre - Alerter
      • Merci.
        Je n’ai pas d’enfants, pour le moment. Je n’ai plus beaucoup de temps devant moi pour ça. Mais je ferai tout pour leur offrir une vraie éducation, des valeurs, du bonheur.
        J’hésite à faire des enfants néanmoins, au vu de l’évolution du monde. J’envisage de quitter la France pour cela.
        Je ne veux pas qu’ils aillent dans une école qui n’est plus qu’une farce.
        Et pardon pour les enseignants. Ca n’est pas leur faute.

        7.03 à 19h02 - Répondre - Alerter
    • Bravo Coralie, vous avez bien raison votre façon de vivre, économe par nécessité, mais riche par ailleurs est une belle leçon de courage. Vous y arriverez j’en suis certaine même si le chemin est long. Je fais partie des citoyennes qui prônent entre autre changement le revenu universel de base pour tous. J’ai autour de moi nombre de jeunes sur diplômés voulant vivre au pays qui sont en galère... mais comme vous vivent différemment. Ensemble nous pouvons faire évoluer le monde. Fraternellement votre, je vous embrasse. Une grand maman solidaire

      7.03 à 16h04 - Répondre - Alerter
      • Merci beaucoup, c’est très aimable.
        Je ne suis plus si jeune que ça, mais jeune entrepreneuse, oui.
        Ce qui me désole, c’est la médiocrité ambiante qui se répand à tous les niveaux dans ce pays, le manque d’ambition pour la jeunesse au niveau de l’éducation, et de la culture, et l’ignorance grandissante du passé, alors que savoir d’où nous venons devrait nous aider à progresser.
        Les barrages faits à tous pour travailler (dans le bon sens du terme), se former, s’exprimer, le tout avec des ambitions.
        Le résultat va se ressentir sur les prochaines générations, politiquement, économiquement. La France va tomber très bas. A moins d’un profond changement et une reprise en main de la démocratie par les citoyens. Comme l’appelle de ses vœux quelqu’un comme Larry Lessig. Restaurer la démocratie d’abord.

        7.03 à 19h00 - Répondre - Alerter
  • Que pensez-vous des mouvements La Transition, ou bien du Rassemblement Citoyen de Corinne Lepage ?
    (je n’en fais pas partie). Il faut bien commencer quelque part. Que proposez-vous ?

    6.03 à 08h09 - Répondre - Alerter
  • La 6eme republique ecologiste du philosophe Dominique Bourg
    avec une chambre du long terme est une piste intéressante.

    Sinon J’ai aussi un outil a partager www.monptivoisinage.com
    réseau social de proximité c’est un levier pour l’émergence de l’économie collaborative et aussi la consommation locale a la part belle une section y est entièrement dediée avec les jardins partagés, les Amaps, ruches, producteurs locaux...
    monptivoisinage ou comment sortir de l’individualisme, redonner un sens a sa communauté, et essaimer sa pratique de colibri autour de soi.
    Avec un Kit ambassadeur gratuit on a des affiches, des dépliants, etc.. de quoi faire pour assez rapidement tisser ou retisser du lien avec un outil qui du coup crédibilise la démarche, cela la rend moins farfelue. Jetez un œil ;) !!!

    5.03 à 22h16 - Répondre - Alerter
  • Il y aura toujours les gens POUR, les gens CONTRE, et les QNSPP.
    Ceux qui sont POUR adhéreront. Ceux QNSPP s’en foutent plus ou moins... Mais comment faire passer des idées, des projets de vies, de Sociétés, auprès de ceux qui sont CONTRE sans tomber dans un schéma, certes caricatural mais logique, au fonctionnement dictatorial : "Nous sommes majoritaires donc décidons pour vous ! Mais ne vous inquiétez pas, tout ce que nous allons mettre en place vous sera bénéfique à plus ou moins long terme !" . Compliqué. Dangereux. Y-a du boulot. Retroussons-nous les manches et les méninges...

    5.03 à 19h55 - Répondre - Alerter
  • Combien de personnes, dans la "société civile" évoquée, seraient favorable à une baisse du pouvoir d’achat, un changement d’activité, une réduction de la mobilté, une défiguration des paysages avec des éoliennes, un changement d’alimentation, etc ?

    Car c’est bien de ça qu’il s’agit, in fine, si les projets ’alternatifs’ se déployaient massivement. Si par exemple les gens covoituraient massivement, ça signifie moins d’emploi et moins d’activité économique dans les secteurs de l’automobile, mais aussi des secours (moins d’accidents), du génie civil (moins d’usure des routes,...) etc . Et moins d’activité économique signifie moins de PIB, une réduction du budget de l’état, une fragilisation accrue de notre modèle social et du système de santé, ...
    On pourait faire le même genre de raisonnement pour manger végétarien, ou voyager moins, ou consommer moins, ... Il n’y a pas beaucoup d’actions de ce qu’il "faudrait faire" qui, si elles étaient généralisées, ne seraient pas récessives ni n’impacteraient l’activité de centaines de milliers de citoyens.

    Le problème, c’est le changement. Personne ne veut vraiment que ça change, ou du moins pas dans ce sens. On vote pour des politiques qui pourront perpetrer l’ordre ancien, celui où l’énergie et les resources abondantes permettaient la croissance de l’activité économique et du pouvoir d’achat, le plein emploi, l’illusion du progrès, la conviction que avoir une voiture et un système de sécurité sociale était un "droit".

    Il ne faut donc pas trop critiquer les élus. Ils sont à notre image.

    4.03 à 21h17 - Répondre - Alerter
    • Moi je serai favorable à une baisse de mon pouvoir d’achat. Car voir mon pouvoir d’achat s’accroître, mais dans le même temps voir s’accroître les gadgets futiles aussi vite remplacés qu’achetés... Non merci. A quoi me servirait ce pouvoir d’achat qui augmenterait, si l’on ne me propose que des choses qui appauvrissent le reste de l’humanité et qu’il va falloir que j’aide à mieux vivre ?
      Ne pas perdre son pouvoir d’achat, c’est déjà une préoccupation qu’un bon nombre aimerait avoir.

      Je serai aussi favorable à un changement d’activité. Combien de personnes exercent leur métier sans comprendre pourquoi elles le font ? Il faut bien gagner de quoi vivre, et donner du sens à sa vie, non ? Alors si aujourd’hui c’est difficile, j’imagine assez bien qu’avec l’aide de quelques autres, nous pourrions proposer un moyen d’apprendre plusieurs métiers et exercer des activités en s’inscrivant dans des projets qui font sens, non pour un enrichissement individuel sans limite, mais pour le bien public.

      Favorable à une réduction de la mobilité, je le suis déjà pour mon cas personnel.
      Je pouvais le faire. Je ne demande rien aux autres, chacun sait ce qu’il peut faire ou non selon ses spécificités.

      Bien entendu, je suis favorable aux éoliennes, dès lors qu’elles défigurent le paysage à la place des centrales des nucléaires et des centrales à charbon, que je ne trouve pas particulièrement sexy. Comme je suis favorable, d’ailleurs, à toutes les énergies renouvelables dont il est prouvé aujourd’hui qu’elles sont créatrices d’emplois, viables économiquement et bénéfiques socialement (voir le scénario négawatt pour la transition énergétique en France et l’étude qui en a été faite par le chercheur du CNRS, Philippe Quirion, laboratoire CIRED)

      J’ai aussi changé un peu mon alimentation. Je mange moins de viande et j’essaie de manger bio le plus que je peux. C’est pour soutenir l’agriculture alternative, qui le jour où elle ne sera plus alternative aura redonné ses vertus à la terre nourricière de mon enfant et cessera cette incompréhensible fuite vers des pratiques promises à ne laisser plus qu’un désert à ses propres enfants ?
      Voir le film "Demain", a achevé de me convaincre qu’il est possible de "nourrir" l’humanité, par une alimentation saine, avec des liens de convivialité et dans le respect de son environnement, donc des autres.

      Enfin, les projets alternatifs sont bien, de mon point de vue, une chance de redonner de l’espoir au plus grand nombre. Car il ne s’agit rien d’autre que de faire les choses autrement, en gardant toujours à l’esprit le bien être de tous.
      Le covoiturage, c’est aussi désengorger les routes qui saturent, réduire le stress au volant et, mécaniquement oserai-je dire, diminuer les risques d’accidents. C’est partager les frais de déplacement à plusieurs, pour offrir un bon repas, par exemple. Consommer moins de pétrole, pour le réserver à des secteurs d’activités où il est incontournable (réparation des routes, pneus). Consommer moins de matières de premières pour des véhicules dans lesquels il n’y a qu’1 siège d’occupé sur 4 ou 5, et les utiliser dans la fabrication de véhicules plus petits (mais qui conservent les emplois). On peut alors passer à des véhicules alternatifs avec de nouvelles technologies (ce qui créé de l’emploi).

      De l’activité, il y en a, mais vers quel progrès tout cela mène-t’il ? Cela ne me satisfait pas. Savoir que mon bien être a pour conséquence de la misère humaine, et ne rien tenter pour que cela change, ne m’est pas concevable. Il est temps de changer de modèle de société.

      8.03 à 03h10 - Répondre - Alerter
      • Qu’il y ait des gens qui accepteraient de changer d’activité, et de voir se réduire leur pouvoir d’achat, et d’avoir moins de services publics, et une remise en cause du système actuel de santé et d’éducation, c’est un fait. J’en suis aussi. Mais combien sommes nous ? 1% des électeurs ?

        Par exemple, tu évoques Négawatt. Mais as tu vu que c’est 17.500 éoliennes "industrielles" qu’il faudrait, c’est à dire à peu près partout ? Il faudrait aussi des compteurs intelligents pour créer une "smart-grid", or tu peux constater que beaucoup de gens sont contres. C’est aussi une décroissance énergetique de 3,5% par an pendant 20 ans, ce qui, même avec une amélioration sensible du l’intensité énergetique du PIB, correspondrait à une récession (décroissance du PIB) de -1,5 à -2% par an. Qui en veut ?
        Quand à l’étude de Quirion, as tu vu que plus 300.000 emplois disparaitraient dans des secteurs comme l’automobile ou l’aéronautique ? Emplois certes compensés par ailleurs, du moins en théorie, mais on peut comprendre la réticence des interessés, et de leurs représentants.

        Cet article parle d’un président qui a été élu. On peut discuter des limites de la démocratie et des élections, mais on ne peut pas lui reprocher de ne pas mettre en oeuvre une politique qui ne seraient pas acceptée ni comprise par la quasi totalité des citoyens. Car il ne suffit pas d’aller voir "Demain" pour devenir décroissant.
        —Thierry

        8.03 à 09h17 - Répondre - Alerter
  • N’oubliez pas que le revenu médian des ménages - par exemple - est de 2.900 € par mois. La moitié des ménages en dessous (la gauche ?), la moitié en dessus (la droite ?).
    Or, il est sûr que la plupart des commentateurs, des décideurs, des faiseurs d’opinion - j’en suis - se trouvent dans la moitié la moins pauvre.
    Comment voulez-vous que le discours dominant s’intéresse à la vie de la moitié dominée ?

    4.03 à 14h28 - Répondre - Alerter
    • Bonjour,
      L’Histoire montre (Hégel) que tant que les dominés ne se révoltent pas, et bien les dominants .... dominent. Tout l’enjeu est de ne pas refaire une "boucle" qui terminera avec les dominés en dominants avant de recommencer.
      Par contre, pour ce qui est de la caste politique (j’emploie le mot à dessein) en France, j’ai bien peur qu’on ait atteint le point de non-retour où seule une réaction violente des dominés mettra fin à la sclérose des élites.
      Cordialement.

      7.03 à 16h13 - Répondre - Alerter
  • Les citoyens sont prêts, archi-prêts, à se passer de l’élite politique pour faire bouger les choses dans le bon sens, à grande échelle. Mais ils attendent deux choses : du temps (pour s’informer, se déplacer, se rencontrer, oeuvrer) et une guidance. Ils savent maintenant qu’ils forment une communauté de pensée. Mais elle reste virtuelle, et quand elle devient physique, c’est à petite échelle (start-up, asso...). Le facteur permettant de basculer vers le mouvement de masse est une personne ou un groupe de personnes, capable de fixer des rendez-vous, des objectifs, des délais, des "feuilles de route" etc. Les gens attendent qu’on les prenne un peu par la main. Il ne s’agit pas de juger mais de constater et d’agir en conséquence.

    Il y a énormément de bonnes volontés et d’initiatives, mais tout est dispersé. Le projet de société, il est déjà là, il est dans les têtes. Il est très simple : une société juste, respectueuse de ses membres et de l’environnement, sans inégalités ni passe-droits. Nous le portons tous en nous (ou presque). Et chacun le manifeste à sa façon : l’un essaye de changer les mentalités, l’autre donne de son temps dans une association caritative, un troisième fait des films, un autre cultive ses légumes bio, etc.

    Il y a deux façons de changer une société : soit de manière radicale et globale (les révolutions), soit de manière progressive et dispersée (les évolutions). La seconde prend du temps, et c’est ce qui pose problème. Car tout s’accélère et les urgences s’accumulent. Pour autant, même si beaucoup en parlent, la majorité des gens ne veut pas d’une révolution. On en connait trop les effets délétères, ne serait-ce qu’avec les conséquences des printemps arabes.

    Il faut donc trouver une troisième voie. Et celle-ci consiste à combiner les deux premières : une action politique forte (révolution) mais pacifique et incluant toutes les initiatives individuelles (évolution).
    Ce n’est pas notre élite politique qui s’en chargera, évidemment. Cela viendra de la société civile. Les assemblées citoyennes pourraient en être l’expression. Si dans chaque village, chaque quartier, selon un calendrier commun, les gens se rassemblaient pour définir les orientations à mettre en oeuvre ensemble (chacun repartant avec sa feuille de route et un rendez-vous bilan), d’abord au niveau local, ce serait déjà un grand pas. On n’a pas besoin de l’accord des politiques pour ça.
    La même démarche pourrait ensuite s’envisager au niveau national...

    Mais pour ce faire il faut du temps et de l’énergie : le revenu minimum universel permettrait de dégager dans un premier temps ces deux éléments essentiels.
    Et pour que chacun soit prêt à s’investir sans craindre de manquer de confort, le troc, l’échange, le prêt, le partage (en forte émergence) deviendraient majeurs, loin devant l’argent.
    D’une certaine manière tout est déjà en place ou presque, notamment grâce à internet.
    Ne manquent que les rassembleurs.

    A bons entendeurs...

    4.03 à 11h43 - Répondre - Alerter
    • La 6 eme republique écologiste avec une chambre du long terme prônée par le philosophe Dominique Bourg est une piste intéressante.

      5.03 à 22h21 - Répondre - Alerter
    • Bonjour, complètement d’accord... mais je crois que le changement de paradigme est une obligation pour tous et que de grands bouleversements, que je souhaite constructifs, se profilent. Un peu compliqué pour l’instant, mais il y a des frémissements chez nombre de jeunes que je côtoie en zone rurale, qui vivent autrement, chichement, solidairement... alternativement (gros mot) mais avec beaucoup de créativité, d’inventivité... Ils ont pour la plupart fait des études (entre bac et bac + 5), sans boulot, ou alors précaires et inintéressants parce qu’ils veulent vivre " au pays ". Aussi ils font des choix de vie plus collectifs, plus participatifs, se fichent des écrans plats, font leur jardin, élèvent des poules, achètent en cycle court, se débrouillent pour s’entraider en fonction de leurs compétences, développent l’économie circulaire à leur échelle, sont peu mercantiles et consomment différemment, etc. Alors pour eux et bien d’autres je souhaite qu’un débat adulte et pragmatique se fasse autour du revenu universel de base notamment ! Je suis certaine que ce serait un formidable levier pour celles et ceux qui ont des activités (non rémunérées) ou du travail précaire partiel (notamment les femmes). De plus cela aurait la vertu de ne plus désigner les soi-disant assistés. Et pour les personnes qui comme moi n’en ont pas besoin la possibilité d’investir davantage dans les associations, la culture, les projets coopératifs et j’en passe. Il y nombre de citoyen(ne)s qui ont envie d’une évolution positive, à nous de trouver les relais localement pour faire entendre nos propositions et faire mouvement vers davantage de justice créative, sans utopie mais humanisme. Une grand maman pacifique citoyenne du monde.

      7.03 à 15h50 - Répondre - Alerter
  • Ben nous on a déjà commencé : nous venons de créer une start-up politique Européenne, ça s’appelle START>. Aussi sur http://start-fr.org. On s’en parle ? Et puis on y va. :)

    4.03 à 10h32 - Répondre - Alerter
  • Gregory - whyboOk : Toi, président. Nous, citoyens

    Walter, on en a parlé plusieurs fois, lance une question à notre cher président sur whyboOk.org et relaie-la sur Terra Eco ... Ou, en tant qu’outil de mobilisation, propose aux lecteurs de Terra Eco de poser leurs questions.
    A bientôt.
    Gregory

    4.03 à 10h26 - Répondre - Alerter
  • Merci pour cet article qui retransmet exactement mon état d’esprit et plus encore ces derniers jours...
    Pour ma part, en plus de vivre en fonction de mes convictions, j’essaye dans mon job (fonction publique) de changer aussi les mentalités... petit Colibri, je ne t’oublie jamais car c’est la persévérance qui me porte et me donne la foi de continuer à avancer et tenter à mon échelle de faire bouger les choses et les gens...

    3.03 à 22h30 - Répondre - Alerter
    • Mais oui, tout à fait d’accord. Cela commence par "faire sa part", chacun à sa mesure, là où il est, ici et maintenant. La responsabilité collective n’a de sens que via les responsabilités individuelles. Ce qui n’empeche pas de prendre une part active aux actions collectives, évidemment :-)

      4.03 à 11h57 - Répondre - Alerter
  • Les salles étaient pleines pour ce film "Demain".
    Mais que faire pour que, une fois la séance passée avec tous ces spectateurs acquis à la cause, les gens ne rentrent pas chez eux en continuant à vivre comme avant, en se donnant seulement bonne conscience avec quelques gestes dérisoires ?
    En fait ils continuent dans leur immense majorité à être des acheteurs consommateurs de produits et de loisirs sans discernement, évitant de toucher à leur comportement (nourriture, transport...) en ne privilégiant que leur intérêt particulier.

    3.03 à 19h22 - Répondre - Alerter
    • « En fait ils continuent dans leur immense majorité à être des acheteurs consommateurs de produits et de loisirs sans discernement, évitant de toucher à leur comportement (nourriture, transport...) en ne privilégiant que leur intérêt (...) »
      Le film Demain montre des initiatives pêchées dans plusieurs pays "partout dans le monde des solutions existent". Des spectateurs peuvent penser "dans ce pays ils ont de la géothermie, dans cet autre pays ils ont le droit d’acheter une éolienne...)

      J’ai vu ce film et j’ai pensé que l’impact sur les spectateurs aurait été plus forte si on avait vu des initiatives près de chez les gens : en France dans les villages, les quartiers existent des initiatives, des solutions qui réinventent le monde de demain à partir des meilleurs solutions d’aujourd’hui et ces solutions se trouvent "à portée de main" et montrent que c’est possible (puisque dans la région voisine de la mienne émerge des initiatives qui marchent !).

      4.03 à 13h08 - Répondre - Alerter
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