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14-11-2013
Mots clés
Energies
Electricité
France

Quand les éoliennes tournent au financement citoyen

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Quand les éoliennes tournent au financement citoyen
(Crédit photo : kara_allyson - flickr)
 
Dans le Morbihan, un millier de particuliers ont financé un parc éolien qui verra le jour l'an prochain. Partout en France, plus de 2500 impatients sont prêts à investir pour prendre, comme eux, la transition énergétique en main.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Consommateur éclairé, Michel Leclercq se sentait impuissant en matière d’électricité. Après une tentative infructueuse d’installer une éolienne dans son jardin, ce sculpteur breton ne se résignait pas à alimenter ses ampoules à l’énergie nucléaire. Pour ne plus subir les orientations stratégiques d’EDF, deux options s’offraient à lui : se brancher sur Enercoop, le fournisseur d’énergie verte, ou relocaliser. Il a choisi les deux. « Avec des amis maraîchers, on s’est dit qu’en jouant collectif, on pouvait se réapproprier notre production d’énergie. »

Dix ans plus tard, Béganne, petite commune du Morbihan, s’apprête à inaugurer le plus grand parc d’éoliennes françaises à financement citoyen. Avant l’été 2014, quatre installations d’une puissance de 2 mégawatts (MW) couvriront les besoins de 8 000 foyers, soit l’équivalent de la population du canton. Le premier actionnaire de cet investissement de 12 millions d’euros ? Les habitants du coin. A eux tous, 1 000 particuliers détiennent 87% du capital de l’entreprise Bégawatts, fondée en 2010 pour gérer le parc éolien. Aux côtés de Michel Leclercq, et derrière l’association Eoliennes en pays de Vilaine qu’il a créée, ils ont investi en moyenne 1 700 euros chacun. Plusieurs banques, la caisse des Dépôts et un fonds régional se partagent le reste du capital.

80 000 Allemands financent des énergies renouvelables

Le système, qui essaime en France à travers des dizaines de projets de plus petite échelle, s’inspire de nos voisins européens. « Outre-Rhin, la moitié de la puissance installée d’énergie éolienne ou solaire est financée par des particuliers ou des collectivités », souligne Michel Leclercq, admiratif. Ainsi, quelque 80 000 citoyens allemands possèdent des parts dans les énergies renouvelables. Le Danemark va plus loin, en imposant que 20% du capital de chaque éolienne soit détenu par de simples citoyens. La France, elle, commence tout juste à voir les vertus du système. La première d’entre elles ? Faire accepter l’éolienne dans le territoire.

« Si on m’avait dit qu’une multinationale allait installer des éoliennes à moins d’un kilomètre de chez moi et utiliser nos ressources naturelles pour alimenter je ne sais quel fonds de pension basé à l’étranger, j’aurais sans doute protesté », reconnaît Didier Jam, un des plus proches voisins du site d’implantation de Bégawatts. « A l’inverse, ce projet porté par un groupe de citoyens me correspond. » A tel point que ce professeur des écoles, qui a pris la tête d’un club de 20 investisseurs, s’excuse presque de n’avoir placé « que 500 euros » dans le projet.

Cette histoire bretonne fait écho à un conte auvergnat. Au cœur de paysages dignes de publicités pour de l’eau en bouteille, l’implantation d’énergies renouvelables est souvent source de crispations. En 2008, lorsque des élus de Loubeyrat (Puy-de-Dôme) et des villages voisins présentent un projet industriel de parc éolien porté par une société spécialiste de l’offshore, un groupe de citoyens s’étrangle. « Tel qu’il était ficelé, ce projet typique du capitalisme de marché ne nous convenait pas », se souvient Isabelle Gardère. « Mais protester n’allait rien changer, il fallait occuper le terrain », poursuit la présidente de l’association Combrailles durables. La poignée d’habitants propose alors un projet alternatif : développer eux-mêmes des énergies renouvelables en commençant par installer des panneaux solaires sur le toit de l’école primaire. Les élus les prennent au mot et suspendent le projet initial.

Pour 750 euros, produire de l’énergie pour vingt ans

« En termes de crédibilité, ce n’était pas gagné : notre conseil d’administration réunit entre autres un vétérinaire, un charpentier et un prof de maths », s’amuse la présidente, elle-même ingénieure agricole. « En matière d’énergies et d’entrepreneuriat, nous sommes tous des incompétents notoires », sourit-elle. Cinq ans plus tard, « les incompétents notoires » ont à leur actif sept centrales photovoltaïques, financées par 180 coopérateurs, pour une puissance de 103 kilowatts (kW). « Tel que notre système fonctionne, en achetant 15 parts coopératives, soit un investissement de 750 euros, chacun peut produire l’intégralité de l’énergie de son foyer pour vingt ans, c’est extrêmement satisfaisant », détaille cette élève modèle dont la famille produit 400% de ses besoins.

« Le problème, c’est que dans un village d’un millier d’habitants, le nombre d’investisseurs est limité », poursuit-elle. Alors pour financer quatre nouvelles centrales d’ici à l’automne prochain, les banques ont pris le relais. Soucieuse de garder un socle citoyen, l’association a lancé une collecte sur le site de financement participatif Ulule avant de faire appel au fonds d’investissement Energie partagée.

7 commentaires
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RÉPONSES DE LA RÉDACTION
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  • Bonjour
    Pour les communes qui désirent l’autonomie électrique vous avez ceci.
    La technologie à évoluée du fossile au solaire, et puis du solaire /éolien à ceci :
    www.ipstotalgreenenergymaroc...
    (Contact via ce blog)
    www.ips.totalgreenenergy.com
    100% écologique et investissement réduit. Montage financier Win-Win. Coût réduit de production du kWh donc prix final inférieur pour tous.

    18.08 à 12h47 - Répondre - Alerter
  • Le financement participatif, souvent baptisé « financement citoyen » ou « crowdfunding » est une invention de financier. Il permet aux promoteurs « d’acheter » la population et surtout de trouver les financements que l’Etat ne peut plus assurer. En outre, il pallie à la défection des banques qui hésitent de plus en plus à investir dans le secteur de l’éolien touché par des déboires dans le monde.
    Il s’agit d’une astuce de financier pour faire porter le risque sur des petits investisseurs tout en assurant leur profit. Si les affaires tournent mal, les petits investisseurs perdront probablement leur mise. C’est le cas en Allemagne où 75 000 épargnants viennent d’être impactés par la faillite du promoteur Prokon.
    Il est grand temps de voir clair et de sélectionner les vraies énergies renouvelables, c’est-à-dire celles qui sont fiables (hydraulique, géothermie, biomasse) contrairement aux énergies intermittentes comme l’éolien ou le solaire.
    La crise financière actuelle et la pression sur les finances publiques entraîneront inéluctablement une diminution des subventions qui va fragiliser le secteur éolien en particulier : la bulle de l’électricité verte, c’est-à-dire solaire et éolienne, est en train d’éclater…

    14.08 à 11h46 - Répondre - Alerter
    • Effectivement. Ceux qui veulent profiter de l’argent des autres (subventions venant de la CSPE sur notre facture d’électricité) risquent gros.
      C’est moral.
      Surtout pour desoptimiser le système en remplaçant du pilotable décarboné par un mix électrique : gaz (75%) + intermittent (25%).

      Avec la complicité des journalistes.
      Comprenne qui pourra.

      3.01 à 17h22 - Répondre - Alerter
    • Il faudrait m’expliquer comment moi, petit investisseur, j’assure le profit d’un d’un financier, étant donné que rien ne passe par lui. Je pose des panneaux, je passe un contrat avec Enedis pour 20 ans, qui me rachète l’électricité à un tarif qui n’est plus celui des années 2010 (18 cts en ce début 2018, au lieu de 60 en 2009). Pas de financier donc, sauf si je dois emprunter pour investir, ce qu’il ne faut pas faire évidemment.
      Soleil et vent ont un seul inconvénient ils sont intermittents comme vous l’avez dit justement.

      La solution réside dans le stockage. Encore faut-il qu’il soit propre. Des solutions existent, encore balbutiantes, comme l’hydrogène mais plus sûrement le volant cinétique. D’ailleurs les imprimés d’Enedis pour le raccordement de production le prévoient déjà !
      La 2e solution qui est en fait complémentaire réside dans le smart grid, cette gestion informatique de la consommation rend les énergies intermittentes beaucoup plus efficace.

      Et, pour terminer, je ne comprends pas non plus pourquoi il y aurait une "bulle" de l’électricité solaire. Etant donné que le prix de l’électricité ne risque pas de baisser car il faut en produire toujours plus et que le coût du nucléaire augmente. Qu’il n’y a pas de "subprimes" de l’électricité et pour cause, Enedis la rachète toujours moins chère, on est loin d’une bulle qui elle, a besoin d’une augmentation pour éventuellement éclater un jour. Alors oui, investir dans le solaire est certainement intéressant.

      16.01 à 12h38 - Répondre - Alerter
  • Trois petites précisions pour l’article , : les citoyens ont financé à 87% les fonds propres du parc éolien de Béganne (et non 30%) , via les membres fondateurs, 53 clubs d’investisseurs ou CIGALES, et le fonds Energie partagée. Ces fonds propres ont permis de lever les emprunts auprès des banques (Triodos, crédit coopératif, Nef, BPI France) pour financer l’ensemble du parc.

    Ces banques ne sont pas dans le capital, donc pas propriétaires du parc. Le fonds régional Eilan, initié par le conseil régional (9 % du capital) regroupe effectivement des banques et une SEM régionale.

    C’est au Danemark , et non aux pays bas que les parcs éoliens doivent ouvrir 20% minimum de leur capital aux riverains.

    20.11 à 10h27 - Répondre - Alerter
  • allez voir sur le site énergie partagée

    17.11 à 22h13 - Répondre - Alerter
  • On signe ou ?

    15.11 à 09h10 - Répondre - Alerter
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