publicité
haut
Accueil du site > Actu > L’objet > Empreinte et bilan carbone : késako ?
Article Abonné
12-01-2011
Mots clés
Sciences
Climat
Monde
Pratique

Empreinte et bilan carbone : késako ?

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
Empreinte et bilan carbone : késako ?
(Crédit photo : Simon Tong)
 
Aujourd'hui utilisés à tout va, ces termes ne sont pas aussi limpides qu'ils en ont l'air. Décryptage.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

Lorsque l’on évoque le changement climatique, on utilise souvent les termes d’empreinte ou de bilan pour mesurer l’impact global de quelque chose. Le terme de « carbone », quant à lui, sert à désigner tous les gaz à effet de serre qui contribuent au changement climatique. Les termes de « bilan carbone » (en France il s’agit en réalité une marque déposée par l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, qui désigne une méthode de calcul spécifique) ou d’« empreinte carbone » servent donc à exprimer la meilleure estimation possible de l’impact d’une chose sur le changement climatique. Cette chose peut être une activité, un objet, un style de vie, une entreprise, un pays ou même le monde entier !

- CO2 eq. ? Qu’est-ce que c’est ?

Le changement climatique dû à l’homme est causé par le dégagement de certains types de gaz dans l’atmosphère. L’homme produit principalement du dioxyde de carbone (CO2). Celui-ci est émis chaque fois que nous brûlons des combustibles fossiles pour alimenter en énergie nos maisons, nos usines ou nos centrales électriques. Mais il ne faut pas négliger pour autant les autres gaz à effet de serre. Le méthane (CH4) par exemple, principalement émis par l’agriculture et les décharges, a un pouvoir de réchauffement 25 fois plus élevé que le CO2. Dans des quantités plus petites, on trouve aussi le protoxyde d’azote (N2O), au pouvoir de réchauffement 300 fois supérieur à celui du CO2. Il est émis principalement lors de processus industriels et agricoles. Enfin, on trouve encore les gaz réfrigérants, plusieurs milliers de fois plus « réchauffants » que le CO2.

Comme la fabrication d’un objet ou la pratique d’une activité peut entraîner l’émission de plusieurs gaz à effet de serre à la fois, et chacun dans des quantités différentes, le bilan carbone, s’il est calculé en détail, peut vite devenir très complexe. L’usage veut ainsi que l’on exprime le bilan carbone en équivalent carbone ou CO2 eq. L’impact total sur le changement climatique de tous les gaz à effet de serre est alors transformé et exprimé en quantité de dioxyde de carbone.

- Attention aux raccourcis

Lorsqu’on calcule un bilan carbone, on omet couramment quelques unes ou la plupart des émissions causées par un objet ou une activité. Par exemple, la plupart des sites qui proposent de calculer votre bilan carbone ne prennent en compte que l’énergie que vous consommez et vos déplacements, mais omettent les marchandises et les services que vous achetez. De même, un magazine peut prétendre avoir calculé son bilan carbone, alors qu’il n’aura pris en compte que les émissions produites dans ses bureaux et par ses véhicules de fonction et n’aura pas comptabilisé les émissions de l’entreprise qui imprime les magazines. Ces bilans carbone ne représentent que la partie émergée de l’iceberg et oublient la plus importante.

- Emissions directes et indirectes

La plupart des imprécisions des bilans carbone viennent de la confusion entre émissions « directes » et « indirectes ». Pour être exact, le bilan carbone d’un jouet en plastique, par exemple, doit inclure non seulement les émissions directes résultant du processus de fabrication et du transport du jouet jusqu’au magasin, mais aussi toute une série d’émissions indirectes : celles causées par exemple par l’extraction et le raffinage du pétrole qui a permis de fabriquer le plastique du jouet. Rechercher de manière exhaustive tous les processus impliqués dans la fabrication de ce jouet nous mène à un nombre infini de sources d’émissions, la plupart minuscules. Dans leurs bureaux par exemple, les employés de l’usine de plastique utilisent des trombones en acier. Dans le bilan carbone de cet acier, il faudrait tenir compte de la maintenance de l’excavatrice de la mine de fer d’où l’acier provient, etc. C’est un travail de fourmi. Le bilan carbone réel du jouet en plastique inclut tout ceci. Le déterminer exactement est donc très difficile.

Un autre exemple : le bilan carbone réel d’un trajet en voiture n’inclut pas seulement les émissions qui sortent du pot d’échappement, mais aussi celles émises lors de l’extraction, du transport par bateau, du raffinage, puis à nouveau du transport jusqu’à la station-service de l’essence, sans oublier les émissions non négligeables causées par la fabrication et la maintenance de la voiture.

- Un calcul essentiel mais impossible

Le bilan carbone, tel que nous venons de le définir, est une mesure de notre impact sur le changement climatique que nous nous devons de prendre en compte. Mais il est impossible à définir précisément. Souvent, la solution consiste à laisser tomber et à mesurer quelque chose de plus facile, même si cela signifie mettre de côté la plupart des données. L’illusionniste Derren Browns explique bien qu’une des techniques clés de la magie consiste à distraire l’attention : en attirant l’attention du public sur autre chose, il parvient à distraire leur œil de ce qui compte vraiment. Par exemple, un aéroport dans une campagne de promotion très inspirée mettra en avant « l’efficacité énergétique de ses bâtiments » sans mentionner l’impact des vols au départ de cet aéroport.

On peut faire la même chose par accident. Si vous décidez de simplifier, il y a de fortes chances que vous oubliiez l’essentiel. Pour résoudre ce problème – et c’est le sujet de ce livre – faites du mieux que vous pouvez, et ce en dépit des difficultés, pour appréhender les choses dans leur ensemble. Mon travail consiste à faire les estimations les plus réalistes et les plus concrètes possibles, tout en restant honnête sur la part d’approximations et d’incertitudes incluses dans mes calculs.

Cet article, tiré de l’ouvrage « How bad are bananas ? The carbon footprint of everything », de Mike Berners-Lee (éd. Profile Books, 2010), est traduit et republié avec l’autorisation de l’auteur.

Traduit par Nathalie Kummer, « lectrice responsable » de Terra eco ayant répondu positivement – et nous la remercions – à notre appel. Si vous voulez la rejoindre :

cliquez ici et remplissez le formulaire de contact qui s’affichera
ou écrivez à agir [at] terraeco.net
Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter

Directeur du cabinet Small World Consulting spécialisé en bilans carbone, Mike Berners-Lee est l’auteur de « How bad are bananas ? »

TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
publicité
bas