Demande à FredO |
Par Frédéric Chomé |
Pour vivre heureux (et polluer moins), vivons moins vieux ! |
Ce blog essaye de coller à l’actualité, parfois avec quelques journées de retard... Maintenant que la pression est (un peu) retombée, posons-nous la question de nos modes de vie par rapport au débat animé sur les retraites.
Le système des retraites a été imaginé par Bismarck en 1880, à la suite de fortes agitations sociales. A l’époque, le seuil était fixé à 65 ans et l’espérance de vie était de 59 ans !! Il s’agissait donc d’un système qui récompensait ceux qui vivaient vraiment vieux ! Depuis, l’être humain a gagné 25 années d’espérance de vie et le système a plutôt eu tendance à réduire l’âge de départ qu’à l’augmenter. Problème ?
Les solutions classiques de gestion de la retraites sont :
cotiser plus
cotiser plus longtemps
baisser les montants de la retraite
développer des initiatives privées de financement complémentaires (2ème et 3ème piliers)
On oublie bien entendu de parler de solutions alternatives, qui pourraient s’avérer être relativement plus efficaces. Par exemple :
Faire beaucoup d’enfants, pour remodeler la pyramide des âges vers le bas : intéressant à court terme car les dépenses que l’on fait pour élever des enfants sont autant d’euros qui ne financent pas la machine à produire des gaz à effet de serre (GES) à l’échelle mondiale, intéressant sur le long terme pour les pensions mais implique toujours d’avoir une société en croissance économique pour absorber les bras supplémentaires.
Importer de la main d’œuvre étrangère en grande quantité, si possible jeune, pour combler les postes manquants de bras à l’heure actuelle. Si l’on fait le pari que l’on va évoluer vers une société bas carbone où le travail de l’homme retrouve une vraie valeur, il y a fort à parier que cette tendance devrait croître et que les mesures politiciennes actuelles soient plutôt concentrées sur la réduction de l’économie souterraine plutôt que sur les reconductions aux frontières.
Vivre moins longtemps, pour remodeler la pyramide par le haut : sujet tabou par excellence ! Il est devenu quasi acceptable de discuter de la réduction du nombre d’enfants dans les pays développés (ce qui est une mauvaise idée, voir ci-dessus), par contre, envisager de pouvoir mettre fin à sa propre vie de manière anticipée reste très complexe. Mettons nous d’accord, je ne suis pas dans des scénarii à la Soleil Vert, je revendique simplement le droit de choisir le moment de sa fin de vie, en âme et conscience.
Cette solution a de nombreux avantages ! Surtout si l’on choisit de mourir alors qu’on est en bonne santé !
En effet, cette solution permet, en vrac :
à chacun de gérer son budget de vie de manière beaucoup plus sereine : en effet, il n’y a rien de plus désagréable que de ne pas savoir à quelle vitesse puiser dans son bas de laine, avec la peur d’être trop court si on vit longtemps. Avec la fin de vie programmée, plus de soucis !
d’éviter de se voir dégénérer petit à petit , de « mourir à petit feu », de devenir dépendant vis-à-vis de ses proches (et pour les proches de devoir gérer cette situation désagréable).
fixer la date de son départ, cela permet de profiter à fond des années « qui nous restent » tout en ayant largement le temps de préparer sa succession et son départ
savoir à quelle date on disparaîtra nous permettra d’éviter pas mal de consultations psychologiques et autres névroses par peur de la mort.
la fin de vie programmée représente également un superbe cadeau fait aux générations futures et à vos descendants : en effet, votre action permet de remodeler la pyramide des âges, réduit fortement les coûts de santé, de sécurité sociale et l’ardoise des pensions.
d’autres part, vivre quelques années en moins signifie également consommer quelques années en moins ce qui ne peut être que bénéfique pour l’environnement (même si un effet rebond est attendu : surconsommation dans les années précédentes et transfert de valeurs mobilières et immobilières vers les descendants qui seront dépensées tôt ou tard).
par contre vos réserves financières seront plus rapidement transférées aux générations suivantes qui en dépenseront une partie dans les années qui suivent votre disparition ce qui sera probablement bénéfique pour les gaz à effet de serre compte tenu de la forte teneur en GES des placements bancaires.
enfin, la réduction de quelques années de vie offre également de très belles possibilités par la remise sur le marché d’un nombre important de logements qui éviteront à de nouveaux ménages de devoir construire des villas en banlieue, réduisant de fait les émissions de GES associées à la construction de logements et aux déplacements associés (moratoire sur la construction neuve envisageable).
il en va de même pour la remise sur le marché de mobilier, de véhicules, et de divers objets qui feront des heureux dans des achats de seconde main et éviteront la production de bien neufs. Mais c’est probablement un effet passager sur les 20 années à venir.
Quelques inconvénients
le moment venu de partir, cela pourra sembler difficile. - une certaine économie, en forte croissance actuelle – celle des services aux seniors – risque de stagner à terme : Maisons de retraites, services de gériatrie, médecine de rééducation, médicaments pour personnes âgées, infirmières à domicile, notaires qui ne devront plus faire 10 testaments différents, assurances décès qui verront leurs primes retomber fortement, ventes en viager disparaîtront probablement, activité des hôpitaux et des médecins qui s’en trouvera diminuée d’une « patientèle » fidèle et régulière, probable réduction du marché des services aux animaux de compagnie (dont la taille mondiale est équivalente aux besoins pour combler la faim dans le monde – pour rappel), et les voyagistes verront peut-âtre aussi leurs ventes baisser légèrement (mais effet rebond prévu), etc.
En guise de conclusion
Réfléchir sans à priori permet de proposer des éléments nouveaux qui doivent venir enrichir une réflexion globale.
Le but de ce message n’est pas d’être volontairement provocateur mais simplement de s’autoriser à penser à tout.
A l’ère où les thèses de la décroissance prennent de plus en plus d’ampleur, il est curieux de constater que la théorie de la décroissance autorise une vie « infinie » dans un monde fini... J’ai simplement voulu apporter une pierre à l’édifice de la construction de modes de vie durables, soutenables avec nos écosystèmes et qui nous rendent tous heureux.
A chacun de se faire une opinion désormais !
Au plaisir de vous lire.
Directeur de Factor X, un bureau de conseil en stratégie climatique et développement durable qui a notamment travaillé sur le bilan carbone des JO 2012 de Londres. |
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