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Les harpons japonais laissent souffler les baleines

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Les harpons japonais laissent souffler les baleines
(Photo : action de Greenpeace pour réclamer la "fin de la chasse à la baleine" en Antarctique. Crédit : Jeremy Sutton-Hibbert / Greenpeace)
 
Malmené par les organisations écologistes dans l'océan austral, le Japon a annoncé la suspension de sa campagne de pêche scientifique à la baleine. Pour combien de temps ?
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Bob Barker-Nisshin Maru : 1-0. Le résultat d’un match entre deux équipes de base-ball ? Non, c’est celui de la bataille engagée dans l’océan austral depuis le 23 décembre dernier entre le Nisshin Maru, un navire-usine baleinier nippon, et le Bob Baker, un des bateaux de l’organisation Sea Shepherd, dirigée par le pirate écolo Paul Watson. Mercredi dernier, le porte-parole du Premier ministre japonais a en effet annoncé que la flotte baleinière de son pays suspendait sa campagne de chasse aux baleines. Une décision qui n’a rien à voir avec une subite prise de conscience écologique : c’est pour raisons de sécurité que les navires ont rangé leurs harpons, se sentant trop menacés par le harcèlement de la flotte écologiste !

Guerre en haute-mer

Il faut dire que les « bergers des mers » n’ont pas lésiné sur les moyens pour faire plier leurs adversaires nippons. Des ballons captifs les ont traqué sans relâche pendant deux mois dans les mers gelées bordant l’Antarctique. Des mouchards électroniques ont pisté les bateaux les ravitaillant. Des bombes puantes et des fumigènes ont même été balancés sur leurs ponts, quand les 88 membres d’équipage de la flotte du Sea Shepherd ne décidaient pas tout simplement de les éperonner ou de les aborder. En réponse, les Japonais ont presque réussi, grâce à un canon à eau, à couler un hélicoptère de l’association écologiste. L’an passé, l’Ady Gil, un trimaran futuriste appartenant à Sea Sheperd, sombrait carrément à la suite d’une collision avec un navire japonais. « Nos vies sont constamment en jeu et si on n’est pas prêt à accepter cela, alors il vaut mieux ne pas mettre les pieds ici », déclarait récemment à l’AFP Georgie Dicks, une jeune fille de 23 ans embarquée comme volontaire. A cause de cette guerre sans merci, les Etats-Unis, l’Australie, les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande avaient jugé bon, en décembre, de rappeler aux baleiniers japonais et aux écologistes les risques de pertes humaines qu’ils prenaient lors de leurs affrontements...

Une chasse commerciale déguisée en pêche scientifique

Paul Watson, enthousiasmé par le revirement japonais, n’en reste pas moins prudent : « Il est prématuré de dire si c’est une victoire pour les baleines. Il n’y a eu aucune mention quant à la durée de cette suspension. Cela peut être permanent, pour cette saison seulement, or cela peut-être pour quelques semaines ou même quelques jours », a-t-il précisé dans un communiqué de presse de l’organisation. Reste le nombre de baleines d’ores et déjà sauvées : l’an passé, l’association, qui combat les baleiniers depuis sept ans dans le sanctuaire de l’océan austral, estime avoir empêché la tuerie de 500 cétacés grâce à leurs actions chocs. Et cette année, au moment de la suspension prématurée de la pêche, qui court normalement de novembre à avril, seule une trentaine de baleines auraient été pêchées, une infime fraction sur le quota de 1000 que s’auto-attribue Tokyo pour recherches scientifiques.

Interdite depuis 1986, la chasse à la baleine reste en effet autorisée dans certains cas. Comme dans celui de la chasse aborigène de subsistance, réservée aux populations Inuits ou côtières de l’Alaska, du Canada, de Sibérie ou des Caraïbes. La Norvège et l’Islande n’ont quant à elles jamais ratifié le moratoire de la Commission Baleinière Internationale, continuant sans vergogne leurs chasses commerciales. Quant au Japon, qui a accepté le moratoire, il bénéficie de quotas de pêches scientifiques. Le but de ce programme, baptisé Jarpa ? Collecter des informations sur les stocks de baleine, afin de faire plier le moratoire... et reprendre à terme la chasse commerciale durable. Problème : les défenseurs de la biodiversité les accusent de pratiquer d’ores et déjà cette chasse commerciale sous couvert de ces soit-disant activités scientifiques.

Du cétacé au menu des écoles nippones

Cette viande de baleine se retrouve en effet sur les étals japonais, comme « sous-produit » des travaux de recherches, dont la vente permet de couvrir les dépenses avides du gouvernement en la matière. L’Institut de recherche sur les cétacés, qui réalise les chasses pour le gouvernement, fournit également de la viande de baleine aux municipalités locales... pour les repas scolaires des écoles. Une étude récente a calculé que près de 18% des écoles publiques primaires et secondaires offrant des déjeuners à leurs élèves avaient mis du cétacé au menu au moins une fois entre mars 2009 et mars 2010. Particularités : elle leur est vendue à prix cassés, au tiers de ceux du marché. La raison de ces « facilités » ? Remettre la viande de baleine au goût du jour. Car auprès des Japonais, elle n’a plus vraiment la côte ! En 2006, un sondage Gallup indiquait que 83% des Japonais n’avaient pas consommé de viande de baleine depuis longtemps, voire n’en avait tout simplement jamais mangé. Pire, une enquête de Greenpeace Japon mené en 2008 montrait même que 70% des Nippons ne soutenaient pas la pêche à la baleine dans des eaux distantes de l’archipel.

Dans ce contexte, la volonté du gouvernement à vouloir reprendre la chasse commerciale semble relever de l’entêtement, ou d’un « nationalisme » visant à garder la main sur les décisions touchant une activité jadis traditionnelle, diront les plus diplomates. « Cette annonce historique confirme ce que nous savons tous : que la chasse japonaise à la baleine ne sert à rien et que la flotte n’a tout simplement plus de business à faire dans le Sanctuaire de l’Antarctique, a déclaré Junichi Sato, directeur exécutif de Greenpeace Japon. Tous les programmes de chasse produisent un stock de milliers de tonnes de viande de baleine congelée, le gaspillage de milliards de yens du contribuable japonais et une culture de corruption et de scandale. Un retour rapide de la flotte de chasse à la baleine n’est pas suffisant - les baleiniers japonais ne devraient plus jamais quitter le port ». En 2006, quelques 5 487 tonnes de viande se seraient ainsi empilées, peinant à être écoulées et montrant qu’en 40 ans, la baleine est bel et bien passée de mode sur l’archipel : en 1962, il s’en était arraché... 220 000 tonnes pour la consommation domestique !

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Une enfance en pleine nature jurassienne, des études de biologie et de géologie, l’envie de transmettre cette passion pour le monde vivant, et le monde tout court, et un goût sans limite pour les nouvelles contrées. Alice est journaliste scientifique.

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