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Vise le green

Par Benjamin Cliquet
24-09-2013

Les défis environnementaux des mines chiliennes

Les défis environnementaux des mines chiliennes
(Le cuivre, pilier de l'économie chilienne)
Troisième et dernier article sur les problématiques environnementales chiliennes… Ce pays est le plus grand producteur de cuivre au monde et j’étais curieux de connaitre les potentiels dommages environnementaux que l’exploitation du cuivre pouvait causer.

Une fois de plus, Maria-Ruiz-Tagle, qui était ma professeure d’économie environnementale durant mon semestre à la Universidad de Chile, m’a aidé à comprendre les principaux enjeux liés à ce sujet.

Il y a deux ans, j’avais écrit sur ce blog un article sur l’exploitation du sable bitumineux au Canada et ce qui m’avait le plus surpris était les quantités d’eau nécessaires à cette activité. Le problème est similaire pour les activités minières chiliennes (l’exploitation du cuivre en tête). Tandis qu’un homme consomme entre 130 et 200 litres d’eau par jour (pour boire, cuisiner, se laver ou même irriguer), cette quantité ne représente pas plus d’1,5% de la consommation d’une compagnie minière. Et il semble que cette consommation ne soit pas en baisse, comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous.

“Prévisions de la demande en eau pour la production totale de cuivre au Chili (2009-2020)” (COCHILCO est la Commission Chilienne du Cuivre)

La très forte consommation d’eau de ce secteur est un problème pour les communautés locales qui ont besoin d’eau potable et d’eau pour les terres agricoles. En outre, la grande majorité des mines sont situées dans le nord du pays (où se concentrent les investissements étrangers), dans le désert d’Atacama. Ce désert n’est rien de moins que le plus aride du monde… La demande en eau y est donc évidemment supérieure à l’eau disponible, c’est pourquoi c’est une obligation légale pour les entreprises minières d’obtenir des permis d’utilisation de l’eau, permis qui sont rares et chers.

Les compagnies minières doivent donc trouver de nouvelles sources d’eau. Escondida est une entreprise minière qui exploite une des plus grandes mines chiliennes, située dans le désert d’Atacama. Escondida essaie d’utiliser de moins en moins d’eau et d’en recycler le plus possible, mais il y a toujours des pertes dans le processus de recyclage. Escondida a alors décidé de construire une usine de dessalage de l’eau de mer, qui est ensuite pompée vers les mines. L’entreprise s’est engagée à utiliser une certaine quantité d’eau de mer. Par ailleurs, une grande part de la pollution de l’air provient de la poussière formée par le passage des camions. L’eau usée est ainsi utilisée pour mouiller le sol et maintenir la poussière au sol. C’est « super simple », commente Maria-Teresa. BhP Biliton, une grande entreprise minière qui détient une partie d’Escondida, a même pensé à créer de l’énergie à partir de cascades artificielles avec de l’eau de mer. Les entreprises doivent donc faire preuve de créativité.

Mine "La Escondida"

La seconde grande problématique environnementale de l’exploitation du cuivre (et des autres minéraux) au Chili est la gestion des matériaux déplacés pour creuser les mines. Des trous gigantesques, qui resteront pour toujours, sont formés. En outre, les matériaux toxiques (rendus toxiques par l’activité minière) doivent être séparés du reste. Les grandes entreprises respectent plutôt bien cette obligation légale de séparation mais c’est moins le cas des petites entreprises, plus « sales » et moins claires quant aux quantités de déchets toxiques relâchés dans l’environnement.

De façon générale, les grandes entreprises sont plus volontaires pour s’engager à utiliser moins d’eau, gérer les déchets toxiques de manière responsable ou, plus globalement, pour être responsable. En tant que multinationales, elles soignent leur réputation transnationale et suivent certains « protocoles » pour être acceptées dans les pays les plus strictes en termes de régulation, comme en Europe. Par exemple, au Chili, le niveau de pollution de l’air des villes est régulé mais pas celui des « campamentos » (campements créés par les ouvriers travaillant dans les mines). Escondida s’est engagé à respecter les mêmes niveaux de pollution dans les campamentos que dans les villes et ils ont mesuré leurs progrès, bien que cela ne soit pas légalement requis. Le marché mondial les pousse même à publier des rapports de Développement Durable, ce qui devient systématique pour les grandes entreprises européennes.

En revanche, les PME se responsabilisent nettement moins et les autorités chiliennes ne sont pas assez présentes pour faire respecter la loi à celles-ci. Selon Maria-Teresa, les autorités ne dépensent pas assez pour cela : « Je ne crois pas que les autorités fassent suffisamment respecter la loi de façon générale dans ce pays, et une des raisons est le manque de ressources. »

Mais si les PME sont souvent moins responsables que les multinationales, ces dernières restent « au top » pour être à l’origine de grands scandales. Barrick Gold, une gigantesque entreprise minière canadienne, exploitait la mine de Pascua-Lama, une mine à ciel ouvert située dans les Andes. Cette entreprise était en conflit tellement souvent avec les communautés locales sur des problématiques environnementales qu’elle a décidé de creuser un tunnel à travers les montagnes, jusqu’en Argentine, pour traiter les blocs de cuivre. Ainsi, le minéral était traité et vendu depuis l’Argentine. Les autorités chiliennes ont tout de même condamné l’entreprise à une amende pour avoir mélangé des déchets avec l’eau potable des communautés locales. La mine a été temporairement fermée pour trouver une solution. En 2013, le conflit entre les habitants et Barrick Gold s’est poursuivi au tribunal et les autorités chiliennes ont demandé à l’entreprise de respecter les normes environnementales sur son nouveau projet de construction qui traverse la frontière Chili-Argentine. Barrick Gold doit également accompagner ce projet d’une infrastructure de prévention de la pollution de l’eau.

Les normes environnementales progressent… doucement.

Ce trait d’optimisme sera ma conclusion. Je remercie bien évidemment mes interlocuteurs (Rodrigo et Maria-Teresa) et vous, cher(e)s lecteurs et lectrices, qui me faites l’honneur de me lire. Toutes les remarques (positives, négatives, neutres) sont les bienvenues. J’espère avoir de nouvelles opportunités dans le futur d’écrire sur ce blog.

À bientôt, Visez l’green, Ben

COMMENTAIRES ( 1 )
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  • y en a marre de votre occident boulimique !! jamais rien ne vous arrêtera dans la quête de l’enrichissement matériel....même quand vous êtes pris dans l’étau des défenseurs de la nature, vous avez vite fait de trouver un trou par ou échapper, en brandissant votre soit-disant sens de la responsabilité et le souci de vos méga entreprises de soigner leur réputation.

    Rien ne vous arrêtera, sauf quand le ciel vous tombera sur la tête

    17.03 à 10h47 - Répondre - Alerter
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