Incroyable ! Jacques Chirac et Dominique Strauss Kahn ont au moins deux points communs. Ils possèdent chacun un plan d’épargne Zolidarité (PEZ) domicilié à Madagascar... et un zébu. Celui de Jacques Chirac répond au petit nom de Letelo, et la zébute de Dominique Strauss-Kahn, Tomoloha. L’information a tout d’une plaisanterie mais n’en est pas une. Car en contactant le Zebu Overseas Board (ZOB), tout individu peut souscrire un PEZ. Il est ainsi possible de se procurer un zébu donc, mais aussi un cochon, une vache, une brouette ou bien une charrette.
- Le zébu de Jacques Chirac a un nom : Letelo, et un nouveau propriétaire : Jules (Photo Zebu Overseas Board
Mais que faire d’un zébu quand on s’appelle Jacques Chirac ou Dominique Strauss-Kahn ? Rien. Enfin pas tout à fait. Pour comprendre, il faut dérouler la chaîne. Le souscripteur verse 300 euros au Zebu Overseas Board. L’entreprise achète l’animal et se charge de trouver un agriculteur malgache capable d’accueillir le zébu dans sa ferme. Le paysan prend alors l’animal sous sa coupe - idéal pour labourer la terre et tirer la charrette - et rembourse mensuellement son achat. Résultat des courses : l’investisseur finance un outil de développement et bénéficie d’un taux d’intérêt annuel de 7 %. Quant à l’agriculteur, il augmente sa capacité de production.
Jacques Maillot et Spinetta sont de la partie
L’inventeur de ce système de micro-crédit s’appelle Stéphane Geay. Violoncelliste, pilote de jet, chef d’entreprise, l’homme est un provocateur : "J’ai le dédain du don. Ce n’est pas en distribuant de l’argent que nous résoudrons les problèmes des pays en voie de développement. Il faut encourager les populations à rembourser, pour les responsabiliser, de la même façon que les Occidentaux doivent prendre conscience de la situation du Sud. Et agir." "Parmi les possesseurs d’un PEZ, on a tout type de profils, poursuit ce joyeux luron de 42 ans d’origine savoyarde. Des banquiers, des chefs d’entreprise comme Jean-Cyril Spinetta le pédégé d’Air France, ou Jacques Maillot, l’ex-patron de Nouvelles Frontières, mais aussi des militants d’extrême gauche ou des écologistes."Lancé comme un pari, le bilan du Zebu Overseas Board est impressionnant et fragile à la fois : 1 200 plans d’épargne zébu ont été ouverts depuis la création de l’entreprise en 1996, et 2 500 patientent sur la liste d’attente. Une performance ternie par la faiblesse des remboursements de la population locale. "Il y a deux raisons, argumente Stéphane, qui poursuit par ailleurs ses activités de pilote. D’abord le fait que nous ayons un peu délaissé le suivi du paiement des échéances, et puis la crise que connaît Madagascar depuis deux ans et qui a encore davantage paupérisé la société."
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