Paradoxe : les établissements hospitaliers censés soigner les patients nuisent à la santé. Ce sont en effet de grands pollueurs. Le plus curieux, c’est que l’on y pollue en vertu du principe de précaution, poussé à l’extrême. Après les seringues à usage unique, les établissements utilisent désormais des bistouris en métal jetables. « Un comble », s’emporte Olivier Toma, directeur de la clinique Champeau à Béziers, devenue fer de lance du développement durable dans le domaine de la santé. Issu de l’hôtellerie – avant de diriger cette clinique, il gérait un Novotel –, ce quadragénaire a inventé le concept d’« éco-clinique » sur le tas, « en expérimentant des choses pour améliorer la qualité des services proposés aux patients ».
- (Crédit : ©beerkoff - FOTOLIA)
En dix ans, la clinique Champeau a peu à peu fait sa mue selon le principe de base : « D’abord ne pas nuire, pour mieux soigner ensuite. » Cette évolution, tient à préciser Olivier Toma, a pu se faire grâce à « une sensibilité évidente des professionnels de santé à ces questions ». Pourquoi alors de telles pratiques ne sont pas plus répandues ? « Parce que les directeurs d’établissements ne partagent pas forcément ce volontarisme. Parce qu’une politique de santé durable manque en France. »
Mais qu’est-ce au juste qu’une éco-clinique ? A l’origine, la clinique Champeau a fait comme partout. Elle a mis en place un tri sélectif de ses déchets, poussant le principe à l’extrême avec dix-sept cibles différentes : verre, plastique, huile, déchets biodégradables, imagerie médicale, médicaments non utilisés, etc. Les bâtiments ont été structurés en fonction de ce vaste tri. Quant aux bistouris jetables, le directeur de la clinique a pris le parti de les stériliser et de les envoyer à une ONG œuvrant en Afrique. Ce qui, en revanche, est impossible avec les seringues. Trop dangereux. Voilà un poste de déchets qui ne sera a priori jamais réductible.
A la faveur de travaux de rénovation et d’extension de l’établissement, le concept d’éco-clinique s’est renforcé avec la construction de matériaux non-polluants. L’établissement a également mis en place un circuit de pasteurisation de son eau, évitant ainsi toute épidémie de légionellose. La clinique Champeau fut ainsi la première en France à décrocher la certification ISO 14001, dès 2001, et Haute qualité environnementale.
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