« Une personne séropositive en phase de traitement peut-elle transmettre le virus du sida à une autre personne ? » Réponse : oui. « Chaque année, le virus du sida tue trois millions de personnes dans le monde. » Réponse : oui. Ce test n’est pas un quizz rédigé par les équipes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En fait, ces questions sortiront de la bouche de votre coiffeur, s’il est partenaire de L’Oréal. La marque de cosmétiques développe à l’échelle mondiale une opération de prévention, baptisée « Coiffeurs du monde contre le sida ».
Ce programme, effectif depuis un an et demi, concrétise un protocole d’accord signé avec l’Unesco en 2005. Une belle initiative certes, mais dans les faits ? « Nos actions consistent à mobiliser l’ensemble des coiffeurs des salons partenaires à travers le monde et à leur dispenser des séquences pédagogiques sur la prévention du sida, à l’occasion de leurs stages de perfectionnement », explique-t-on chez L’Oréal. Au programme : visionnage d’un film qui aborde les aspects de l’épidémie, quizz interactifs, que les coiffeurs peuvent ensuite réutiliser auprès de leurs clients.
Hygiène et comportements à risque
L’expérience a vu le jour en Afrique du Sud. La marque dirigée par Jean-Paul Agon y mène depuis quatre ans un programme de dépistage de ses salariés et de leurs proches. Et réalise sur place un travail de sensibilisation des habitants à travers la distribution de produits avec dépliants d’informations à l’appui. « Nous avons dispensé des cours de sensibilisation à plus de 15 000 petits coiffeurs, en les formant à l’hygiène et aux comportements à risque », explique Jacques Laverrière, responsable du programme au sein de la multinationale. Fort de son succès, le projet s’est ensuite étendu à tous les centres de formations L’Oréal, au Brésil, en Inde, au Royaume-Uni et en France, où 5 000 actions de formation sont menées chaque année auprès de 50 000 professionnels. Soit un total de 2 millions de coiffeurs formés à travers le monde.Cette mesure arrive dans un contexte d’urgence sur le continent africain, estime un spécialiste de l’Onusida : « L’Afrique ne représente qu’un dixième de la population mondiale mais concentre 9 nouveaux cas sur 10 d’infection par VIH, tuant dix fois plus d’êtres humains que la guerre. En Namibie, au Botswana, au Zimbabwe et au Swaziland, plus de 10 % de la population adulte est séropositive et 20 % de la population âgée de 15 à 49 ans. » Les professionnels de la coiffure constituent un relais idéal : « Dans nos villages au Sénégal, les coiffeurs sont très respectés, ce sont eux qui coiffent nos filles pour les mariages.
Ils ont beaucoup de notoriété. C’est un bon moyen aussi pour sensibiliser les jeunes qui fréquentent de plus en plus les salons pour des coiffures sophistiquées à l’occidentale », explique Mado, coiffeuse professionnelle à Paris, dans le Xe arrondissement. Mais face à l’ampleur du fléau en Afrique, « ces actions doivent s’accompagner d’actes concrets car une campagne d’information ne suffit pas », rétorque Sakina, une jeune Malienne venue se faire poser des mèches près de Barbès.
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