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Le chewing-gum

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Il rafraîchit peut-être l’haleine, mais il casse surtout les pieds. Sur les trottoirs, le « chouïngue » est un véritable fléau environnemental. Rassurez-vous, un chewing-gum non collant est déjà dans les tuyaux.
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Déballez, mâchez, crachez. Le « chouïngue », dans son principe, illustre parfaitement le je-m’en-foutisme environnemental de notre société de consommation. Il finit rarement sa course dans une poubelle, et ce malgré les amendes, pourtant dissuasives (183 euros à Paris), dont sont passibles les pollueurs de trottoirs. Encore faut-il jeter son chewing-gum sous le nez d’un inspecteur. Or, ces derniers ne sont pas légion dans la capitale, de l’aveu même du Service de la propreté. Amendes ou non, ils s’accumulent en mosaïques blanchâtres sur les trottoirs. «  Cinq ans sont nécessaires pour qu’un chewing-gum se dégrade naturellement  », selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

Fléau collant

L’ennui, c’est qu’il adhère, se solidifie et devient quasiment impossible à décoller. Un cauchemar pour les services de nettoyage et pour l’environnement. Pour désincruster la gomme, il faut utiliser de puissants produits chimiques, gratter à la main ou passer le Kärcher, voire les trois. « En 2001, il nous a fallu sept semaines pour décaper les trottoirs d’Oxford Street [à Londres]. En moins de quelques semaines, c’était pire qu’auparavant », se désespérait, en 2005, Alan Bradley, chargé de la propreté urbaine pour l’arrondissement de Westminster, dans les colonnes du Guardian. Casse-pieds, les chewing-gums.

Las de ce fléau collant, les libéraux démocrates de la capitale britannique ont réclamé, en 2005, qu’une taxe d’un penny (un peu plus d’un centime d’euro) soit imposée sur chaque paquet afin de financer le nettoyage. Histoire de compenser la facture salée des municipalités. Outre-Manche, si le sujet semble être pris très à cœur, c’est qu’une estimation effrayante a été réalisée à la fin des années 1990. Le décollage des chewing-gums coûterait chaque année 4,5 millions d’euros à Londres et 220 millions dans tout le Royaume-Uni. Effacer une seule tâche de gomme revient à 20 centimes d’euro minimum à la communauté, selon la société Straight PLC, spécialiste des conteneurs de tri sélectif qui a mis au point une boîte spéciale pour les gommes à mâcher. Finalement, l’idée de cette taxe n’a pas décollé. Et en Irlande, les fabricants de chewing-gums ont obtenu, en 2005, l’abandon d’un projet similaire visant à taxer chaque paquet de 5 à 10 centimes d’euro.

Mais les Britanniques ne désespèrent pas. En agitant leurs neurones, les ingénieurs d’une société du groupe de nettoyage industriel Proventec ont mis au point une machine écolo qui désincruste facilement les chewing-gums en projetant de la vapeur sèche. Elle n’utilise ainsi que très peu d’eau. Son nom ? Le Gum Buster, allusion au célèbre film de chasseurs de fantômes Ghost Busters. Lancée en 1998 en Hollande, elle s’est exportée depuis sur les cinq continents. Il en coûtera tout de même 6 000 euros l’unité aux municipalités qui voudraient jouer les Bill Murray du chouïngue.

L’université de Bristol, elle, a décidé de prendre le problème à sa source : l’effet collant du chewing-gum. L’équipe du professeur Terence Cosgrove a créé une gomme à mâcher avec un ingrédient magique, baptisé Tev7 : celui-ci contient des parties hydrophiles et hydrophobes qui sont donc attirées ou répulsées par l’eau. Une fois crachée, la gomme n’adhère pas aux surfaces sèches comme le béton. Un coup de brosse suffit à la balayer. Ce chouïngue révolutionnaire, qui ne colle ni aux semelles de chaussures ni aux cheveux, est en phase de développement chez la société Revolymer, qui devrait le commercialiser l’an prochain.

Cocktail chimique

L’histoire ne dit pas si les ingénieurs ont trouvé ces solutions anti-chouïngue en mâchant du chewing-gum lequel, selon ses fabricants, aide à réfléchir. En tous cas, elles risquent de rester anecdotiques face aux ventes de chewing-gums classiques, qui, elles, continuent de flamber. Propulsé par l’interdiction de fumer et la sortie des «  sans-sucre  » – plus de 90 % du marché en France, selon le Syndicat national de la confiserie –, ce marché a progressé de 66 % entre 2005 et 2008 dans l’Hexagone. Avec 260 unités par an, le Français serait le deuxième consommateur au monde derrière l’Américain – 300 au compteur. Le marché mondial est dominé par la société américaine Wrigley – marques Freedent, Airwaves, etc. –, première à avoir commercialisé le chewing-gum. En France, l’anglais Cadbury, lui, tient toujours la dragée haute en trustant plus de la moitié des parts de marché avec ses paquets Hollywood et Stimorol.

Seulement, la pâte que ces fabricants utilisent n’a plus rien à voir avec la gomme naturelle que mâchaient les Mayas. «  Le chiclé indien, obtenu par ébullition du latex tiré du tronc et des fruits de sapotier, n’est plus utilisé car ces arbres sont devenus trop rares et le transport trop coûteux pour un marché si important  », justifie Hollywood. Le produit de synthèse qui l’a remplacé est fabriqué à partir d’élastomères issus du pétrole auquel on ajoute des cires pour leur pouvoir plastifiant, des résines pour le liant, des charges minérales – sortes de pigments permettant « d’améliorer les qualités mécaniques » de la pâte –, un antioxydant contre le vieillissement du produit et toutes sortes de parfums artificiels, colorants, sirop de glucose ou édulcorants tels que polyols ou aspartame pour les «  sans-sucre  ». Soit un « machouillant » cocktail de produits chimiques.

De quoi vous donner envie de recracher immédiatement le chouïngue que vous mâchiez en lisant votre magazine préféré. Attention, pas sur le pavé ! Armez-vous d’une loupe et regardez bien sur le paquet. Un tout petit sigle vous invite à déballer, mâcher et jeter… dans une poubelle. 

Illustration : Simon Astié

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-Le chouïngue naturel met la gomme
Sources de cet article

- La machine écolo antigomme

Gumbusters

- Le chouïngue non collant

Revolymer

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