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Demande à FredO

Par Frédéric Chomé
8-09-2010
Mots clés
Social
Climat
France

Pour sauver le climat, faites la grève !

Pour sauver le climat, faites la grève !
(Crédit photo : alter1fo/Flickr)
Qui dit grève dit embouteillages et pollution, et donc climat qui tousse. Mais qui dit grève dit aussi baisse de l'activité économique… Alors au final, une journée comme celle de ce mardi 7 septembre, c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle pour l'atmosphère ?

« L’utilisation de la voiture personnelle pour effectuer le trajet domicile-travail, au lieu d’utiliser les transports ferroviaires en Ile-de-France, va générer environ 45 fois plus d’équivalent CO2 dans l’atmosphère qu’un jour normal. » C’est ainsi qu’un cabinet d’étude français avait évalué l’impact de la grève du 29 janvier dernier en termes d’émissions de CO2, en se basant sur les facteurs d’émissions de la méthode Bilan Carbone® de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Selon cette étude, 14 600 tonnes d’équivalent CO2 supplémentaires auraient été rejetées à cause d’une seule journée de grève en Ile-de-France. Le moins que je puisse dire, c’est que ce chiffre me laisse sceptique.

Une grève, ce sont des gens qui ne vont pas bosser et d’autres qui se démerdent pour arriver coûte que coûte au boulot. Ce sont donc des gaz à effet de serre (GES) en moins mais aussi des GES en plus.

Côté transports, on peut imaginer que la part des véhicules motorisés individuels en circulation est plus grande que d’habitude, ce qui augmente les émissions de GES. Cela dit, certains transports publics sont en grève : ce sont donc des véhicules qui ne roulent pas, ce qui aura tendance à réduire ces mêmes GES. Idem pour le transport aérien. Rien qu’au départ de la Belgique, plus de 150 vols ont été annulés ce mardi 7 septembre. A raison de 60 tonnes de CO2 par vol en moyenne, cela fait quand même 9 000 tonnes de CO2 évitées sur la journée. Les perturbations de l’espace aérien hexagonal entrainent une baisse d’émissions de GES très substantielle.

Mais l’essentiel n’est pas là. Le plus gros impact en termes de CO2 ne se mesure pas dans le secteur des transports, mais sur l’activité économique au sens large. Combien de points de PIB perd-on un jour de grève ? Combien d’activités économiques ont (réellement) été perturbées ce mardi ?

Sans avoir toutes ces réponses, on peut approcher un résultat. En partant du cadastre des émissions de GES de la France et du PIB national, j’obtiens les données suivantes :

Emissions de GES en 2008 : 527 millions de tonnes d’équivalent CO2

PIB 2008 : 1 792 milliards d’euros

Soit 1,44 million de tonnes d’équivalent CO2 par jour en France en moyenne (on divise 527 millions par 365).

Supposons maintenant que le PIB de la France s’obtient sur 300 jours environ (en enlevant 52 dimanches et dix jours fériés, où l’activité économique est très réduite). On obtient une fourchette de 1,5 à 1,7 million de tonnes d’équivalent CO2 par jour.

Vous suivez toujours ? Attention, ça se complique. Imaginons maintenant que la grève perturbe au sens large le PIB à concurrence de 10% par rapport à une journée classique de semaine. Dans ce cas de figure, on peut estimer la baisse des émissions de GES à 150 000 tonnes d’équivalent CO2 environ ! Néanmoins, une partie de l’activité économique réduite par l’effet de la grève risque d’être récupérée et étalée sur les jours à venir. Ce ne sont là que quelques estimations qui montrent bien qu’il est impossible de statuer avec certitude sur l’impact carbone d’une grève.

En revanche, on peut conclure que ce mardi, les tendances étaient les suivantes :
- forte réduction des GES en raison de la fermeture de l’espace aérien français, central pour les destinations européennes dans l’axe Nord-Sud
- forte réduction des GES en raison du ralentissement de la production des industries et plus généralement de l’activité économique en berne
- augmentation marginale des GES en raison d’un recours à la voiture pour les déplacements individuels plus importants que la normale
- baisse probable des émissions dues aux transports de marchandises sur le territoire
- en cas de grève prolongée avec fermetures de centres de distribution, risques importants de générer des déchets additionnels liés aux dates de péremption dépassées

Au final, en prenant en compte tous ces paramètres, je dirais tout même qu’une journée de grève se solde par une légère diminution des GES (quelques milliers de tonnes équivalent CO2, soit les émissions annuelles de quelques centaines de citoyens français). Les grévistes peuvent donc avoir leur conscience (écologique) tranquille. A priori, ils n’ont pas aggravé le réchauffement climatique en s’arrêtant de travailler pour protester contre la réforme des retraites. Pour ce qui est du climat social, c’est une autre histoire.

Mots-clés : Social | Climat
COMMENTAIRES ( 4 )
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  • Récemment, le gouvernement a annoncé que chaque jour de grève coûte à l’économie française entre 200 et 400 millions d’euros.

    Ca fait entre 60 et 120 mille tonnes de CO2e Non émis par jour selon mes calculs d’intensité Carbone de l’économie Française.
    Remarquez la proximité du calcul avec mon estimation à la grosse louche !

    Le gouvernement confirme donc que la grève est un fameux puits de carbone ;-)

    bien entendu on ne tient pas compte dela situation post-grève où l’on risque d’avoir une sorte de récupération économique pour une partie des coûts mentionnés (voir article)

    27.10 à 23h54 - Répondre - Alerter
  • Dans ce calcul, il n’est pas considéré non plus que certaines personnes préfèrent poser un jour de congés pour s’occuper de leurs enfants (qui n’ont pas école) ou de ceux qui télétravaillent.
    Sans compter ceux qui du coup découvrent le covoiturage que j’ai bien connu en 1995... Cela réduit aussi le bilan CO2...

    Sans compter que si tous les enfants sont chez eux, ils consommeront plus d’électricité (TV, chauffage, console, ordinateur...) individuellement que dans une classe... même si le mix énergétique en France pèse moins qu’en Pologne...

    Bref, ce genre de comparatif, initié par le cabinet est très contestable et leur crédibilité d’avancer ces chiffres peut largement être remise en cause !

    17.09 à 15h51 - Répondre - Alerter
  • Plaisantons un peu, je le fais d’autant plus que je ne crois pas sérieusement que le CO2 ait une grosse influence sur le climat.
    S’il en a toutefois une il faut que ceux qui se mettent en grève, le fassent en permanence.
    Ceux qui se mettent en grève sont en effet ceux qui émettent du CO2 et ne participent absolument pas à son recyclage.
    Les agriculteurs ne se mettent jamais en grève, ils manifestent certes mais c’est différent, ils émettent sans doute du CO2, mais la production de biomasse à laquelle ils se consacrent en recycle infiniment plus qu’ils n’en émettent, ils sauvent donc relativement le climat.

    Ceux qui se mettent en grève hormis les personnels d’éducation et de santé, ont-ils en outre conscience que ce n’est pas bien grave, compte tenu que contrairement aux agriculteurs dont l’activité relève de l’économie réelle, leur activité relève pour une majorité d’entre eux de l’économie virtuelle ? on a donc doublement avantage à ce qu’ils soient en greve en permanence !

    11.09 à 17h06 - Répondre - Alerter
  • Le raisonnement est fait comme si toutes les activités économiques avaient le même impact sur l’environnement en termes de CO2 ; or tt dépend des branches d’activités les plus touchées par les grèves ; s’il s’agit des activités de services publics comme l’éducation, les transports publics qui sont souvent les plus concernées par la grève, l’impact en terme de Co2 est plutôt à la hausse car les élèves sont amenés à se déplacer par transport individuel et non plus collectif qu’ils aient ou non des profs grévistes ; si les grèves sont modérées dans l’industrie privée comme c’est aussi souvent le cas alors la aussi hausse des émissions de CO2.
    Conclusion : les motifs de grève doivent être suffisamment impératifs pour que l’on ne s’inquiète pas plus que ça des effet sur l’environnement ;

    9.09 à 09h22 - Répondre - Alerter
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