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Vise le green

Par Benjamin Cliquet
19-07-2013

Le Chili apprend à recycler

Le Chili apprend à recycler
(Santiago en été, une ville particulièrement polluée)
Buenos días ! [Eh oui, 5 mois dans un pays hispanophone ça marque, je suis carrément capable de dire bonjour en espagnol maintenant. Les progrès sont impressionnants !] C’est reparti pour une très courte pige sur ce blog. Deux ans après avoir conclu mon périple en Finlande, Canada, Roumanie et Danemark, je reviens ces jours-ci d’un semestre universitaire à Santiago, au Chili (études d’économie, dont un cours d’économie environnementale) avec dans mes bagages deux interviews de professeurs d’université pour aborder quelques problématiques environnementales chiliennes. On verra deux thèmes liés et qui m’ont paru particulièrement intéressants : l’énergie et l’exploitation du cuivre, première industrie du pays (le Chili est le plus gros producteur de cuivre au monde). Mais d’abord, petite introduction sur le niveau de « conscientisation » des Chiliens, en compagnie d’un jeune chilien passionné et (un peu) engagé, Rodrigo Lopez Insinilla, professeur à la Faculté de Sciences Physiques et Mathématiques à la Universidad de Chile.

Rodrigo s’investit dans plusieurs projets et celui dont nous parlerons ici est yoreciclo.cl (« je recycle »), qui après avoir évolué est aujourd’hui une « plateforme de rencontre des besoins », comme il le définit lui-même. Tout est parti d’un groupe de professeurs de la faculté d’Agronomie (2006) qui avaient l’idée de diffuser de l’information sur le recyclage à Santiago, à une époque où les gens ne se demandaient même pas ce qu’était le recyclage. Ils ont ainsi créé une page web « statique » qui s’est transformé trois ans après en un blog de diffusion d’information, plus qu’un blog d’opinion. Depuis, ils « concentrent l’information », ils tissent le réseau social du recyclage, avec une notoriété toujours croissante.

Ce « facebook du recyclage » (comme j’ai eu l’originale idée de l’appeler), les Santiaguinos peuvent l’utiliser en posant leurs questions sur les façons de recycler tel ou tel produit. Rodrigo et ses collègues, connaissant « le réseau » mettent en relation les personnes entre elles pour répondre aux besoins de chacun. On peut par exemple apprendre comment se servir de ses journaux usagés ou comment utiliser des matériaux recyclés pour le théâtre. Yoreciclo organise également des ateliers pratiques, par exemple pour apprendre à réutiliser des sacs plastiques et faire des bijoux avec des bouteilles en plastique (pour la fête des mères par exemple, ça change des colliers de nouilles…).

Mais Yoreciclo permet aussi de mesurer l’évolution dans les mentalités des Santiaguinos quant au recyclage. Selon Rodrigo, ils n’ont pas encore la culture du recyclage et du tri. Il essaie d’enseigner cette culture avec les 3 « R » : réduire, réutiliser puis recycler. « Il y a tant de chemin à faire avant de recycler, et cela les gens ne le comprennent pas bien. »

Rodrigo explique que l’on est confronté à la décision de recycler ou non environ 20 fois par jour mais on n’est conscience que du quart, soit seulement des occasions les plus évidentes. De même, il affirme qu’un Santiaguino produit en moyenne 1,3kg de déchets quotidiens. 70% pourraient être recyclés mais seulement 7% le sont. « Je suis convaincu que si on éduquait les gens à trier, on pourrait atteindre ces 70% ». Selon lui, ni le Chili ni Santiago ne sont prêts à complètement comprendre la nécessité de réduire la quantité de déchets produits. Or, c’est très compliqué de lancer un mouvement quand l’initiative ne vient pas de la communauté. “L’autorité a tenté plusieurs fois d’inciter les habitants à trier ses déchets mais cela ne fonctionne pas parce que la communauté ne réagit pas. Il faut de nouveaux dispositifs légaux qui t’obligent à trier. Et cette obligation devrait générer les connaissances”.

Et techniquement, la ville est-elle capable de recycler 70% de ses déchets ? Le problème vient pour l’instant du coût financier et social du transport des déchets : ce transport n’est ni rentable pour une entreprise privée ni pour la communauté car les gains obtenus du recyclage seront plus que compensés par la pollution du transport. Pourtant, Rodrigo estime que le recyclage, bien que non rentable à cause du transport, est souhaitable pour éduquer la population. “Nous sommes en train d’apprendre et trier, bien que ça ne plaise pas à la plupart des gens, à notre niveau, ça a une grande valeur.” Résultat, seules les communes les plus riches de l’agglomération ont les moyens de recycler, le recyclage n’étant pas encore une obligation légale. La nécessité de donner conscience aux habitants de l’importance de recycler, trier et réduire est donc majeure.

Le mois dernier, Rodrigo avait été agréablement surpris de la résonance d’un appel au pubic réalisé par son association pour proposer aux volontaires de participer à divers projets (développement de la recherche sur l’état de l’art des lois et normes, ateliers de recyclage...). 30 personnes ont ainsi accepté de s’engager auprès de l’association. Si vous pensez que c’est peu, Rodrigo vous répondra que les personnes qui décident de véritablement s’engager ne représentent qu’environ 2% du public qui suit et s’informe des activités réalisées par une organisation.

Cela reste néanmoins un petit mouvement et je dois avouer qu’il n’est pas facile d’évaluer l’ampleur du mouvement à l’échelle de la ville. En vivant 5 mois au Chili dont plus de 4 à Santiago, mon impression a été que les infrastructures sont souvent présents dans les lieux publics comme les grands centres commerciaux ou ma faculté, mais le tri est quasiment inexistant au niveau des ménages. Certaines bouteilles en verre sont consignées, mais le verre ne se recycle pas, la plupart du temps.

La Faculté d’économie, de nombreux points de tri sont disponibles

Mais revenons à Yoreciclo et son futur. D’ici 3 à 4 mois, une ONG complémentaire sera formée pour développer une activité de “pression” sur le thème du recyclage, influencer certains acteurs... “Il y a une grande volonté de sortir dans la rue et dénoncer” affirme Rodrigo, (dénoncer la “surproduction”, notamment). Cette ONG voudrait être un peu un Greenpeace spécialisé dans le recyclage.

L’histoire de ce mouvement, d’une page web à une ONG, “c’est un peu comme le Chili” conclut Rodrigo : “tout le monde est bien actif” et se mobilise. Espérons que Yoreciclo accompagne ce mouvement d’éducation encore longtemps !

À bientôt, Visez l’green, Ben

COMMENTAIRES ( 4 )
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  • Bonjour, nous étudions en cours d’espagnol des thèmes environnemental en Amérique Latine et dans notre binôme nous avons choisi le recyclage au Chili, plusieurs questions me viennent alors en ayant vu votre article cependant bien complet m’ayant aidé grâce à certains chiffres employés !

    Ou les déchets, si ils ne sont pas recyclés vont et sont ils donc à l’abandon ? Pourquoi le recyclage est en second plan ?

    Merci d’avance !
    Cordialement

    Salomé Omnes 1ere ES

    9.12 à 12h13 - Répondre - Alerter
  • estoy muy attento a su trabajo de reciclaje
    en ALBI nel sur de Francia una sociedas ha concibido una machina patentada nacionalmente y al nivel internacional
    permite de recepcionar envases y embalajes domesticos : to tipo de botella y de todo tipo de vidrio,lata de hierro de aluminio y acero, botella de plastico tetra paquets.
    es un sistema fundado sobre una recuperacion reconocido por informatica
    la gente que lleva los envases no solamente permite de recuperar y de no tirar para fuera los invases Participan a una economia durable y al respecto del medioambiente

    machina de clasificacion automatica reciclables completa presentada en dos modelos
    A parte de eso este tipo de machina permite la creacion de 3 o 4 empleos , valoriza la aportacion de los depositos Como ?

    Cada uno inscribe el la machina un numero de su cuenta bancaria cada vez que pone algo ,la machina lo pesa ,lo reconosce y indica el precio al valor de la contribucion y eso en funcion del curso legal de la materia prima . En francia por ejemplo al llegar a 15 Euros automaticamente esta suma esta mandada a su banco
    Esta machina permite
    * Inscribirse en una politica general de contribuciones voluntarias y la preservaciondel medio ambiente
    *Aumento de embalaje deposito captados
    *Reduzca el tiempo y la tecnologia de los costos colectivos de recogida y clasificacion
    * La valoracion de la aportacion finaciera y el procesamiento de los materiales recuperados
    *Servir como haramiento de enseñanza para el medio ambiente y la gestion de residuos
    * Asegurarse de clasificacion de calidad Superior a las necesidades actuales de los consumidores , industriales , el consumos de las industrias de materiales reciclados (papel, acero, vidrio, plastico)
    Implantar una inversion verde garantizado economicamente por la reventa de materiales

    Puedo informarle por Correo con un opusculo

    Muy atentamente

    30.12 à 15h40 - Répondre - Alerter
  • Au Chili je crois que le recyclage des appareils électroniques est assez limité, mais il existe peut-être une filière particulière. Vous pouvez éventuellement demander à Rodrigo à l’adresse suivante (en anglais ou en espagnol) : rlopezi@fen.uchile.cl

    Ben

    29.10 à 16h40 - Répondre - Alerter
  • Bonjour, je suis français et je m’occupe du recyclage des appareils électroniques comme les ordinateurs et les téléphones portables.

    J’aimerai savoir si les déchetteries récupèrent un nombre conséquent de ces appareils ?

    Merci d’avance !

    29.10 à 15h54 - Répondre - Alerter
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