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23-01-2015
Mots clés
Matières Premières
France
Reportage

La possibilité d’une mine... dans le Maine-et-Loire

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La possibilité d'une mine... dans le Maine-et-Loire
(Légende : Jérôme Gouin à Montrevault, dans le Maine-et-Loire. Crédit photo : Mathilde Goanec)
 
Titulaire d'un permis minier sur une trentaine de communes entre Nantes et Angers, la société Variscan mène des recherches depuis l'été 2014. Une exploration qu’habitants et élus voient plutôt d'un bon œil… pour l'instant.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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L’exploration du potentiel d’une mine est loin d’être spectaculaire. Ça se résume même à un homme et un camion, en ce jour d’automne un peu gris. Jérôme Gouin, ingénieur pour la société Variscan, mène les recherches pour le permis exclusif de recherches (PER) minier dit de « Saint-Pierre » depuis le mois de juillet 2014 dans le Maine-et-Loire. Dans les 33 communes concernées, aidé par des contractuels ou des stagiaires, il étudie les archives géologiques départementales, observe les filons de quartz, sonde le sol pour en connaître la composition chimique exacte… Le carottage devrait commencer tout prochainement, ainsi que les calculs aéroportés, pour estimer ce qui se trouve peut-être loin, très loin, à près d’un kilomètre sous nos pieds.

Si la société Variscan a choisi cette zone autour des villages de Saint-Pierre-Montlimart et Montrevault, ce n’est pas par hasard. Il y a déjà eu une mine d’or ici, de 1904 à 1952. La concession de la Bellière a livré à l’époque dix tonnes d’or et deux d’argent. Puis la mine a fermé, la faute à la raréfaction de la ressource et à des cours trop bas par rapport au coût de l’extraction. « La zone a été exploitée à l’époque sur 1,5 kilomètre et assez peu profondément. Nous, on veut voir si ça continue. Et si oui, s’agit-il d’un filon ou d’un ensemble de filons ? » Jérôme Gouin est prudent. Il sait que, dans un projet minier, un mot de trop peut provoquer l’emballement ou la peur.

Alors l’ingénieur explique, patient, comment les employés de Variscan font des petits trous dans les prairies alentour, à 20 cm, puis à 1 m 20 de profondeur. Que tout le monde prend bien soin de remettre la terre en place, « pour éviter que les vaches ne tombent », et qu’une partie des données issues de ces prélèvements est mise à disposition du public. « Il me semble que cette société fait le maximum pour tenir informés les élus, les agriculteurs et les citoyens en général, remarque Joseph Marsault, maire de Montrevault. Peut-être parce qu’ailleurs ils se sont brûlés les doigts. »

Le précédent sarthois

Le premier permis obtenu par la société Variscan, en juin 2013, concernait une quinzaine de communes sur près de 200 km autour de Rouez, dans la Sarthe. Mais là-bas, rien ne s’est passé comme prévu : une partie des habitants s’est constituée en association et a réclamé que les déchets de l’ancienne mine de cuivre locale, fermée à la fin des années 1980, soient d’abord débarrassés. Or, c’est Total qui est le détenteur de la concession où sont stockés les déchets. De cet imbroglio, les adhérents de l’association Rouez Environnement ont fait un argument pour bloquer la route aux prélèvements menés par Variscan dans la zone.

Depuis, Patrick Lebret, l’un des géologues de Variscan, ne décolère pas : « Localement, l’objectif est de refuser en bloc. Et donc tous les procès d’intention sont bons. C’est la même réaction que lorsque l’on veut implanter un HLM à Neuilly… Ce sont des gens nantis qui refusent d’être dérangés, voilà tout ! » Maurice Gorges, président de Rouez Environnement, est certes retraité, mais réplique qu’il a fait sa carrière dans le secteur privé et qu’il est tout sauf « un écolo jusqu’au-boutiste ! ». « Mais à chaque fois qu’on tire une ficelle, on trouve un os ! Sur le nombre d’emplois promis, sur la cartographie, le périmètre du permis, le montage de Variscan… Ils nous ont pris pour des petits et ils ont été surpris ! » Les opérations à Rouez sont, depuis cette passe d’armes, plus ou moins suspendues.

Le Maine-et-Loire plutôt partant… pour l’instant

Afin d’éviter pareil fiasco dans le Maine-et-Loire, Variscan a pris les devants et s’est adjoint les conseils du Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) Loire-Anjou. Payé 3 000 euros pour aider à « animer le débat en local », le centre a organisé plusieurs rencontres sur le déroulement du PER. « On ne s’est pas sentis piégés, assure Olivier Gabory, le directeur de la structure associative qui a déjà mené pareille opération avant l’implantation d’éoliennes sur le territoire. Ce qui m’afflige le plus, c’est le manque de débat et les invectives gratuites. »

Raphaël Réthoré a participé à toutes ces réunions publiques et lit avec attention les rapports d’étape publiés par le CPIE. Enseignant en sciences naturelles à la retraite, l’homme est un passionné de minéralogie, bon spécialiste de la composition du sol local. « Je suis pour qu’ils explorent, car j’ai bien envie de savoir ce qu’ils vont trouver. Et puis, en réunion, ils arrivent à répondre, même face à un écolo pur et dur qui les a pas mal tarabiscotés…. » Rassuré donc ? « Pas vraiment. » Raphaël Réthoré, malgré sa cave remplie de minéraux multicolores, ne croit pas à la suite, c’est-à-dire à un véritable développement économique avec son chapelet d’emplois, idée vendue par Variscan. Il se méfie aussi des discours sur la « faible emprise » environnementale de l’hypothétique future mine. « Autour du ruisseau de la Bellière, pendant longtemps, il n’y a eu ni végétation ni vie animale. Et les ramasseurs de champignons, ils préfèrent ne pas aller dans ce coin-là… Moi, une mine propre, j’y crois pas. Ils disent que tout se passera en sous-terrain, mais alors, comment contrôler ? J’ai aussi des doutes sur l’extraction de l’or avec d’autres méthodes que le cyanure. Mais les gens, tant qu’on ne fait pas de trous chez eux, ils ne s’y intéressent pas. »

Pourtant l’accueil est plutôt favorable. « Ici, les gens n’ont pas une mauvaise image de l’exploitation minière », confirme Jérôme Gouin. Dans ce coin des Mauges, archipel de villages entre la Loire et la campagne choletaise, la mine d’or a dans le passé permis l’installation de tout un tissu industriel, qui assure encore aujourd’hui près de 3 000 emplois. « Pour les gens d’ici, un paysage est beau s’il est productif, constate Olivier Gabory. On est des besogneux. » La mine, ceci dit, n’est pas pour demain. Et les discours de Variscan sur les conditions de l’exploitation sont tout aussi hypothétiques, compte tenu du fonctionnement de l’industrie minière et de la division du travail entre entreprises « juniors » et « majors ». « L’exploitation, on l’envisage pour informer les gens, confirme Jérôme Gouin. Mais pour le moment, on n’en a pas la compétence. Et ce n’est pas notre responsabilité. »

A lire aussi sur Terraeco.net :
- « En France, la mine refait surface »
- « Y aura-t-il bientôt une mine près de chez vous ? »
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  • « L’exploitation, on l’envisage pour informer les gens, confirme Jérôme Gouin. Mais pour le moment, on n’en a pas la compétence. Et ce n’est pas notre responsabilité. »

    Tout est dit….

    et nous irions leur confier la terre où et dont nous vivons ?????
    personnellement je me sens responsable de la terre, de l’eau, de l’air vis à vis de nos enfants,

    ps : Je vis en Creuse où c’est COMINOR une autre junior comme VARISCAN qui s’intéresse à prospecter notre terre (http://minesencreuse.fr)

    2.02 à 12h49 - Répondre - Alerter
    • re,
      j’oubliais, je suis choqué par la photo quasi bucolique choisie pour illustrer VARISCAN…..l’exploitation minière, et c’est de cela qu’il s’agit in fine est une réalité terriblement différente

      2.02 à 12h52 - Répondre - Alerter
    • Par contre, si les métaux qui servent à construire vos appareils numériques, qui vous servent à écrire ce "message", ne viennent pas de chez vous, alors plus de problèmes. Le sol, l’eau, l’air en Afrique, Asie ou Amérique ne sont bien sur pas aussi important que les "vôtres"... ? Réfléchissez un peu avant d’écrire des âneries.

      10.02 à 20h03 - Répondre - Alerter
      • C’est vous qui dites des " âneries " monsieur.
        Aujourd’hui ces prospections servent d’abord le monde spéculatif, la fabrication de nos ordinateurs n’est pas la priorité. Devons nous continuer a extraire tout ce qui se trouve dans nos sous sol coûte que coûte ? Ces métaux ne sont pas renouvelables, alors que ce soit en Chine ou en Bretagne, on fait quoi après ? Si on continue à cette vitesse, certains estiment les réserves mondiales de zinc encore dans le sous sol, à seulement 17 ans, il est peut-être temps de commencer à envisager les choses différemment, et de mettre sur la table le concept d’économie circulaire ?

        13.03 à 11h54 - Répondre - Alerter
      • Vous avez tout à fait raison, vous auriez pu ajouter les métaux qui servent à construire les éoliennes, les panneaux solaires, les câbles électriques qui permettent à tout le monde ou presque en France d’avoir de l’électricité, à construire les appareils dans les hôpitaux pour soigner les gens, le pétrole qui sert à faire nos routes, etc. etc. Le recyclage actuellement, même s’il est indispensable, n’est pas suffisant pour compenser la demande en métaux, on est donc d’une certaine façon obligé de produire un complément grâce aux mines. Pour que les choses s’arrangent, il faudrait que les gens changent leur mode de consommation, mais en sont-ils prêts ? Car les méthodes d’exploitation, elles, changent et sont plus respectueuses de l’environnement que dans le passé où l’environnement n’était pas à l’ordre du jour. Maintenant on n’exploite plus une mine comme au 18ème ou au 19ème siècle, il faut arrêter de croire toutes ces balivernes. Et les chiffres concernant les réserves de zinc ou autres substances, varient constamment en fonction de l’économie, des découvertes, etc. Il ne faut pas prendre un chiffre au pied de la lettre sans le comprendre et savoir comment il est calculé, c’est très facile de leur faire dire n’importe quoi de cette manière :-)

        7.08 à 13h17 - Répondre - Alerter
    • Bonjour Monsieur, Je dirais plutôt que tout est écrit... Vous savez très bien que les journalistes retranscrivent ce qu’ils comprennent, et pour les moins scrupuleux ce qu’ils voudraient qu’on dise et qui les arrange. Si j’ai dit "Et ce n’est pas notre notre responsabilité", ce qui est sûrement vrai je ne me souviens pas depuis le temps, ce morceau de phrase est sorti de son contexte car il y avait une autre question en complément de celle posée sur l’exploitation. Je confirme qu’on n’a pas la compétence pour exploiter une éventuelle mine actuellement, mais s’il devait y avoir une exploitation à la suite de nos recherches nous essayerons de rester dans la boucle. Je me sens tout aussi responsable de l’environnement que vous, quand nous faisons nos prospections nous ramassons d’ailleurs tous les détritus (sacs plastiques, bouteilles en verre, canettes métalliques, piles, etc.) jetés par les nombreux amoureux de la Nature et que nous trouvons sur les bords de route, les parkings, dans les chemins, dans les rivières, etc. où nous passons ; nous participons à l’inventaire des espèces animales et végétales sur les terrains où nous faisons nos recherches, et nous donnons les données recueillies au CPIE (Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement) Loire-Anjou ; tous les travaux que nous réalisons sont soumis à études d’impact environnemental et de danger, vérifiées et approuvées ou soumises à corrections par la DREAL, avant autorisation délivrée par la Préfecture concernée si les documents sont conformes au code minier et au code de l’environnement ; nous exposons chaque année nos travaux aux personnes qui gèrent le SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) et le SMIB (Syndicat MIxte des Bassins) Evre/Thau/Saint-Denis ; nous réalisons des notes d’informations régulièrement (tous les 6 mois) qui sont diffusées dans les bulletins de communautés de communes pour informer les gens de l’avancée de nos travaux, des réunions d’informations publiques, des réunions d’informations avant les travaux pour les riverains concernés, etc., etc.

      7.08 à 13h05 - Répondre - Alerter
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