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Vers la COP21 et autres histoires

Par Pierre Lefevre
5-12-2015

L’Inde : le charbon de la discorde à la COP21

Odile Meuvret et Pierre Lefèvre

Retrouvez moi également sur www.lefevre.intenational

« Le premier ministre indien, Narendra Modi, pourrait décider de la trace que laissera Obama dans l’histoire » en matière climatique, titrait pompeusement le New York Times le 30 novembre au moment où s’ouvrait la COP21 au Bourget près de Paris. De lui dépendra peut-être l’issue de la conférence de l’ONU qui doit déboucher le 11 décembre sur un nouvel accord international de réduction des gaz à effet de serre (GES).

2ème pays le plus peuplé du monde (1,2 milliard d’habitants), l’Inde est le 3ème émetteur mondial de CO2 lié à la production et à la consommation d’énergie. Mais 300 millions d’Indiens sont encore sans accès à l’électricité. Ses émissions par tête de CO2 énergétique restent modestes au regard de celles des deux premiers émetteurs : 1,6 tonne en 2012 contre 6 tonnes pour la Chine et 16 tonnes pour les Etats-Unis.

Reste que le charbon représente presque la moitié du mix énergétique indien. Or c’est le combustible fossile qui émet le plus de CO2 par quantité de chaleur ou d’électricité produite. M. Modi a confirmé qu’il n’entendait pas renoncer à la principale ressource énergétique nationale. « Nous avons encore besoin d’énergie conventionnelle et il n’est pas question qu’on nous impose des limites à son utilisation », a-t-il martelé le 30 décembre à la plénière d’ouverture. C’est que l’Inde est non seulement un gros producteur mondial de charbon, le plaçant au 3eme rang mondial, mais c’est aussi le pays qui possèdes les plus importantes réserves. Selon, l’Agence américaine de l’énergie (EIA), elles représentent en volume le 3eme potentiel mondial derrière la Chine et les Etats-Unis. « L’Inde n’a pas d’autre choix que le charbon pour sa production d’électricité en base (production hors heures de pointe) car elle n’a pas accès à d’autres énergies si ce n’est l’hydroélectricité qui se révèle intermittente », a d’ailleurs confirmé l’écologiste indien K. Srinivas (Climate Action Network) le 1er décembre au Bourget devant la presse.

La contribution nationale (INDC en abréviation anglaise) indienne, publiée le 1er octobre prévoit pourtant une diminution de « intensité carbone » de l’économie, c’est-à-dire la quantité de CO2 émis pour produire de la richesse, par unité de production intérieure brute pour être précis. Elle devait se situer dans une fourchette allant de 33 à 35 % à l’horizon 2030 par rapport au niveau de 2005. Pour cela, l’Inde compte à la même échéance porter la part combinée des renouvelables et du nucléaire à 40% de la capacité installée de production d’électricité si l’aide financière et technologique des pays riches est au rendez-vous. Enfin, le pays a de grandes ambition dans le solaire souhaitant passer de 4 gigawatts installés actuellement à 100 GW dès 2022. Un bond considérable ! Les renouvelables , dans leur ensemble, devrait croître dans le même temps de 36 à 175 GW.

Juste avant de rappeler en séance plénière les positions traditionnelles de l’Inde dans les négociations climatiques, M. Modi a lancé solennellement avec le président François Hollande, dans un événement organisé en marge de la conférence, une plate-forme de coopération technologique sur le solaire. Selon un communiqué indien, cette Alliance solaire internationale (InSPA) ambitionne de réunir des pays industrialisés disposant de technologies et de financements et « 121 » pays du Sud à fort potentiel solaire « du tropique du Cancer jusqu’au tropique du Capricorne ».

Il y a une certaine contradiction dans la position indienne, a noté le lendemain le chef de l’Etat. « D’un côté M. Modi a été très présent hier avec l’énergie solaire dont il veut être leader, il a été également très impliqué dans une initiative (publique-privée de recherche sur les énergies propres) » lancée (le même jour) par Bill Gates. Mais de l’autre l’Inde « ne veut pas mettre en cause » les énergies fossiles, a observé M. Hollande en réponse à une question d’un journaliste.

Une décarbonisation de l’économie indienne à l’horizon 2050 est en fait encore possible et passe prioritairement par le secteur de la production d’électricité, note un rapport signé de deux centres de recherches internationaux, l’IDDRI (fondé par l’actuel ambassadeur climat français, Laurence Tubiana) et le SDSN (dirigé par l’économiste américain Jeffrey Sachs). Selon les deux scénarios étudiés, les investissements cumulés entre 2015 et 2050 se chiffreraient pour ce seul secteur entre 1.800 et 2.200 milliards de dollars, selon une version actualisée du document mise en ligne le 3 décembre.

L’Inde n’est hélas pas le seul pays a misé ainsi sur le charbon. Les risques d’une flambée des émissions mondiales liées au charbon ont été mis en évidence dans une étude présentée le 1er décembre, en marge de la COP, par l’ONG Climate Action Tracker. « Si toutes les centrales au charbon annoncées, en cours d’instruction ou en construction dans le monde sont mises en service, les émissions dépasseront en 2030 de 400% le niveau compatible avec une augmentation de 2 degrés C » de la température moyenne mondiale en 2100, avertit le rapport de l’organisation

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