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23-02-2012
Mots clés
Société
Biodiversité
France

Et la graine est dans le sac !

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Et la graine est dans le sac !
(Crédit photo : stéphane audras - réa)
 
On en vend 75 millions chaque année en France, pour le bonheur des jardiniers amateurs. Mais les pochettes sont pleines de surprises et les semenciers artisanaux tentent de mettre leur grain de sel dans le business du géant du secteur…
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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En mars, sème ta carotte ! Au rayon jardinerie, la « Nantaise améliorée » tire la bourre à la « Longue lisse de Meaux ». Sur le papier glacé de leurs sachets, les légumes vantent les mérites de leurs graines. Quelque 75 millions de pochettes sont vendues chaque année pour les 7 millions de jardins potagers amateurs en France. Dans l’Hexagone, ce sont plus de 19 000 hectares, cultivés par plus de 2 000 agriculteurs, qui sont consacrés à produire les semences potagères. Mais tous les légumes n’y figurent pas. « Vous n’avez presque aucune chance d’acheter une graine de tomate produite en France, elle viendra plus probablement du Mexique ou de Chine !, souligne Philippe Silhol, chef du service économie et statistiques du GNIS, le Groupement national interprofessionnel des semences et plants. Nous, on est plutôt carottes, oignons, épinards, radis. »

Les amateurs se rebiffent

Nos graines de carottes sont sorties d’une délicate ombelle. Il a fallu attendre plus d’un an pour les récolter. Une grande partie d’entre elles finiront sous les serres des maraîchers professionnels. Sur les 240 millions d’euros de vente de semences potagères fines en France, le secteur des amateurs ne représente qu’un tiers. « Mais, après une très longue période de désaffection, les graines pour les amateurs reprennent du poil de la bête ! », analyse Philippe Silhol. Les alertes alimentaires, la vague verte et la crise ont redoré l’image des plates-bandes de papy. Les producteurs ne s’y sont pas trompés. « Dans les six dernières années, notre chiffre d’affaires sur les semences pour amateurs a augmenté de 20 % à 30 % », explique Tony Bonnin, responsable marketing marché amateur chez Clause.

Cette entreprise fait partie de la galaxie Limagrain, un groupe coopératif agricole français, premier semencier européen et quatrième mondial. Sa filiale Oxadis vend les graines pour jardiniers sous quatre marques : Clause, Vita, Vilmorin et Tézier, qui représentent à elles seules la moitié du marché. « La graine est un produit à très haute valeur ajoutée », précise Jean-Daniel Arnaud, spécialiste des semences potagères au GNIS. A 35 centimes la graine de tomate, le kilo pèse 87 500 euros, sept fois plus que l’or ! A ce prix, on se décarcasse. « Nous avons comme objectif de faire en sorte que les novices puissent réussir leur jardin », explique Tony Bonnin. Car si papy ne se privait pas sur les pesticides, son petit-fils, lui, refuse la chimie, n’a pas forcément la main verte, veut du goût et n’a pas beaucoup de temps. Clause a mis en selle, en dix ans, un haricot vert qui peut se récolter une fois par semaine, alors que son ancêtre devait se cueillir tous les deux jours pour qu’il soit mangeable. Pour réussir ce genre de prouesse, Limagrain a investi, en 2010, 157 millions d’euros dans la recherche et explique que celle-ci représente une part importante du prix du sachet. Laquelle ? Secret défense.

Un catalogue polémique

Le garde-fou des royalties s’appelle le Catalogue des variétés. Toute graine commercialisée doit y être inscrite. Les alters de la graine, notamment l’entreprise Kokopelli, le conspuent et crient à l’appauvrissement de la biodiversité potagère. Pourtant, plus de 80 variétés de carottes figurent au catalogue. « C’est beaucoup plus qu’autrefois !, note Emmanuel Geoffriau, responsable de l’unité filière légumière et semencière d’Agrocampus Ouest. Ce qui a changé, c’est la nature des variétés. » En 1952, 52 variétés de carottes appartenaient au domaine public ; il y a en a trois fois moins aujourd’hui. Dans ses frigos, le professeur Geoffriau conserve les échantillons de 400 variétés de carottes, autrefois cultivées ou sauvages. C’est notamment dans ce vivier d’espèces anciennes, dont les nouveaux fans du potager sont friands, que viennent piocher les grands semenciers, pour en créer de nouvelles. Tout comme la poignée de très petits semenciers dits « artisanaux », telle l’association des Croqueurs de carottes. Ceux-ci font fi du catalogue et travaillent exclusivement en bio – à peine 5 % de l’ensemble des graines vendues. A Graines del Païs, on propose 350 variétés de graines potagères, cultivées par 25 agriculteurs. Jean-Luc Braud, son fondateur, a longtemps travaillé pour les grands semenciers. « Je retrouvais mes graines vendues 100 à 500 fois plus cher que ce qu’elles m’avaient été payées », dénonce-t-il. Chez Graines del Païs, le tiers du prix du sachet revient à l’agriculteur. Last but not least, ces semenciers militants encouragent leurs clients à produire eux-mêmes leurs graines ! —
Sources de cet article

- Le site de Vilmorin

- Le site de Graines del Païs

Produire ses graines bio, de Christian Boué, (Terra vivante, 2012)

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